Maxryle&June
▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀▀

Assis sur le toit de sa petite maisonnette, Maxryle regardait, perdu dans ses pensées, le ciel bleu parsemé de quelques nuages qui le surplombait. Un joint dans la bouche, il se laissait dériver sur le flot de ses songes. Le passé. Depuis un certain temps, il ne cessait de se replonger dans son enfance. De revivre des moments qu’il jugeait importants. De se sentir à nouveau être un être insouciant dont la dureté de la vie ne l’atteignait pas encore. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, il était heureux. Sa mère, Maria, faisait tout ce qu’il était en son possible pour que son petit fiston se plaise dans sa vie. Elle est parvenue à son but. Avec un grand succès. Max’ ne se plaignait de rien, se satisfaisant de ce qu’il avait. Ce dont il se souvenait le plus dans son enfance était sans aucun doute les journées que lui et sa tendre mère passaient au parc. En effet, la bonne femme l’emmenait tous les jours dans cette étendue immense de verdure pour qu’il puisse se défouler un peu. Elle faisait des châteaux de sable avec lui. Jouait à chat. L’emmenait sur le tourniquet et le faisait tourner jusqu’à ce qu’il en ait le tournis. Le poussait sur la balançoire jusqu’à ce qu’elle en ait mal au bras. Petit, Maxryle était déjà énormément reconnaissant envers sa mère. Bien qu’il était haut comme trois pommes, il savait pertinemment qu’une mère comme il avait, on en trouvait pas beaucoup. C’était la meilleure. La plus belle. La plus intelligente. La personne qu’il a jamais aimée autant. Max’ poussa un long soupir tout en tirant un coup sur son joint. Il expira, une fumée grisâtre formant un halo au-dessus de sa tête. Il ferma les yeux et se replongea dans ses pensées. Il donnerait n’importe quoi pour retourner à cette époque. Là où au moins, ils faisaient tous semblants d’être heureux et que cette illusion de bonheur convenait à tout le monde. Mais grandir était une chose inévitable. Il ne voyait plus le monde avec ses yeux d’enfants dès à présent, mais avec ceux d’un ado qui se rendait amèrement compte que le bonheur n’était qu’une vaste blague. Un conte tout droit sorti des histoires pour endormir les enfants. Non. La vie n’était pas aussi rose qu’on le prétendait. Quel coups, cette dure réalité lui infligé à lui qui venait de sortir de son petit cocon !

Il écrasa son joint sur l’une des tuiles et laissa le mégot dans la gouttière. Sa mère n’était pas au courant pour sa petite, non grande conviendrait mieux vu la situation, addiction pour la nicotine, drogue et alcool. Max’ savait d’emblée ce qui allait se produire si ces petites occupations lui parvenaient aux oreilles. Premièrement, elle serait extrêmement déçue –qui ne le serait pas me diriez-vous-. Deuxièmement, elle l’emmènerait en cure de désintoxication en le tirant par les oreilles. Il entendait déjà les sermons dont elle lui ferait part, lâchant quelques plaintes en italien, sa langue maternelle. Maxryle ne put s’empêcher de sourire légèrement, ce qui contrasta avec la gravité de la situation. Il se releva avec précaution, restant quelques instants en suspens pour recouvrer un équilibre stable. Il sauta en suite sur le toit de la remise attenante à la maison. De là, il ne lui suffisait que de faire un bon pour se retrouver au sol. Sans plus attendre, il entra dans la cuisine. Sa mère vaquait déjà son occupation préférée, s’affairant derrière les fourneaux. « Que faisais-tu sur le toit jeune homme ? » Aucun reproche, ni aucune colère ne se percevait dans sa voix. Max’ ne put s’empêcher de sourire. Il s’approcha de sa mère. Il posa les mains sur ses hanches et déposa ses lèvres sur sa joue. « Rien, mama. Je réfléchissais. » Sa Mama se retourna une cuillère en bois dans la main. Elle regarda son fils, cherchant à déterminer s’il mentait ou non. « Il me semble que tu y passes beaucoup de temps. » Pour toute réponse, Max’ sourit. Il prit un cookie qui se trouvait dans un plat et l’enfourna aussitôt. Il sortit par la porte de derrière. Parfois, il se demandait si sa mère se doutait qu’il se tramait quelque chose. Que son fils se détruisait à petit à feu. Après tout, une mère comprend tout. Un seul regard et elles savent que leurs bébés ne vont pas bien. Max’ était sûr que sa Mama ne ferait pas exception à la règle. C’était un don inné chez elle.

