« Paix à ton âme, puceau de mon coeur ! »

Les chips aux cacahuète, c'est ce qu'il y a de meilleur au monde. Sans rire, j'en raffole tellement que je serais prêt à me rouler par terre en pleurant si on me le volait, mon paquet. Et rigolez pas c'est pas une blague. Là en ce moment, j'ai l'impression que je suis en train de mourir tellement c'est bon. J'ai pas le droit de les manger normalement, mais pour l'instant personne m'a grillé en train de bouffer des trucs que j'ai pas payé dans les rayons du supermarché. Les clients me regardent le faire sans broncher, avec leurs petits airs supérieurs tellement insupportables que j'ai envie de leur foutre mon pied au cul et de leur gueuler de dégager. « Tu veux ma photo ? » je lance à une mémé qui me regarde d'un air choqué. Elle se casse avec des yeux ronds et les mains crispées sur son cadi, et ça me fait marrer. Ah les vieux de nos jours, franchement ! J'aime bien leur faire peur en montrant mes tatouages, comme maintenant. J'ai un espèce de débardeur qui me tombe sur le torse, trop grand et trop distendu de partout. En fait il ressemble plus à une serpillère qu'autre chose, ce Marcel, mais honnêtement, j'men fous. Ouais je sais, j'men fous de tout. Tout ce qui m'intéresse, c'est de faire peur au mémés avec tous mes tatouages, de bouffer tranquillou mes chips et d'emmerder un peu Nem et Maxi. Ah ceux là alors. D'un côté t'as le chieur qui se la joue rebelle, et de l'autre, t'as le gamin écervelé qui a le nez dans ses magasines sur superman. J'suis sur qu'en fait si il a jamais bandé sur une nana, il a déjà eu la trique pour superman, avec son slip super sexy et ses gros muscles. Ça me fait rire, et je me retourne pour lui dire ce que je pense de ça. Mais je me retiens, parce que quand je le vois le nez en l'air en train de penser à autre chose qu'à ce qu'on fait -c'est à dire rien, il me fait pitié. C'est vrai le pauvre, il a jamais baisé, c'est pas cool de me foutre de sa gueule pour ça. Je finis mes chips. « Bon, je me tire, bye bye. » Je lance un regard à Nemo. Il se fait royalement chier depuis tout à l'heure, ça se voit. Puis tant pis s'il se casse, moi j'aime bien Maxi, j'aime bien le charrier. Sauf que je le fais jamais quand Nemo est là, parce qu'à chaque fois c'est moi qui finit par me faire charrier avec mes « manières de lopette », comme il dit. Et je pète un câble, et on finit avec des bleus partout. Ouais, ça marche comme ça entre nous. Après, t'as Maxi qui s'occupe de nous quand on rentre de l'hosto avec des pansements et des points de suture sur la gueule. Il est adorable ce type. Un peu trop perché au pays des supers héros, m'enfin, je l'aime bien.

J'ai finis mon paquet de chips. Étonnant que le gérant ait pas encore regardé sa petite caméra de surveillance toute pourrie et qu'il soit venu me dire de dégager. Et de payer le paquet. Il doit être en train de se faire une caissière, enfin je sais pas, tout ce que je sais c'est que c'est un paquet de chips gratos, aujourd'hui, que j'ai gagné ! Je m'arrête dans le rayon des dentifrices brosse à dents et tout ça, je poste mon paquet vide quelque part entre deux bouteilles de shampoing et je regarde Maxi, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que je le fixe. Il était temps, j'allais lui foutre une taloche pour qu'il redescende sur terre le martien ! Je sais pas pourquoi mais j'ai envie de lui faire faire tout un tas de conneries, au petit. Je rigole devant sa tête. Il me fait vraiment trop rire, celui-là. « Viens voir la pucelle, faut que je t'offre un truc. » Je lui fais signe de me suivre, au cas où il aurait pas compris. Enfin il est pas demeuré non plus, hein. Je choppe un paquet de préservatifs fluos, au pif, et je les lui balance. Je lui en ai déjà offert une tonne, que j'ai planqué dans ses BD la dernière fois que j'ai squatté sa chambre. Je sais pas si il le sait, si il est déjà tombé dessus et ce qu'il a dit en les voyant. Je me suis déjà bien fendu la poire en l'imaginant, mais j'aurais bien aimé la tronche qu'il a vraiment fait. Je crois que ça arrivera jamais, que je serais jamais témoin de ça, mais bon tant pis. J'attrape une autre boite, que j'ouvre. J'arrache l'emballage d'une capote, même si c'est pas bien, et je la sors. Et puis, je la tends à fond en direction de Maxi, et je la lâche. C'est plus fort que moi, mais quand elle atterrit sur son épaule, je me mets à hurler de rire. Je sais, il faut pas grand chose mais putain, si j'étais pas là les gens s’ennuieraient vraiment hein. On m'a déjà dit que je ressemblais à une puce de mer surexcitée, et là je crois que c'est vrai. Mais pas grave, c'est trop fendard de l'emmerder, même si il réagit pas et qu'il répond jamais à mes provocations. Je m'approche de lui, en me promettant que je l'embêterais jusqu'à ce qu'il réagisse. Un jour ou l'autre, ça arrivera bien ! Je le prends par le cou et je lui tapote la joue en rigolant toujours comme un idiot. « T'es génial, Maxi. Promets-moi quand même de baiser avant la fin de l'année, hein. »

SUPERMARKET ♦ 14:12 la règle du jeu n’a pas changé, quand nous étions gamins ce qu’on pouvait appeler taquinerie, s’appelait maintenant perversion. vous savez ce que c’est la perversion ? c’est qu’une affaire de goût, comme la bouffe chinoise, on aime ou on aime pas. n’empêche que quand on est chinois on a pas le choix.

