Ce voyage était terriblement attendu. La vie à Lewis étant devenue absolument insupportable ; s'en éloigner un peu en la douce compagnie d'Elias qui plus est promettait de lui faire un bien fou. Comment aurait-il pu en être autrement ? La saint Valentin semblait l'occasion rêvée ; et son petit ami lui avait fait cet extraordinaire cadeau ; comme pour pallier à ses fréquentes absences. Mais June aurait bien préféré qu'ils se voient souvent à Lewis ; qu'un unique week-end dans un chalet aussi magnifique soit-il. Néanmoins là ; elle ne risquait pas de se plaindre. Le voyage fut long et ennuyant ; elle songeait toutefois au bonheur qui serait leur une fois arrivée ; et le sourire prenait place sur son doux visage alors qu'elle regardait les jolis nuages qu'elle semblait côtoyer. Enfantine ; elle était tout bonnement enchantée par cette vision de rêve ; comme par le visage d'Elias prêt d'elle. Elle se sentait comme une princesse que le prince charmant vient enlever sur son beau cheval blanc. Sauf qu'ils ne chevauchaient pas ... Bref ; rien ni personne n'aurait pu venir altérer sa bonne humeur ; encore moins une tempête de neige qui ; finalement ; ne leur offrit qu'un passe-temps une fois arrivés aux alentours du chalet ; et encore une fois retombé dans l'enfance ; le couple s'offrit une petite bataille ; ne craignant ni mains gelées ni cailloux dans la glace.

Bien qu'elle n'ai vu que des photos de la région ; jamais ne serait-ce que posé des questions poussées par une curiosité malsaine à Elias ; elle n'avait aucune idée de ce à quoi ressemblerait le chalet. Et il s'avéra somptueux. Rien ne la déçue ; et tout fut un réel enchantement. Entre l'énorme jacuzzi dans la salle de bain ; la cuisine i-tech qui promettait d'être super agréable ; sans compter la splendide cheminée qui les avait accueilli comme tant de beautés hivernales ; dans laquelle ils avaient tôt fait de faire brûler du bois. Une formidable chaleur les avait alors accueillis ; scellant leur avis et fermant la porte derrière eux. Ils s'étaient alors créé un petit lit d'amour qu'ils avaient évidemment étrennés de suite. La nuit avait été longue mais merveilleuse ; et son amour pour Elias vrillait chaque jour un peu plus son cœur ; y affirmant la première place de cet homme. Elle avait certes fait des bêtises (non ; une en vérité) mais pour rien au monde elle ne voudrait le perdre ; c'était certain. Lorsqu'elle rouvrit les yeux ; Elias était à l'extérieur et fumait une cigarette. Elle hésita longuement à aller le chercher ; puis décida qu'il devait faire trop froid à l'extérieur vêtue comme elle l'était ; referma donc les yeux en attente de son amoureux qui ne devrait plus tarder à la réveiller ; aussi délicatement que d'habitude. Elias était un monstre de douceur.

Lorsqu'elle entendit la porte fenêtre se rouvrir ; elle ne put retenir un mince sourire qu'elle jugea trop discret pour qu'il le remarque. Puis le drap tiré ; lui qui se glissait à nouveau dessous ; amenant avec lui l'air frais de l'extérieur ; il posa doucement ses doigts gelés sur son corps à moitié nu ; ce qui ne put lui retenir un frisson. En quelques secondes ; dans des gestes indéterminés ; elle se retrouva sur lui ; sa petite chemise de nuit étrangement courte. Elle embrassa Elias avec douceur ; goutant ses lèvres fraiches goût nicotine sans une once de dégout ; uniquement heureuse de l'avoir pour elle toute seule pendant un week-end. Non pas qu'elle était jalouse ; et quand bien même ; elle n'aurait jamais trouvé de femme à haïr. Elias était un homme fidèle ; elle en avait une certitude absolue. Néanmoins elle éprouvait une haine inconsidérée à la recherche de travail de son ami ; qui lui prenait tout son temps libre ; en dépit du temps réservé pour June. Elle trouvait cela injuste et se sentait désespérément seule. Pour une fois donc qu'elle pouvait en profiter ; elle n'hésita pas une seule seconde.

Ses lèvres se baladèrent sur son visage entier ; mordillant très légèrement son cou avec une douceur incroyable. Elle se releva alors un petit peu ; offrant à un Elias sans doute aux anges une vision magnifique de son corps bien peu vêtu ; alors qu'elle redescendait vers sa bouche ; le caressant de ses longs cheveux blonds. Puis elle s'amena vers l'oreille d'Elias ; avant de lui lancer ; le plus sensuellement du monde tout en laissant sa main caresser son torse :

June - « Tu avais prévu quelque chose de spécial aujourd'hui ? Si oui ; je crains qu'on doive remettre ce petit réveil a un autre jour. J'ai peur de t'épuiser au delà du supportable ; et de gâcher ce voyage. »

