Ses yeux demeuraient fixés sur la scène qui se déroulait de l'autre côté de la rue. Par simple besoin de changement, Elias avait décidé de se rendre à l'université à pieds. Raison pour laquelle il s'était levé bien plus tôt qu'à l'accoutumée, le trajet étant assez long. Evidemment, il n'avait pas prévu qu'un froid glacial viendrait piquer chaque parcelle de son corps dès qu'il mettrait un pied dehors. Malgré ce, il ne voulait pas changer d'avis et opter pour la facilité. Ca aurait été trop mal le connaître. Quoi qu'il fasse, Elias allait au bout. Et même si cela impliquait des conséquences qu'il pourrait toutefois éviter. Qu'importe. Têtu ou simplement persévérant, les avis divergeaient au sein de son entourage. Les mains dans les poches et le col de son manteau relevé, le jeune homme attendait patiemment au milieu d'une petite foule compacte que le feu pour piéton débute son compte à rebours (* ça c'est pour les feux américains, vous c'est vert hein ?!). Sur le trottoir d'en face, il observait avec force concentration, un père et son fils, main dans la main, qui attendaient également. A en juger par son cartable sur le dos, son père devait probablement l'amener à l'école. Un instant, Elias se prit à penser comment aurait été sa vie s'il avait eu la chance d'avoir un père. Car oui, il considérait ne pas en avoir réellement eu. Ce dernier ne lui avait rien apporté sinon de la peine et des questions sans réponse. Alors mieux valait faire comme s'il n'avait jamais existé. Mais, malgré tout, il ne pouvait s'empêcher de penser à lui dans ses moments les plus sombres ou lorsque le père d'untel surgissait dans une conversation. Sa mère n'avait jamais refait sa vie et, même si c'était triste à dire, c'était peut être mieux comme ça. Elias avait grandi sans modèle, certes, mais il avait sa propre conception du monde. Puis, ses questions sans réponse ne l'avaient pas prédisposé à devenir un homme curieux, loin de là même. Quelques bousculades vinrent le sortirent de sa rêverie. En quelques secondes seulement, la foule venait de se détacher de lui comme un papillon de son cocon. Sans difficulté ni regard en arrière. A son tour, Elias suivit le mouvement et adressa un simple sourire au petit garçon qui le croisait, mais ce dernier ne croisa même pas son regard ni ne sembla relever sa présence furtive. Le jeune homme poursuivit son chemin, tentant de se concentrer sur autre chose pour éviter de tomber dans une spirale infernale. Celle-là même qui, de toujours, le renvoyait sans cesse à son point de départ. Pourquoi son père était-il parti ? Etait-ce à cause de lui ? Autant de questions auxquelles aucune réponse ne faisait sens. Et ce serait ainsi pour toujours très certainement. Parfois, il lui arrivait même de se demander s'il ferait la même chose une fois père de famille. Dénigrerait-il ses responsabilités ou bien, tenterait-il d'effacer définitivement ce passé qui revenait trop souvent le hanter. Conscient que ces questionnements n'étaient pas partis pour cesser, le jeune homme fronça les sourcils en signe d'énervement et accéléra le pas. Non. Il ne serait pas d'humeur aujourd'hui. L'université était vide à cette heure-ci, les cours ne commençant que plus tard. Mais il ne venait pas pour cela, plutôt pour prendre son travail à la bibliothèque du campus. Un travail étudiant qu'il avait commencé dès son entrée à l'université et qui, malgré des horaires parfois excessives, lui permettait de payer ses études ainsi que tout le reste. Il ne dépendait que de lui-même et il n'en était que plus fier. Ce matin, les heures passaient relativement vite. A tel point qu'il paru surpris de constater qu'il était déjà temps de partir. Elias déborda tout de même de quelques minutes, le temps de finir ce qu'il était en train de faire. De toute manière, il n'avait rien prévu pour la soirée à venir, June étant par ailleurs attendu à une soirée. Le chemin du retour lui paru bien plus long, surtout depuis qu'il s'était rendu compte avoir sauté le déjeuner. Bien que la ville de Lewis soit petite et dépouillée de nombreuses enseignes, ses habitants pouvaient au moins se targuer de compter quelques Starbucks. Elias croisa l'un d'eux et s'y engouffra sans plus attendre. A première vue, il n'était pas le seul à avoir eu cette idée. Le café était plein et les serveurs débordés. Une fois sa commande passée, il s'installa à l'étage. Toutes les places avaient beau être prises, le jeune homme ne se dérangea pas le moins du monde pour demander à un couple de lui céder la place, ces derniers ayant terminé. Et le ton de sa voix n'engageait à aucune autre réponse que " Oui, sans problème. ". Elias s'apprêtait enfin à attaquer sa montagne de muffins lorsqu'il aperçu un visage familier. Une jeune femme qu'il n'avait fait qu'apercevoir en présence de June. C'est à peine s'il se souvenait en quelles occasions. Bref. Le sourire aux lèvres, il lui fit un petit signe de la main pour lui indiquer la place libre en face de la sienne, et sitôt qu'elle se fût rapprochée, il lui adressa quelques mots histoire d'être sûre qu'il ne se trompait pas.