Ce jour là, César et Nemo avaient décidé de trainer Max dans un supermarché. VDM! Ils allaient sûrement faire tout un tas de connerie que lui, s'interdisait de faire, comme d'habitude. Renverser des boites de conserves, bouffer des chips sans les payer, faire une bataille de fruit, ça, c'était bien leur truc. Et puis Maximilian les regardait faire, comme à chaque fois. C'était assez drôle de les voir se taper dessus comme ça aussi, en tout cas, lui, ça le faisait bien rire. Mais Nemo n'était pas vraiment d'humeur cet après-midi là, ça se voyait à sa tête, et c'est bien pour ça que Max se disait qu'ils allaient passer une journée pourrie à glander dans des rayer. Finalement monté à bord d'un caddie, Max se fit pousser par César jusqu'à l'entrée du super-marché. Il essaya d'aller le plus vite possible, mais ce n'était pas assez au goût de Max, qui criait désespérément et comme il le pouvait :

« - PLUS VITE !! ALLLEEEEEEEEEEEZ, PLUS VITE !! »

Autant dire que leur entrée dans le magasin fut assez remarquée. Arrivé à l'intérieur, Max se dirigea directement dans le rayon qui l'intéressait : le rayon des jeux, des peluches, des livres, et aussi celui des DVD. Là, au moins, il était plus qu'heureux. Il n'avait même pas calculé que César et Nemo ne l'avait pas suivi, mais à vrai dire, il s'en fichait plus qu'autre chose. Il parcourut les rayons avec des yeux de gosses, dans l'espoir qu'un jour, tout ce qu'il voyait lui appartiendrait, que tout le rayon allait se retrouver, un jour, dans sa chambre. Bien sûr, Max savait que sa chambre ne serait pas assez grande, alors il achèterait le magasin entier, ferait évacuer tout ce qui ne l'intéressait pas : les croquettes pour chien, le PQ, la bouffe en général, et ferait un super-marché rien que pour lui. Ouais, ça c'était un plan cool -et pas cul, voyons !-. En attendant, il ne pouvait qu'en rêver, puisque tout ça n'était qu'une fiction dans sa petite tête de rêveur. Ses yeux brillaient, et un sourire de bête garçon apparut sur son visage. Il ne pouvait pas s'en empêcher, c'était plus fort que lui, il fallait qu'il regarde la moindre nouveauté, touche la moindre peluche, et teste tous les jeux-vidéos proposés en magasin. Maximilian se posa fnalement pour lire un livre. Mais pas n'importe lequel, c'était un livre retraçant la vie de Superman. Sa vie, il la connaissait par cœur, sur le bout des doigts, mais il avait besoin de la relire, juste pour se rassurer qu'en quelques mois, elle n'avait pas changé du tout au tout. Clark Kent, de son vrai nom, fils adoptif de Martha et Jonathan Kent, et fils biologique de Jor-El et de Lara Lor-Van. J'vous passe les détails des pouvoirs de Superman, et de sa mort aussi. Arf, la mort de Superman, un vrai drame dans la vie de Maximilian. Doomsday, si un jour Maxi le croisait, il.. il.. non, rien. Il ne pouvait rien faire, n'étant pas un superhéros, tout devenait compliqué. Maximilian fut sorti de ses pensées par César, qui l'observait, depuis un petit moment déjà.

« - Viens voir la pucelle, faut que je t'offre un truc. »

Oh putain, cool. Max adorait les cadeaux, mais venant de César, c'était quand même un peu suspect. Maximilian le suivit, comme à son habitude. Il avait gardé son livre dans la main. Ce livre, en fin de compte, c'était un peu comme le paquet de chips de César, ils l'utilisaient un peu chacun avec leur propre façon. L'un pour le plaisir de la bouffe, et l'autre pour le plaisir de lire la vie d'un superhéros qui ne fait qu'exister dans le cœur de Max. Nemo avait du partir, puisque César et Max étaient désormais seuls dans la rayon des dentifrices. Pourquoi César avait-il emmené Max dans ce rayon d'ailleurs ? Il savait que ses dents n'étaient pas vraiment d'une blancheur et d'une propreté extrême, mais après tout, celle de César n'étaient pas mieux. César saisit une boite bizarre, et l'envoya dans les mains du jeune homme. C'était quoi cette connerie encore, un pistolet en plastique fluo ? Max ne réagit pas vraiment, après tout, César était prévisible, se foutre de la gueule de son pote, il était doué pour ça.

« - T'es génial, Maxi. Promets-moi quand même de baiser avant la fin de l'année, hein. »

C'était quand la fin de l'année déjà ? Ah, ouais, dans approximativement neuf mois, pile le temps qu'il fallait pour concevoir un bébé didon.

« - Baiser, t'as que ce mot à la bouche toi. »

Maximilian enleva la capote que César lui avait foutue sur l'épaule, puis relança la boite bizarre dans les mains de son ''propriétaire''. Il avait qu'à baiser, lui, et laisser Max là où il était.