Elle l'aimait. Il n'y avait aucun doute a ce sujet ; elle l'aimait. Comme si sa vie en dépendait. Alors pourquoi l'avoir trompé avec Maël ? Pourquoi avoir commis l'irréparable avec un homme qui n'importait que si peu à ses yeux ; et qui s'était révélé être le père d'Elias lui même ? Elle n'en savait rien. Elle n'avait aucune excuse ; aucune chance de pardon s'il venait à l'apprendre. Elle n'aurait rien su dire ; gardant le silence devant tant de culpabilité hautement avouée. Plusieurs fois elle avait voulu le lui dire ; rompant ainsi ce lourd mensonge qu'elle portait seule sur ses si frêles épaules. Mais elle savait que jamais elle ne pourrait le récupérer s'il l'apprenait. C'était normal ; d'ailleurs ! Malgré tout l'amour du monde ; comment pardonner un tel cauchemar ? Mais surtout ; surtout ; pourquoi June avait tant envie de revoir cet homme inconnu dont elle ne connaissait rien ? Hormis son prénom et son nom dévoilés ; elle ne savait de Maël que ce qu'on en rapportait. Et ce n'était pas une description si glorieuse ... Drogué ; récemment revenu après avoir abandonné femme et enfant ; nul n'avait conscience de la raison de son débarquement. Certains disaient que le village lui manquait ; June savait parfaitement qu'il n'en était rien. D'autres parlaient bien trop et prétextaient une fuite dangereuse ; un assassinat ; une voiture volée et brulée ; bref une histoire digne des plus grands romans policiers que la demoiselle savait tout aussi fausse. Elle n'avait jamais osé le demander à Maël ; et ne comptait pas le faire. Moins elle le voyait ; plus elle avait de chance de ne jamais re-céder à la tentation ; et elle pouvait ainsi assurer la survie de son couple. Cette même survie qui importait tant pour elle ; et qu'elle avait néanmoins mis impunément en péril.

Mais là ; durant ce week end en amoureux qui s'offrait à eux comme une chance de souder à nouveau ce couple à moitié délié ; elle ne comptait pas perdre une miette de cette aubaine qui passait aussi facilement devant ses yeux ébahis. C'était facile ; très facile ; peut être trop. Enfin facile à dire ; bien moins à faire. Elle voulait se faire pardonner silencieusement ses ébats secrets ; comme si sa culpabilité s'était retrouvée trop importante à son esprit menacé. Foutaises ! Elle se fichait de ce qu'elle avait pu faire avec un autre ; se foutait complétement de l'ignominie qu'elle avait commise. La seule chose qui lui importait ; finalement ; c'était qu'Elias continue à l'aimer ; à la chérir comme il le faisait. Il était tout pour elle ; l'avait changé au plus haut point ; et elle lui en était reconnaissante. Pas assez pour se priver du petit plaisir que Maël lui avait offert ; visiblement. A aucun moment elle ne s'était sentie vraiment coupable. Juste ... stupide. Stupide d'avoir mis en péril ainsi ce qui comptait à ses yeux. Mais June avait toujours été femme de plaisirs ; et même si Elias avait sur elle une action pour le moins tranquillisante ; elle n'en restait pas moins une fille régit par ses instincts ; avant que par ses pensées. Finalement ; en la choisissant comme petite amie ; il avait aussi fait le choix de supporter ses intolérables passions ; ses revirements de situation ; sa douceur comme sa fougue bestiale. Oui ; il avait voulu ça ; il avait choisi et scellé ; seul ; son triste sort. On pouvait voir ça de cette manière ...

Prouve le ? Prouver quoi ; qu'elle était capable de le fatiguer et de lui rendre impossible un quelconque nouvel effort physique ? Tout en titillant doucement sa langue et en caressant son dos et ses longues jambes fines ; il avait exigé d'elle qu'elle aille au bout de ses provocations ; en un ultime défi. Inutile de le redire deux fois ; elle s'en ferait une joie. Il fallait avouer qu'au delà d'être femme aimant les plaisirs ; elle les procurait sacrément bien. Sans doute que c'était ainsi qu'elle avait su attirer Maël ; lui plaisant ensuite non seulement pour ses aptitudes sexuelles poussées ; mais aussi et surtout par son sens de la réplique qu'elle maîtrisait à merveilles et qu'il se plaisait à voir évoluer. Pour Elias ; c'était différent. Il semblait tout aimer chez elle ; ne lui reprochant jamais rien ; faisant preuve d'une douceur et d'une gentillesse à tout épreuve. Prévenance qu'elle ne pouvait qu'accepter. Néanmoins ; lorsqu'elle avait croisé Maël sur sa route ; elle s'était arrêté un long moment à cet embranchement pourtant maléfique. Elias et Maël ; deux opposés pourtant père et fils ; partageant la même femme sans le savoir. Du moins devrais-je dire partageant le corps de la même femme. Car Elias possédait quelque chose auquel Maël ne pourrait même pas rêver : l'amour de June. Don absolument incroyable qu'elle ne pourrait décemment offrir qu'une fois. Le choix était fait ; elle ne reviendrait pas dessus.