" Lily, c'est bien ça ? "

Pause déjeuner. Ce n'était pas la faim qui me tiraillait. J'étais restée à mon bureau toute la matinée, j'avais même failli m'endormir à un moment donné, à croire que depuis que j'avais appris que j'étais enceinte les symptômes se manifestaient de plus en plus. J'étais à moitié endormi quand un des éditeurs était venu me voir pour que j'aille lui chercher un café, manque de chance pour lui je n'étais pas forcément de bonne humeur et vu le froid qu'il faisait dehors j'avais vraiment pas envie de sortir. Pourtant j'avais bien levé mes petites fesses et pris ma veste pour aller lui chercher son café qu'il voulait tant, il ne pouvait pas se servir de la machine? Non, je devais aller en bas, dans la rue prendre un café à neuf heures du matin où tout le monde se bousculait. Il allait me le payer. Une demi-heure plus tard, j'étais de retour lui posant son café qui avait refroidi, et vu sa tête, j'aurais du prendre une photo. Je lui avais déclaré que s'il n'était pas content, il n'avait qu'à aller le chercher soi-même. Les trois heures suivantes passaient lentement et j'avais vraiment envie de dormir, c'était dingue, si j'avais posé ma tête sur mon bureau, je me serais endormie directement. Helas, je ne pouvais pas, imaginer quelqu'un dormir pendant son travail était carrément impensable, et surtout, c'était très mal vu. Déjà que j'avais un job, il manquerait plus que je le perde!

J'enfilais de nouveau ma veste avant de prendre mon sac pour aller manger un bout, du moins, avaler quelque chose. La faim n'était pas présente, et je n'avais pas spécialement envie d'un super grand plat pour me remplir la panse, ainsi, je préférais faire un tour au Starbuck pour grignoter quelques viennoiseries. J'avais traversé la rue assez rapidement avant de me retrouver dans le Starbuck où l'air chaud me réchauffa assez rapidement. Beaucoup de monde, cela ne m'étonnait même pas, vu que c'était l'heure de pointe. Je fis la queue comme tout le monde avant de commander un chocolat chaud, et trois grands cookies... Si mon meilleur ami me voyait, il me taperait sur la tête en disant de manger plus. Il était toujours derrière moi, aux petits soins, surveillant tout ce que je faisais. Je pris ma commande, paya et cherchais des yeux une table qui pouvait être libre... en vain, je soupirais avant de voir un visage qui ne m'était pas inconnu, la personne me fit même signe de m'approcher. Qu'est ce que je perdais dans l'histoire? Je mangerais au moins assis et sans doute avec une personne que je connaissais plus ou moins mais que mon esprit embrumé ne voulait pas me dire qui c'était. Je m'approcha avec mes petites consommations avant de me poser devant lui. « En effet c'est ça. » J'arquais un sourcil avant de me rendre compte que si je le connaissais, c'était le petit ami de June si mes souvenirs étaient corrects. « Euh.... » J'essayais de me rappeler de son prénom avant d'avoir une illumination. « Elias? Vous êtes le petit ami de June non? » Je l'avais vouvoyé, d'un côté je faisais toujours preuve d'une certaine politesse, mais bon il devait être environ dans le même age que moi, ou un peu plus vieux, sans plus.