Son éternel appareil photo dans les mains, il se rendit d’un pas traînant vers la plage. Ah son appareil. Rien que le fait de le sentir entre ses mains l’emplissait d’un sentiment de sécurité réconfortante. Il ne se souvenait plus vraiment comment cette passion était née en lui. A ses yeux, ce lien se résumait à l’évidence. Il était né pour être photographe. Il avait ça dans le sang. Souvent, il partait se balader dans les rues avec pour seul bagage son appareil photo. Il immortalisait chaque instant qu’il jugeait important et précieux. Son atout ? Sa simplicité. Dans chacun de ses clichés, la simplicité s’y retrouvait à chaque fois. Il pouvait trouver dans une scène anodine du quotidien une signification des plus recherchée. C’est ce qui faisait que son travail se démarquait. Maxryle ne cherchait pas seulement à prendre des photos pour le plaisir de partager sa passion. Non, au-delà, il voulait faire passer un message. Réhabiliter des valeurs qui longtemps ont été bafouées.

Le bruit des vagues déferlants sur la plage parvinrent très vite aux oreilles du jeune homme bien qu’il ne soit en encore qu’à quelques rues de là. Déjà, l’air iodé assaillit ses narines produisant à Max’ la sensation d’être empreint d’une liberté démesurée. Il accéléra la cadence, avide de se retrouver face à cette immensité bleue qu’il aimait tant. Arrivé à la plage, il enleva ses chaussures préférant de loin se balader pieds nus sur le sable. La sensation de ces petits grains sur ses pieds était telle une caresse. Douce. Réconfortante. Max’ sourit légèrement. Faiblement. Ses chaussures dans les mains, il continua à s’avancer s’approchant, à chaque foulée, de la mer. Il laissa ses pieds dans l’eau encore fraîche pendant quelques minutes avant de s’asseoir un peu plus loin. Il déposa ses chaussures à côté de lui et prit son appareil photo. Il regarda autour de lui. Sans plus attendre, il porta l’appareil à son œil droit, régla la prise de vue. Et immortalisa le moment. Il observa son cliché, un sourire satisfait peint sur ses lèvres. Un père tenait sa fille par la main. Tous deux marchaient dans l’eau luttant un peu pour ne pas tomber à cause de la force des vagues. La relation entre un père et son enfant. Une relation que Max’ n’avait jamais réellement connu. Il secoua la tête. Ne pas penser à lui. Surtout pas. Le seul fait que son paternel occupe ses pensées pourrait foutre sa journée en l’air.

Son regard se porta alors sur une silhouette svelte d’une jeune fille blonde, tout comme lui assise sur la plage. Même de loin, il aurait pu la reconnaître entre mille. Après tout, une fille telle que June, on en croisait pas souvent. Que ce soit niveau caractère. Comme au niveau physique bien entendu. Max’ se leva sans plus attendre, prit ses chaussures et se rapprocha. Lorsqu’il fut à une distance convenable, il prit une photo. Le sourire aux lèvres, il vint s’asseoir à ses côtés, tout en poussant un long soupir. « Excusez-moi mademoiselle, mais je n’ai pas pu m’empêcher de prendre une photo de vous. Vous a-t-on déjà dit que vous feriez un excellent modèle ? » Maxryle regarda June, une lueur d'amusement dans les yeux. Il savait qu’elle allait se prendre au jeu. Après tout, leur relation était pratiquement basée sur le jeu. De séduction certes. Mais cela restait un jeu. Rien qu’un jeu.