June - « Oserais-tu me faire croire que tu en doutes encore ? »

Son regard emprunt d'une douce lumière de défi ; elle embrassa a nouveau Elias ; mordant avec douceur ses belles lèvres encore rosies par le froid. Voulant admirer le magnifique corps de son copain ; sa frustration atteint son paroxysme lorsqu'elle vit le gros pull en laine qui couvrait son torse. Décidément ; elle avait eu bien raison de ne pas daigner sortir vêtue de cette manière ; ou bien le séjour aurait été sacrément écourté pour cause de maladie. Tirant la moue devant ce pull de laine qui la gênait sacrément ; elle lui sourit avant de glisser encore une fois ses mains en dessous ; jouant avec son torse alors qu'elle titillait encore ses lèvres. Elle entreprit alors de lui enlever délicatement cette couche bien trop superflue de vêtements ; devant alors s'écarter de cette bouche qu'elle aimait tant. Ayant enfin découvert le torse de son amant ; elle y approcha ses lèvres avant d'y gouter avec délectation ; ses cheveux le caressant tout aussi que sa jolie bouche. Dieu qu'elle aimait Elias ... peu importait sa gentillesse trop étouffante ; peu importait ses absences trop fréquentes. Peu importait tout ce qui faisait d'eux un couple en désunion. Peu importait même le fait qu'elle l'ai trompé. Seul comptait son amour pour lui ; amour qu'elle savait parfaitement réciproque.

L'amour. C'était aux yeux de June une notion bien trop complexe pour qu'elle se plaise à l'explorer. Elle avait néanmoins la certitude que c'était ce qui liait Elias et elle. Il avait su la modifier en profondeur ; transformant la machiavélique June en une demoiselle on ne peut plus respectable. Sans même le savoir ; il avait fait d'elle une autre femme ; en lui accordant simplement son attention et son regard. En ce sens ; il s'était rendu inoubliable à ses yeux. Plus encore que par sa simple présence ou son regard ; ses actes faisaient de lui l'homme merveilleux qu'il était. Alors certes ; quelques traits de son caractère semblaient à June trop poussés alors que d'autres ne l'étaient pas assez ; mais il n'en restait pas moins l'homme qu'elle aimait du fond du coeur ; et qu'elle n'aurait quitté pour rien au monde. Rien ; donc ; de dramatique. Juste de petits détails qui la poussaient à aller voir ailleurs ... mais là ; dans ce petit chalet qu'il avait bien généreusement loué ; leur couple semblait se soigner par l'air vivifiant de la montagne ; tout autant que par leurs incroyables caresses. En vérité ; June et Elias ne s'étaient plus vus aussi intimement depuis quelques jours ; puisqu'il semblait trop occupé pour lui porter le surplus d'attention qu'une princesse à son image exigeait. Oui ; elle prenait conscience de quelque chose d'important : elle en demandait trop ; bien trop à Elias ; se comportant parfois comme une gamine arrogante et prétentieuse qui juge que tout lui est du. Changer ? June ? Jamais ! Il devrait faire avec.

"Pas du tout" lui avait répondu Elias alors qu'elle déposait de délicats baisers sur son visage ; titillant ses lèvres en particulier. Heureusement qu'il ne doutait plus de ça ; depuis le temps qu'elle lui prouvait presque au quotidien ses talents en ce domaine. June ... On aurait pu penser de June que ses aptitudes se résumaient au sexe ; comme on aurait pu se tromper. Elle était bien plus que ça. Complexe ; changeante ; un poil schizophrène ; il lui semblait parfois que les deux June qui reposaient en son sein se battaient pour prendre la possession de son corps entier. Alors qu'avec Elias ; elle était douce voire chaste ; elle était toute autre avec Maël ; véritable tigresse toutes griffes dehors. Elle avait l'impression d'être une autre femme en sa douce compagnie ; une autre qui lui rappelait son ancien elle. Et malgré la fierté qu'elle avait éprouvé en changeant ; elle ne pouvait qu'être nostalgique de ce temps qui faisait ; autrefois ; d'elle une reine. Mais aujourd'hui ; qui était-elle ? Rien d'autre qu'une princesse. Et celle d'un seul homme. Non ; elle ne pouvait tolérer une telle descente ; sauf avec Elias ... bien sur.

Ses caresses se faisaient douces. Baisers ; effleurements ; étreintes ; délicatesse et onctuosité. Voilà plus d'un an qu'elle s'entraînait à ne pas laisser ressortir sa folie habituelle ; sa dangerosité même qui la faisait vibrer. Non ; Elias ne le lui avait jamais demandé. Mais elle se l'imposait. Régler ses désirs ; se limiter elle même sans attendre les délais des autres. Voici ce qui la poussait aujourd'hui ; alors qu'elle s'était installée à Lewis. Oui ; elle appréciait ce petit village ; mais parfois elle ... Il lui avait dit. Pour la première fois depuis au minimum deux ou trois semaines ; elle n'aurait su le compter précisément. Il le lui affirmait avec douceur ; laissant un joli sourire prendre place sur son visage. Un frisson parcourut le corps de June alors qu'elle goutait ; les yeux clos ; la douceur de cette simple phrase. Aujourd'hui ; elle avait encore plus de sens. Parce qu'Elias n'était en rien obligé ; parce qu'il l'avait dit car il en éprouvait l'envie ; non pas parce que c'était un devoir. Rien d'autre qu'une douce attention ; à laquelle elle ne fut bien évidemment pas insensible. La bouche d'Elias se perdit dans son cou ; alors que ses mains retiraient délicatement sa chemise de nuit ; n'offrant plus aucune intermédiaire entre son regard et ce corps dénudé qui s'offrait devant lui.

June - « Je ... Moi aussi. » lança-t-elle hâtivement alors qu'elle reprenait ses baisers de plus belle.