Je vis sa montagne de muffins devant lui et je me demandais comment il pourrait avaler tout ça. Rien que de voir tout ceci, cela me filait la nausée, mais j'essayais de ne pas y pensée avant de boire quelques gorgées de mon breuvage chaud, puis de reposer la tasse. « Votre estomac arrive à supporter tout ça?! » Je n'avais pu m'empêcher de lui poser la question, au moins on pouvait dire que lui avait de l'appétit, ce qui n'était pas mon cas, je me demandais même si j'allais arriver à manger mes divers cookies.

C'est à croire qu'Elias se délectait du spectacle que lui offrait les passants morts de froid, plus bas dans la rue. Lui-même avait bravé cette horrible température une demie-heure durant, à présent il regardait les autres avec un regard revigoré. Ce n'était probablement pas la meilleure occupation qui soit mais, compte tenu de sa mauvaise humeur, cela lui convenait parfaitement. Et, en tous les cas, le Starbucks demeurait son lieu de prédilection. Les allers et venues de dizaine de personnes, les gros fauteuils, les discussions normales tantôt philosophiques, le large choix de boissons; toutes ces raisons faisaient qu'Elias privilégiait cet endroit plutôt que tous les autres. Lui qui aimait entamer la conversation avec de parfaits inconnus, c'était évidemment l'endroit idéal. Et confortable en plus de ça. Qu'aurait-il pu demander de plus ?

Ici, le temps filait toujours à une vitesse impressionnante. Ou peut-être était-ce Elias qui, perdu dans ses pensées, ne prenait plus le facteur temps en ligne de compte. Car il était bien capable d'observer la rue et ses environs pendant des heures. Cette fois pourtant, ce ne serait pas le cas. Dès qu'il eut aperçu ce visage plus ou moins familier, le jeune homme n'hésita pas à lui faire signe. De toute manière, l'endroit était plein et les places libres se comptaient sur les doigts d'une main. Puis, à dire vrai, il était bien tenté de faire connaissance avec celle qu'il n'avait fait que croiser jusqu'alors. Certes, Elias ne prétendait pas à connaitre chaque personne qui, de près ou de loin, croisait son chemin mais en savoir un minimum sur chacune d'elle lui semblait être censé.

Son sourire s'élargi lorsque Lily lui répondit. Une chance qu'il ne se soit pas trompé, le cas échéant il aurait eu l'air d'un parfait idiot. " Le petit ami de June ". Cette remarque ne cessait de le faire sourire. Ce n'était pas la première fois qu'on l'identifiait comme le " petit ami de June ". Et il ne pouvait blâmer personne pour cela. Quoique .. il paraissait certainement plus méfiant voire carrément pas amical lorsque cette remarque émanait d'un homme. A croire que c'était lui le nouveau venu et non l'inverse. Et pourtant. Mais, il aurait été inconcevable ou même irréaliste de penser être connu de tous. Elias n'avait jamais rien fait dans ce sens en tout cas. Et il n'était pas de ceux à avoir eu une brillante réputation à l'époque du lycée. Il n'avait pas fait partie de l'équipe de football américain ni de celle de basket-ball. En fait, il s'était plutôt fait discret, souvent rendu mystérieux et inaccessible. En tous les cas, cela avait eu son petit effet auprès des filles et, évidemment, Elias s'était conforté dans cette voie. Epoque révolue. A présent, il continuait son bonhomme de chemin et ne trouvait rien à redire à propos de cette remarque. Et comment ne pas esquisser un sourire à l'évocation du prénom de sa petite amie ? Il était plutôt fier d'avoir réussir à bâtir une solide relation et appréciait modestement lorsqu'on le lui rappelait.
Un sourire amusé de rigueur, Elias paru tout de même surpris que son interlocutrice emploie le vouvoiement. Et rien ne lui indiquait une raison particulière à cela. Qu'importe. Il hocha doucement la tête avant de la laisser s'installer.

