Quelle bonne surprise de voir le frigo vide quand on veut manger un encas le matin! Mon air fatigué constata rapidement qu'il n'y avait plus rien dans le frigo, plus de lait, plus de laitage tel que les yaourts, et dans les placards? Plus de brioches ou de biscottes. Ismaël n'avait pas plaisanté en disant que si je ne faisais pas les courses – c'était mon tour de semaine – il n'irait pas à ma place. Faut dire, à chaque fois je mettais cette corvée sur ses épaules prétextant que j'avais trop de travail et que je ne pouvais pas tout faire. Je marmonnais quelques injures avant de prendre ma veste et de prendre mon sac, si je voulais manger il fallait que je me déplace jusqu'à la supérette du coin pendant que monsieur coupait les cheveux à une cliente. J'aurais bien voulu passer à son salon en m'apitoyant devant lui, déclarant que je mourrais de faim et que ce n'était pas spécialement bien de laisser une femme enceinte de trois mois sans nourriture à porter de main. Ce pendant, je me ravisa, il m'enverrais paitre en disant que c'était mon problème et que j'aurais du faire les courses avant de me retrouver sans rien à grignoter. Je le connaissais par cœur à force mon petit Ismaël. Prenant l'ascenseur, il ne me fallut que quelques minutes pour sortir de l'immeuble.

Dans la supérette, quelques personnes, sans qu'il y ait foule non plus. Je n'emmenais jamais de liste toute faite, je faisais au feeling, ou plutôt je prenais ce qui me plaisait en prenant soin de prendre de la viande cacher pour Ismaël, étant juif. Je ne devais pas me tromper sinon j'aurais le droit à une crise en rentrant à l'appartement comme quoi il était incompris. Moui, ça arrivait souvent. Prenant un panier en plastique, je me dirigeais vers quelques rayons. Premier rayon, les pâtes et tout ce qui s'en suivait. J'avais une envie de pâtes pour ce midi et ainsi je pris un paquet de spaghettis et rien que pour moi. Ismaël ne rentrerait surement pas, préférant déjeuner à l'extérieur comme tout les midis, c'était rare que l'on se retrouvait à la même table. Pour une fois que j'avais pris un jour de congé il aurait pu faire un effort pour rentrer mais non. Je crois qu'il ne valait mieux pas que je me demande pourquoi il refusait de revenir me voir. Puis, je pris le rayon des petits déjeuners. J'avais de la chance que mon estomac ne criait pas encore famine, sinon j'étais persuadée d'avoir tous les regards sur moi. Tandis que je prenais des biscuits, des céréales et de la brioche, mon regard se porta sur une petite silhouette qui devait épier quelqu'un. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre qui s'était, ce gamin Ismaël l'avait gardé plein de fois, et quand une fois j'étais rentrée du travail plus tôt et que je l'avais vu faire des mèches de couleurs et une coupe un peu trop court je n'avais pas pu m'empêcher de le traiter de tous les noms et que l'on allait se faire tuer et lui... Il avait rit, disant que ça allait à merveille au petit garçon... Ce qui n'avait pas du tout plu au père, je m'en rappelais encore, je ne savais plus où me mettre. Je l'avais gardé à mon tour de temps à autres, à croire qu'il préférait me le confier plutôt qu'à Ismaël, ce que je comprenais. Note à moi-même: ne jamais rester très loin de mon enfant quand Ismaël est dans les parages pour ne pas retrouver ma progéniture affublée d'une coupe étrange. Je me mis derrière le petit garçon avant de signaler ma présence. On se connaissait et il m'avait fait plus d'une fois tournée en bourrique. « Matty, je peux savoir ce que tu fais tout seul? » Trois ans et demi et très rusé, je devais me méfier à tout moment.

Au bout de quelques instants, je posa mon regard dans la direction qu'il épiait et vit son pauvre père. Oui pauvre, je le plaignais d'avoir un enfant aussi malin et qui vous faisait tourner dans tout les sens. Je pris la main du petit garnement rapidement avant qu'il ne s'échappe puisqu'il avait vu ma détermination dans mon regard en déclarant un: « Non Lily! » Oui, il m'avait toujours appelé par mon prénom, mais là je ne céderais pas, dommage pour lui, je voulais mon petit-déjeuner et il retardait mon petit moment de plaisir! Je m'approchais de son père avant de m'arrêter derrière lui et de déclarer dans le plus simple appareil: « Je crois que tu as perdu quelque chose... » Fis-je avant de poser mon regard sur Matty qui essayait tant bien que mal de se débattre pour partir loin. Dommage pour lui, j'avais une force de poigne.