June se sentait parfaitement idiote. Elle aurait aimé lui dire "je t'aime" aussi. Lui prouver son amour autrement que par des actes purement intéressés. Oui ; l'envie ne lui avait pas manqué. Mais subitement ; alors qu'il avait laissé un regard timide l'atteindre de plein fouet ; prouvant encore une voix sa sincérité ; elle s'était laissée atteindre par une vague de culpabilité. Un emportement qu'elle ne put réussir à cacher autrement qu'en plongeant son visage dans son cou à son tour ; le torturant de doux baisers. Non ; June ne pouvait décemment pas lui dire ses trois mots fatidiques ; moins encore alors que la situation avec Maël n'était pas réglée. Si ... elle l'était ; disons simplement que tout n'avait pas été clairement exposé. Elle aimait Elias ; nul doute la dessus. Mais entre le penser et le lui dire ; le gouffre était de taille ; pour l'instant trop importante. Oui ; elle lui avait bien évidemment autrefois déclaré ; et ce avec une parfaite sincérité. Mais elle s'était promis de ne plus le faire. Plus avant que cette distance qui les clouait à rester un couple désuni ne serait détruite ; anéantie. D'un côté comme de l'autre.

Le visage de June était plongé tour à tour sur le visage d'Elias ; oscillant entre son cou et son torse ; dévorant ses lèvres offertes. La seule barrière qui persistait entre son homme et elle n'était qu'un pantalon. Un jean destructeur de sa passion ; de sa fougue. Un jean qu'elle ne tarderait pas à faire disparaître. Aussitôt dit aussitôt fait ; les doigts de June s'affairaient sur les boutons du pantalon ; avant de l'envoyer valser sur le sol non loin de leur petit nid douillet et confortable qu'ils s'étaient installés en arrivant ici. Un soleil perçant tentait tant bien que mal de se faire présent ; les deux protagonistes étaient néanmoins trop passionnés pour se rendre compte de la magnifique matinée qu'il ratait. Quelle importance ... ils ne la rataient pas ; la passaient simplement à une autre activité toute aussi pertinente. Une question lui torturait toutefois l'esprit ; une question ornée d'un énorme point d'interrogation ; qui l'empêchait de profiter pleinement du moment. Elle n'avait aucun doute quant à la fidélité d'Elias ; quant à sa sincérité ; et elle craignait ainsi de gâcher ce moment précieux. Elle ne put toutefois s'empêcher de laisser échapper les mots de ses lèvres alors qu'elle s'allongeait sur le corps d'Elias ; ses mains caressant toujours son torse et désormais ses jambes.

June - « Elias ; tu veux bien me promettre quelque chose ? » lui demanda-t-elle sans attendre la moindre réponse ; alors que ses mains glissaient lentement vers sa virilité. « Dis moi toujours la vérité. Toujours. Même si elle est douloureuse ; même si je ferais mieux de l'ignorer. D'accord ? Je veux savoir. Tout. Parce que ... je t'aime. »

Oui, elle aurait du s'en douter. Dans sa plus jolie naïveté, elle avait pensé qu'une telle demande passerait inaperçue dans un moment si inopportun. C'était sans compter sur le caractère d'Elias, ne laissant rien passer, rien au hasard. Tout devait avoir un sens, une signification profonde. Et alors que son visage prenait celui d'un être agacé presque vexé même, sa main arrêta la sienne dans sa course folle, ses doigts se faufilant entre les siens. Preuve d'amour ou non, elle n'aurait su le dire. Elle subissait, inquiète du triste sort qu'il lui réserverait, pour avoir ainsi mis sa confiance en doute. Et pourtant, elle n'avait pas songé à ça une seule seconde. Non, elle avait simplement voulu s'assurer d'une promesse qui était jusqu'à présent restée invisible et sous-entendue. Elle avait tout mis à plat, lui faisant s'engager dans cette quête de la vérité qui la perturbait tant, surtout depuis qu'elle même l'avait trahie. Tant pis, cette promesse n'avait pas encore été formulée, donc ne comptait pas. Maintenant, en tout cas ... Il en était bien autrement, et elle n'aurait pu tolérer qu'Elias lui fasse subir un tel cauchemar. Maintenant, elle en était sure, alors qu'il prenait ses mains, vrillant son magnifique regard dans les prunelles de June. Elle aurait pu avoir peur de sa soudaine réponse, peur de la situation qui se déroulait sous ses yeux. Mais non. Pas avec Elias. Avec lui, elle était toujours, toujours en sécurité. Bien. Et pour le moins heureuse. Du moins était-ce ce qu'elle tentait de se faire croire, naïvement.

Oui. Bien sur que oui, elle lui faisait confiance. La question ne se posait même pas. Et pourtant, elle l'avait fait avant lui, osant mettre en doute sa sincérité qu'elle savait exemplaire. Elle même ne comprenait pas pourquoi elle lui avait posé cette interrogation dans un moment si intime. La peur du futur, peut être, la crainte d'un écartement plus brutal et plus intense encore. A moins que ce ne soit qu'une manière de se rassurer. D'offrir à Elias la chance de pouvoir redevenir cet homme apaisant qu'elle avait toujours connu, toujours aimé. Analyser ses propres paroles ou ses propres actions n'était à ses yeux qu'une perte de temps, elle abandonna donc cette futilité au profit d'une intense écoute. Une écoute qu'elle voulait absolument parfaite, car elle n'aurait pas voulu laisser la moindre parole d'Elias au vent. Tout lui semblait dorénavant d'une importance capitale. Le jeune homme avait à nouveau amené son pantalon à lui, témoignant sans doute de la fin de cet instant si fragile et si intime. June ne bougea néanmoins pas. Restant le corps collé au sien, elle n'aurait voulu lâcher cette main pour rien au monde. Aussi individualiste que cette certitude était, Elias lui appartenait. A elle, à elle seule. L'inverse aurait du être vraie. L'aurait pu. Elle l'était, mais dans une mesure assez moindre.