" Exactement, c'est Elias .. et le petit ami de June. "

Plutôt amusé par sa remarque précédente, le jeune homme reprit même ses mots. Il n'y avait là rien de méchant. En réalité, Elias imaginait, à tort ou à raison, que cela permettrait d'aborder la conversation avec simplicité. Tout ce dont il avait besoin aujourd'hui. Simplicité et tranquillité.
Distraitement, Elias grignotait un muffin aux blueberries, son favori. Puis, en apercevant le regard étonné de Lily, il esquissa à nouveau un sourire. Il n'y avait pas pensé plus tôt mais sa montagne de muffins avait de quoi susciter quelques interrogations. La gourmandise était probablement le plus grand de ses pêchés, la salle de sport son confessionnal.

" Oh, en fait c'est mon premier 'repas' de la journée .. mais je t'avouerai que j'ai toujours eu un faible pour les muffins .. enfin, tu as dû t'en douter ! "

Se redressant légèrement de son fauteuil, Elias reposa le restant de son muffin et saisi la anse de sa tasse encore brûlante. Puis, visiblement gêné, il s'empressa de mettre au clair un petit point qui, parfois, pouvait prêter à confusion.

" Excuse moi, ça ne te dérange pas si je te tutoie ? "

Je ne l'avais croisé que quelques fois, souvent quand j'étais en compagnie de June. Elle était heureuse avec lui, cela se voyait et moi cela me rassurait. Je me rappelais encore quand j'avais découvert une fille toute perdue dans la ville de Lewis, on avait très vite sympathisé et elle était devenue un grand soutient dans ma vie. Elias, je le connaissais à peine, mais je sentais l'amour sincère qu'il portait à mon amie et cela me suffisait pour savoir que c'était un type bien. J'étais assez silencieuse pourtant en sa présence, peut-être que cela m'intimidait de n'être qu'avec lui. Je ne connaissais aucun de ses centres d'intérêts, je ne connaissais rien de lui tout simplement et cela n'était pas facile pour engager une conversation. Ainsi, je sortis les prétextes des muffins, c'était stupide mais au moins cela pourrait dériver sur des sujets plus passionnant, après tout, en généralité, quand on parlait de quelque chose, on dérivait toujours sur un autre sujet soit plus stupide, soit plus intelligent. Ma remarque l'avait peut-être mis mal à l'aise, surtout que je l'avais identifié directement par le lien qu'il entretenait avec mon amie, mes pensées avaient pris le dessus sur mes propos sans que je me rende réellement compte. Je grimaçais alors tandis que j'avais une gorgée de chocolat chaud. « Je suis désolée, je ne voulais pas dire ça comme ça, c'est juste que j'ai déjà du mal à me rappeler des prénoms ou des circonstances de rencontre, donc quand j'ai trouvé, je sors automatiquement ma pensée. Ce qui est disons-le, complètement stupide. » Je roulais des yeux, accueillir une personne comme ça, sans un salut qui plus est, était déplacé.

C'était une sacrée montagne de muffins qui était devant lui, et je me demandais s'il allait vraiment réussir à tout avaler, c'est là qu'il me déclara que c'était son seul vrai repas de toute la journée. Je le comprenais puisque j'étais moi-même dans ce cas, mais helas, je n'avais toujours pas spécialement faim. « Voyant la montagne devant vous, oui je ne pouvais que m'en douter. » Fis-je en tentant un léger sourire au coin. J'avais bien du mal à faire connaissance, et même si j'étais un vrai moulin à paroles quand je le voulais, cette fois-ci j'avais bien du mal à parler normalement, sans doute car j'étais trop tourmentée par mes soucis? Je croqua dans mon premier cookie avant de le manger doucement, de peur que les nausées arrivent, ce que je n'espérais pas. Il me demandait si cela ne me dérangeait pas s'il me tutoyait. C'est vrai que depuis le début lui me tutoyait, et moi je le vouvoyais, ma politesse devait avoir des limites quand même... Quoique ma mère me disait toujours qu'il fallait vouvoyer que cela paraissait plus courtois. Dans quelle siècle elle vivait? Je fis un signe négatif de la tête avant de sourire. « Non pas du tout, et j'ai l'air un peu idiote à vouvoyer quelqu'un d'environ mon âge. A croire que je vis dans l'ancien temps. » Je ris légèrement avant de manger une nouvelle fois un bout de mon cookie après l'avoir tremper dans le chocolat chaud fumant. Il y avait encore beaucoup de monde dans le starbuck, je me demandais quand la salle désemplirait. J'enlevais ma veste puisque la chaleur du lieu me suffisait pour que je sois à l'aise. Rapidement, je voulus reprendre la conversation pour qu'aucun silence gênant ne s'installe entre nous. « Et sinon, tu fais quoi dans la vie... Elias? »