Les paroles d'Elias, qu'elle buvait sans modération, la rassurèrent plus encore que tous les "je t'aime" du monde. Elle sentit une intense vague de chaleur s'emparer de son être, comblant toutes les lacunes de sa confiance. Elle aimait Elias, il n'y avait aucun doute à ce sujet. Lui aussi bien sur, et il lui offrait même ses inquiétudes les plus profondes, les plus enfouies. June souriait, alors qu'elle descendit une fois de plus sur la bouche de son homme, la lui capturant en un baiser d'une douceur inattendue. Il avait parfaitement raison, après tout. Pourquoi se poser des tonnes de questions et de craindre l'absence de son copain, alors que son amour et sa flamme restaient intacts ? Non, vraiment, elle n'avait rien à redouter, cette certitude s'infiltrait en elle avec la facilité du poison dans ses veines.

June - « Merci. » lui glissa-t-elle tendrement à l'oreille. « Je peux parfaitement imaginer à quel point tu tiens à moi. En tout cas, je peux aisément deviner que je tiens tout autant à toi, voire plus. »

June lui sourit gentiment, avant de rouler sur le côté, absolument persuadée qu'il n'avait pas pris son pantalon pour rien. Elle resta quelques longues secondes sur le dos, soupirant d'aise, jetant un coup d'oeil admiratif au plafond, ressassant les souvenirs les plus heureux qu'il lui semblait avoir avec Elias. Son regard fit le tour de la pièce, de ce splendide chalet qu'il avait loué pour sa simple petite personne, princesse dans cottage d'argent. Un dernier soupir d'aise, puis elle amena sa chemise de nuit à elle, avant de l'enfiler rapidement, déposant un doux baiser sur le front d'Elias, laissant ses doigts faire le tour de son torse sacrément bien dessiné.

June - « Je vous aime, mister Lehman. »

Mister Lehman ... Que de mauvais goûts ! Tout sourire s'effaça de son visage angélique, alors que ses doigts remontaient le long du coup d'Elias, avant de faire disparaître absolument tout contact. Mister Lehman hein. Voilà qu'elle n'aurait rien trouvé de mieux pour faire renaître en elle ce sentiment d'incertitude, cette terreur pertinente qui la prenait chaque jour, chaque minute, chaque seconde. Chaque infime moment sur cette Terre. Bien sur, Elias tenait à elle. Bien sur, il l'aimait. Mais était-elle aussi certaine qu'il saurait lui pardonner un tel affront, s'il venait à l'apprendre ? A apprendre l'horreur qu'elle avait commise ? Oui, elle en était certaine. Du moins était-elle sure de l'inverse. Jamais, oh grand jamais il ne serait capable de passer outre cette erreur. Unique, mais impitoyable erreur. Il ne restait plus qu'à prier pour que jamais il ne le devine ... June se releva, en un geste tout aussi gracieux que d'habitude, certaine que ce moment sentimental aurait brisé toute envie sexuelle au profit d'une autre bien plus importante. Ne jamais briser la pureté de l'amour pour une partie de jambes en l'air. Voilà ce que June ne connaissait pas, et qu'elle expérimentait pour la première fois. Ce n'était pas si mal, finalement.

Je suis désolée, je n'ai pas pu faire autrement, June n'aurait décemment pas pu aller coucher avec Maël, étant fiancée x).

Elias avait grimacé à l'entente de son propre nom. Réaction normale, June en avait bien conscience. Il n'avait pas mis longtemps avant de lui apprendre les détails qu'il jugeait importants de son enfance, ces même détails qui avaient causé de multiples souffrances chez ce jeune homme à l'apparence si fragile. Maël Quinn Lehman, le nom de son père. Un père odieux, un père froid, qui considérait son fils comme son unique erreur. Il n'était pas resté plus de douze ans auprès de sa femme et de son enfant, les délaissant sans donner plus de justifications. Les rumeurs sur cet homme allaient bon train maintenant que ce cher monsieur était revenu sur Lewis, et June n'avait pas été sourde à celles-ci. Certains le disaient tueur en série, d'autres ex-taulards. Des ont-dits pathétiquement faux et infondés, uniquement là pour alimenter la source de ragots dans ce petit village qui se nourrissait de mensonges sur les gens. Elle ignorait bien ce qu'Elias pensait dorénavant de Maël, surtout depuis son retour, elle imaginait néanmoins que cette venue devait le perturber plus qu'autre chose. A vrai dire, June et lui n'avaient pas véritablement eut le temps de se poser et d'en parler depuis. Les absences répétées du jeune homme les rendaient incapables aux moindres discussions, et cette question lui brûlait les lèvres. Non. Non, elle ne s'immiscerait plus entre Elias et son père. Plus jamais.