Une impression de déjà-vu. Combien de fois Elias avait-il engagé la conversation avec de parfaits inconnus ? A se poser la question, le jeune homme se rendait compte avec surprise que c'est ainsi qu'il avait rencontré la plupart de ses amis. Et ainsi qu'il avait rencontré June. Cette propension à ouvrir le dialogue si facilement pouvait paraitre étrange pour quelqu'un qui se voulait discret. Beaucoup l'aurait simplement imaginé discret, n'engageant la conversation qu'au besoin. Mais certainement pas autrement. Ces gens-là se trompaient. Elias appréciait de pouvoir échanger avec n'importe qui, sur n'importe quel sujet.
Ce n'était toutefois pas le cas avec Lily. Par le passé, il avait déjà eu l'opportunité de lui parler même si ils avaient dû se parler deux minutes en tout et pour tout. Au final, ils ne connaissaient rien l'un de l'autre. Aujourd'hui serait peut-être l'occasion d'en apprendre plus et pourquoi pas de se trouver des points communs. En tous les cas, c'est ainsi que le jeune homme imaginait les choses. Non sans une certaine simplicité il est vrai.

Sans que son sourire de rigueur ne quitte son visage, Elias se demanda subitement s'il n'avait pas mis son interlocutrice dans l'embarras. Il semblait ne pas prendre au sérieux le fait qu'on l'identifie comme étant le petit ami de June mais en reprenant ses mots, l'interprétation de Lily pouvait être différente de la sienne. Aussitôt, Elias corrigea le tir en lui adressant un petit signe de la main pour lui signifier qu'il n'y avait aucun mal.

" Non ne t'en fais pas, vraiment. Ca ne me dérange pas le moins du monde quand il s'agit de June. "

Honnête. Dans une si petite ville, mieux valait être identifié ainsi plutôt qu'autrement. Les surnoms et autres références douteuses ne manquaient pas dans une ville où les ragots avaient une fâcheuse tendance à se propager à vitesse grand V.
L'amoncellement de muffins sur la petite table avait de quoi impressionner. Lui-même se surprenait à tout manger car il y parvenait sans difficulté. Et il parvenait à garder la ligne. Le cas échéant, une remarque de June à ce propos aurait eu tôt fait de le remettre dans le droit chemin.
Durant quelques instants, Elias se fit silencieux, laissant ainsi Lily goûter à son coolie. Lui-même faisant de même avec son muffin. Mais, fidèle à lui-même, il ne tarda pas à lui en désigner un, le pouce levé pour lui signifier combien il valait d'être goûté. A ce niveau-là, Lily pouvait lui faire confiance, Elias étant un vrai amateur de toutes ces gourmandises.

" Pourquoi pas après tout ? Je suis sûr qu'on se serait tous plu à vivre comme avant, vu notre penchant avéré pour tout ce qui est rétro. "

Qui ne regrettait pas les cassettes et musiques disco ? Ou bien, qui ne s'était jamais laissé tenter à apprécier le mode de vie des années dix neuf cent quelque chose ? Il y avait plein de films pour en tout cas. Bref. Amusé, Elias finit par hausser les épaules, sinon capable de partir dans cette direction avec auto-dérision. Lily lui offrit justement l'occasion plus sérieuse de poursuivre la conversation.

" Pour le moment, je suis étudiant en management .. encore quelques mois et je serai diplômé. Et toi ? Tu es aussi à l'université ou bien pas du tout ? "