Puis il s'était levé, simplement. Jamais elle n'aurait pu penser que les événements allaient prendre une telle tournure. A aucun moment elle ne se serait imaginée devoir prendre un choix si important pour l'avenir de leur couple. Et pourtant ... Et pourtant lorsque les doigts d'Elias s'insinuèrent entre les siens, elle ne put rester insensible à la froideur d'un objet fin entre leur main. Un unique sursaut, avant qu'il ne l'amène à lui, dans une ultime caresse, reprenant la parole. Elle sentit les rythmes de son coeur s'accélérer très perceptiblement, ce qu'il aurait aisément pu ressentir, toujours torse nu et elle simplement vêtue d'une fine chemise de nuit. Elle n'était ni idiote ni naïve. Elle venait de comprendre ce qu'il avait à lui dire de plus. Oui, elle savait. Et ... et ça l'effrayait tout autant que cette perspective lui plaisait. A ses sourires, se succédaient des clins d'œils étonnés. Oui, non ? Était-elle apte à assumer un tel rôle, à lui jurer fidélité et amour jusqu'à sa mort, voir au delà ? A ses yeux, le mariage ne constituait qu'une instance religieuse à laquelle elle avait toujours dit ne pas croire. Adolescente, elle se moquait des couples dans les églises, insinuant avec froideur qu'on pouvait aimer sans être enchainés par le mariage. Néanmoins, désormais que cette bague brillait dans sa paume, ses doux rêves d'enfant lui revenaient en mémoire. Quelle femme n'avait jamais rêvé d'une longue robe blanche, d'un mariage avec son beau prince charmant ? Elle avait fait partie de celles qui, dans leurs rêves, se voyaient déjà épouser l'homme de leur vie.

Oui, mais ... finalement, la clé de la réponse ne reposait pas la dedans. Elle ne craignait en rien de voir son amour pour Elias s'assombrir, pas plus que le mariage ne l'effrayait. Non, c'était autre chose qui rendait son choix incertain, qui la poussait aux interrogations les plus profondes, alors qu'elle sentait le regard de son copain sur elle, sans doute en proie à une incertitude plus forte encore. Elle s'en voulut, terriblement. De lui imposer une attente si insupportable, qu'elle se sentait incapable de raccourcir. Sa plus grande volonté l'obligeait à faire un choix, un choix décisif. Elle devait réfléchir à la vie qu'elle pouvait imaginer avec Elias, à son amour pour lui. Non, tout cela était déjà bien pensé, bien ancré dans son esprit. Elle l'aimait, aurait tout fait en son unique nom, et elle était certaine de ne jamais regretter quoi que ce soit le concernant. Mais ... il y avait Maël. Ce même Maël qu'elle n'appréciait pas, pas plus qu'elle aurait pu avoir de quelconques sentiments pour lui. Néanmoins il l'attirait, inexorablement. C'était physique, plus fort que ça même, c'était du désir, une passion à l'état pur. Il était la pomme que jamais elle n'aurait du croquer, le fruit de la tentation, qu'elle avait déjà gouté une fois. Mais désormais, comment s'en passer ? Alors qu'elle avait craqué une fois, elle pensait encore à lui, à ses caresses, à ses baisers sur sa peau. Elle se sentait prête à l'oublier pour Elias, s'en sentait capable. Mais débuter un mariage sur un mensonge ... Non. Vraiment.

June se pencha sur le visage d'Elias, capturant ses lèvres en un baiser d'une douceur exquise, parfaite, alors que ses mains venaient se loger dans sa nuque, et que son corps se collait dangereusement au sien. Elle était décemment prête à tout pour lui. A tout, mais pas à ça. Il lui semblait logique et normal de tout mettre à plat, d'arrêter toutes ses erreurs en cours avant d'oser aller encore plus loin avec Elias. Cela lui semblait d'une simplicité extrême, maintenant qu'elle voyait ce qui se profilait devant elle. Son image, aux bras d'un homme qu'elle aimait, June Delilah Lehman. Arg ... Non. Non, non, non. Voilà que ce nom provoquait en elle autant de dégout qu'il avait pu susciter chez Elias. Mais elle était même prête à supporter cette appellation pour lui. Oui, nul doute qu'elle accepterait, bientôt. Mais pas maintenant. Pas dans ses conditions. Pas tout de suite. Il n'y avait plus qu'à prier pour qu'il lui réitère sa proposition ... plus tard, une fois que tout serait réglé. Qu'elle n'aurait plus en tête qu'Elias. Lui, lui seul, son tout. Elle glissa à son tour ses doigts entre ceux du jeune homme, y glissant la bague. Puis son visage se perdit dans son cou, qu'elle embrassait tendrement, avant de murmurer :

June - « J'ai .. J'ai besoin de temps. Tu es tout pour moi, tu le sais. Mais ... Laisse moi quelques semaines encore, quelques mois. »

June ne s'était jamais imaginé ça. Elle n'y avait même pas pensé une seule fois. Le mariage avec Elias, néanmoins, ne lui semblait ni prématuré, ni injustifié. Il avait juste fait sa demande au moment précisément inopportun, celui où June était en proie à des questionnements fondamentaux sur l'avenir de leur couple. Elle ne remettait certes pas en cause leur amour, mais disons leur espoir de durer. En effet, ils s'étaient éloignés, elle pouvait le dire haut et fort sans craindre qu'il ne lui affirme le contraire. L'un comme l'autre en avait pleinement conscience, et ne faisait rien pour changer les choses. Triste paradoxe. Ils voulaient se retrouver, sans avoir le moindre effort à fournir. Et puis, il y avait Maël, celui-là même qui, en cet instant précis, ne portait même plus le nom d'humain. Seulement celui d'erreur. Une erreur inqualifiable qui la forçait à refuser cette demande en mariage, qui l'aurait pourtant rendue si heureuse. Elle se sentait détestablement mal, détestablement coupable, plus encore lorsqu'elle aperçut le changement d'expression sur le visage de son bien-aimé. Évidemment, aucune de ses caresses ne parvinrent à l'apaiser, et c'est d'une voix incertaine qu'il lui faisait la promesse de l'attendre. Oui, vraiment, le ferait-il ?

Elle aurait aimé le remercier, aurait voulu tout lui expliquer, se faire pardonner. Elle aurait adoré que plus aucun mystère, plus aucun secret honteux ne s'immisce entre eux. Peine perdue, cette impossibilité était profitable, car même si June lui parlait de tout ce qu'elle avait fait, cela n'aurait changé que sa vision d'elle, et il l'aurait sans doute quitté de suite. Aussi, mieux valait se taire, garder le silence, et le faire languir. Il s'était écarté d'elle, presque brutalement, avant de remettre la bague dans la poche de son jean qui avait retrouvé sa place sur son corps. June n'avait même pas pris le temps de regarder ce fameux bijou qui aurait du se glisser parfaitement sur son doigt. Un remord brutal la saisie lorsqu'il se dirigea vers la douche. Elle aurait aimé se jeter à sa suite, lui supplier de lui pardonner. Mais non, June Delilah BradFord n'était pas comme ça, était bien incapable de s'abaisser à ce genre de bassesse. Et sans doute qu'Elias n'aurait pas apprécié. Au lieu de ça, elle resta là, sur ce lit de fortune, droite, impassible. D'une impassibilité terreuse.

Ce n'est que lorsque la salle de bain se referma, laissant à June la vue de la porte, frontière entre son amour et elle. Elle esquissa un pas, avant de soupirer, et de se laisser tomber sur le lit. Non, il ne voulait plus d'elle, plus maintenant. Sans doute que son visage simplement le dégoutait, et elle ne désirait ni lui imposer cette vision, ni ses paroles. Elle n'avait rien à dire de plus, aucune explication correcte à fournir. Elle voulait du temps ... vraiment ? Non, non elle ne désirait pas des semaines supplémentaires, ni pour réfléchir ni pour rien d'autre. Elle voulait simplement que toute cette déshonorante histoire se termine, là, maintenant. Elle désirait s'imaginer vierge de toute erreur, elle aurait adoré se savoir capable de résister à l'appel de la tentation que lui infligeait Maël. Elle avait conscience ne pas en avoir l'opportunité. Alors, tant que ce ne serait pas possible, pas de mariage avec Elias. C'était aussi simple que ça. Aussi simple, et pourtant ...

La porte de la salle de bain restait désespérément close. June restait désespérément immobile. Elle s'en voulait, aurait aimé se faire pardonner un refus qui était de sa simple cause. Un refus qu'elle savait faux. Puis l'attente fut insoutenable. Elle se leva, délicatement, prenant tout le temps nécessaire pour prendre une décision. Il n'y en avait pas des centaines possibles, elle désirait sauver ce qu'il restait à sauver de ce petit week-end en amoureux ... Elle savait n'avoir rien à dire, comme n'avoir rien à faire. Et pourtant, June, fidèle à elle même, le dirait quand même, le ferait quand même. Peu importe, elle n'avait plus rien à craindre. Sans même frapper à cette porte qui se dressait face à elle, elle tourna la poignée, avant de rentrer délicatement, silencieusement. Elias était là, dans son bain, la tête disparaissant à moitié sous cette eau délicate, qui lui chatouillait les pieds nus. Oui, il en avait renversé plus ou moins partout au sol, le bain ayant débordé. D'abord surprise, elle ne fit pas la moindre remarque, effectuant quelques pas délicats vers la baignoire, ne fixant que les yeux clos d'Elias.

June - « Elias je ... crois moi, je ne serais pas longue. Je t'aime, n'est-ce pas le plus important. Elias ... » tout cela n'était que des vaines paroles. Des paroles inutiles, futiles, de trop. Aussi elle reprit, avec sincérité : « Pardonne-moi. »

June ne savait pas elle même ce qu'elle faisait. En toute impunité, elle venait de briser la tranquillité tant attendue d'Elias, sans se poser de questions sur son état d'esprit, laissant son propre mal-être calculer le moindre de ses actes. En bonne égoïste, elle restait désespérément seule dans cette barque, n'accordant de l'attention à son copain que lorsque cela réduisait ses propres chances d'être heureuse. Elle aurait du s'en vouloir, se sentir coupable. Elle ne regrettait son 'non' que parce que c'était ses propres rêves qu'elle voyait s'envoler au loin. Peu importait les émotions changeantes de cet homme, peu importait son désespoir, ses émotions, et ce refus douloureux. Pourquoi était-elle allé dans la salle de bain, le suivant alors qu'il venait silencieusement de lui formuler son interdiction de le faire ? Pour s'assurer qu'il ne lui en voudrait pas, bien sur ! Afin de sauver ce qu'il restait de ce week-end tous les deux, en amoureux, dans ce magnifique chalet à l'ambiance romantique. Absolument pas pour l'aider à aller mieux. Non, du tout. June était une garce de premier ordre, une égoïste impulsive qu'elle s'était efforcée de devenir en arrivant à Lewis, afin d'offrir une autre vision d'elle à cet homme qui deviendrait celui qu'elle aimait. Ce n'était néanmoins qu'une facette, une facette particulièrement factice qu'elle n'avait revêtue qu'à grand mal. Et en voyant Maël, il lui avait semblé redevenir elle, la vraie June, l'espace de quelques instants de pure passion. Il avait réussi à la faire à nouveau sombrer dans tous les aspects négatifs de son précédent caractère, tout cela semblant même influer sur ses actes vis à vis d'Elias.

Elle était rentrée dans la salle de bain, tentant vainement de se faire pardonner une réponse qu'elle n'avait pas eu le choix de modifier. Après tout, il lui avait posé une question, et certes elle avait répondu à la négative, néanmoins elle préférait ne pas continuer de lui mentir, poussant le cauchemar à son paroxysme, et débutant un mariage qu'elle espérait à l'avenir heureux par une tromperie aussi ignoble. La tête dans l'eau, il semblait sourd à la moindre invective, aveugle à un quelconque geste à son égard. Il paraissait ... complétement ailleurs, dans une perspective qu'elle ne lui connaissait pas. A aucun moment elle ne craint qu'il tente de mettre fin à ses jours, bien sur, Elias n'était pas de ce genre là, elle lui laissa donc tranquillement le temps de sortir de cette eau, redevenant attentif à ses pardons, à ses paroles, à ses actes tous plus futiles et inutiles les uns que les autres. L'attente ne fut pas bien longue, avant qu'il reprenne enfin la parole, non sans avoir laissé planer dans l'air un silence absolument gênant, auquel June aurait tout fait pour mettre un terme. Elle était d'ailleurs prête à émettre la première bêtise lui passant par la tête pour laisser le vacarme reprendre possession de cette pièce de cauchemar, il eut néanmoins la présence d'esprit de s'en charger.

Sa réponse était pertinente. Pertinemment vrai. Piquée au plus profond de son intelligence, rendu obscurcie par son amour aveugle pour Elias, elle se sentit rougir, alors que ses yeux venaient admirer le sol trempé, avant de jeter un regard réellement désespéré sur l'ensemble de la pièce. Tout cela n'était que tragique. La situation restait absolument pathétique, tout autant que l'étaient les deux protagonistes. Alors que la salle était dérangée, la baignoire ayant déversé tout le superflu de son liquide sur le sol, un homme nu squattait ce bain qu'il venait de se faire couler. June éprouvait une importance difficulté à relever ce visage, craignant de faire face au regard d'Elias qui, désormais, lui semblait d'une dureté sans nom. Il ne se laissait plus aveugler par un quelconque amour, ou par un quelconque trop plein de sentiments, il paraissait ... froid. Tout aussi froid que son père pendant l'amour, sauf qu'il était là en présence de sa petite amie. Elle se surprit à prier pour qu'il ne soit pas aussi rancunier que Maël, ou bien elle aurait à payer son 'non' des mois durant, encore.

Elle releva instantanément les yeux, les vrillant dans ceux de son petit ami lorsqu'il lui proposa de le rejoindre, curieuse d'y cerner une quelconque note d'humour ou, au contraire, ce qu'elle craignait d'y lire et qu'elle y aperçut tout de même, à savoir du désespoir. Il lui semblait évident qu'il ne lui proposait cette alternative que pour éviter de lui montrer plus longtemps son malaise. Fierté masculine, sans doute. Elle le connaissait trop bien pour se laisser berner par ses paroles. Pourtant, un fin sourire pervers s'insinua sur son visage, alors qu'elle fit un pas en avant, manquant se casser la figure dans l'eau qui jonchait le sol (-juste pour te faire plaisir, my dear-). Elle rejoignit bien vite le bord de la salle de bain, où elle s'assit délicatement, sa chemise de nuit désespérément trempée. Peu importait son bien-être, cette fois elle ne se sentait plus du moindre effort, elle n'espérait plus que quitter cette pièce, porteuse de tant de désespoir. Elle avait bien conscience qu'Elias n'avait pas envie d'elle, pas plus que celle de la voir ne serait-ce qu'une minute de plus. Pourquoi donc, alors, devrait-elle lui infliger cette incroyable douleur ? Oui, pour une fois, June était prête à se sacrifier pour lui. Elle lui glissa un doux baiser sur la joue, simplement d'une douceur et d'une tendresse impressionnante, avant de glisser prêt de son oreille :

June - « Tu n'en as pas envie. A tout à l'heure. »

Sans émettre le moindre son supplémentaire, elle se releva, d'un air assuré, puis quitta cette pièce qu'elle haïrait dorénavant. Dans un soupire, elle s'habilla convenablement, avant de se laisser à nouveau tomber dans ce lit de fortune qui avait autrefois accueilli leurs ébats. Voilà qui annonçait le magnifique début d'un voyage qui promettait d'être ... plein de surprises, et complet de rebondissements.