coqueline

Quelle feinte! J'avais enfin réussi à échapper un peu à la surveillance de Ismaël. Depuis deux ans, il me posait toujours les mêmes questions: tu vas où? Avec qui? Tu rentres à quelle heure? Appelle-moi quand tu arrives... Il avait vraiment peur de me perdre et même si cela était touchant, je commençais à étouffer. Je ne pouvais pas lui dire de me lâcher, je ne voulais en aucun cas le blesser... Ainsi, ce soir j'avais décidé de partir avant qu'il rentre à l'appartement. Bien entendu, je lui avais laissé un gentil petit mot disant: « je suis partie pour la soirée. M'attends pas pour manger, tout est prêt. Bisous. L. » j'imaginais déjà sa réaction en voyant se petit papier griffonné, il prendrait son téléphone et essaierait de me joindre pour savoir où exactement j'étais partie. Manque de chance j'avais éteint mon téléphone et je savais qu'en rentrant j'aurais le droit à la pire leçon de moral de ma vie. Or, là n'était pas à la morale mais à la fête. J'avais réellement besoin de me changer les idées, entre ma liaison avec mon patron, ce statut de stagiaire qui durait trop longtemps à mon goût et le fait que j'étais sans doute enceinte – chose que je ne voulais absolument pas vérifié par crainte que cela soit positif - , j'avais besoin de respirer. J'avais enfilé une robe rouge et mettais coiffé sans l'avis de mon petit expert, moi je me trouvais jolie ainsi et je comptais bien tout faire pour casser cette image de fille gentille et parfaite. Si mes parents me voyaient, ils croiraient que le diable avait pris possession du corps de leur fille. Je me rappelais encore quand mon père décrétait que ma jupe était trop courte, que c'était indécent, qu'il fallait que je porte une veste, non pas de maquillage. Depuis que j'étais aux Etats-Unis je laissais fleurir la jeune femme qui était en moi. Talons, robes, tout y passait à mon plus grand bonheur.

J'avais pris un taxi, ne me sentant pas apte à conduire en ce soir, et il m'avait fallu environ vingt minutes pour rejoindre une boîte de nuit assez sélective du coin. Sans le savoir, j'avais pu rentrer rapidement et la musique qui tapait dans mes oreilles me faisait comprendre qu'il était tant d'oublier toutes ces vilaines idées qui s'emparaient de mon cerveau. Il était temps de se lâcher jeune fille, me disais-je à moi-même. Je me dirigeais vers le bar, voulant faire fureur dans ma robe rouge et je m'y accoudais avant de sourire à un serveur qui avait environ dix ans de plus que moi. « Je voudrais une vodka. » Il n'avait pas bronché, me la servant avant que je lui tende quelques billets et je commençais ) la boire. Trop vite, aux gouts de certains, pas assez vite au goût des autres mais à la vitesse normale pour moi. Je posais mon verre vide sur le comptoir avant de me diriger vers la piste de danse. J'avais un réel besoin de me défouler et ainsi je commençais à me déhancher au fil du tempo de la musique que l'on jouait. Rapidement un garçon vint se coller un peu trop près de moi, mais tant pis, ce soir je ne jouerais pas la sainte nitouche, non je laisserais l'ivresse me prendre et je ne me soucierais de rien jusqu'au bout de la nuit. Ses mains sur les hanches, je continuais de danser au fil de la musique. Il était mignon lui, je ne pouvais m'empêcher de sourire, avant que la musique ne se termine. Tant pis pour lui, pas de deuxième danse, j'avais vraiment mal aux pieds avec ses chaussures, quelle idée! La réalité commençait à me reprendre, autant prendre un autre verre avant de sentir un poids sur ses épaules. Marchant de nouveau vers le comptoir je fis signe au loin au serveur de m'en remettre une, je voyais certaines personnes me regarder. Et alors? Jalousie? Sans doute, je m'en moquais éperdument, si seulement une de ces personnes n'avaient cesse un soupçon de ce que j'avais vécu, alors oui là je m'arrêterais, mais ce n'était pas le cas, entre les bimbos en plastique et les filles en proie juste à des histoires d'un soir pour se la péter, je me considérais comme la moins désespérée. J'allais prendre mon verre quand quelqu'un le pris à ma place. « Eh! » Je me retournais pour voir que c'était un homme, plus âgé que moi, une dizaine, voir presque une quinzaine d'années que moi et il me piquait mon verre! Non mais il n'était pas gêné. « Je vous signale que ça, c'était mon verre, et que je ne paye rien aux inconnus! » Je fronçais les sourcils avant de voir qu'il me rendait mon verre, vide. C'était de la provocation? Je ne voulais que personne ne me gâche cette soirée, et ce n'était pas lui qu'il allait le faire.

LILY & MAËL

Depuis son arrivée à Lewis, Maël avait passé la majorité de ses soirées dans sa chambre, au motel. Parfois sobre, parfois défoncé, souvent seul, rarement accompagné. Soucieux de conserver son monticule de secrets bien au chaud, il évitait de se mêler à la population de ce village. Population qu'il savait un peu trop curieuse et friande de ragots et autres rumeurs. Aussi, il fuyait tous ces habitants en qui il était loin d'avoir confiance, sans même se rendre compte que c'était en fait de lui-même qu'il se méfiait. Il se connaissait et craignait, sous l'effet de l'alcool ou de toutes autres substances plus ou moins illégales, de céder à l'attrait non négligeable qu'offrait la confidence. Il savait à quel point sa propre langue pouvait être bien pendue. Eh oui ! Il n'était pas né à Lewis pour rien et malgré la répugnance qu'il affichait à l'encontre des habitants de cette ville, il leur ressemblait bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Ce soir-là était différent cependant. Maël ressentit l'imperceptible besoin de bouger, de faire quelque chose de sa soirée, d'abandonner sa chère cocaïne et ses chers bouquins, de fraterniser avec "l'ennemi". Aussi, après avoir longtemps lutter contre cette soudaine et incompréhensible envie de changer ses petites habitudes, il abandonna son lit et s'enferma dans la salle de bain. Encore une fois, il fit durer le temps qu'il passa sous la douche, tentant tant bien que mal de se faire entendre raison. Hélas, Lehman était Lehman et rien ni personne ne pouvait aller à l'encontre de l'être contradictoire qu'il était. Pas même une douche glaciale ! Finalement, il s'habilla docilement d'un simple tee-shirt d'un blanc immaculé et d'un pantalon noir, enfila rapidement une veste et déserta sa piaule.

Maël tourna deux fois la clé dans la serrure, fourra les mains dans ses poches et une question primordiale s'imposa bientôt dans son esprit. Où sortir un vendredi soir à Lewis ? Quel divertissement cette stupide ville pouvait bien offrir ? Il était de notoriété publique que Quinn répugnait les bars et détestait les boîtes de nuit plus que tout autre chose. Logique. Un homme solitaire et silencieux tel que lui, accroc au calme ne pouvait que difficilement apprécier de tels endroits. Néanmoins, il était conscient qu'il n'avait guère plus de choix. Lewis n'était pas Los Angeles et le choix s'offrant à lui était plutôt restreint. Il existait bien une alternative : prendre la magnifique voiture garée devant le motel et conduire jusqu'à Brownsville où l'attendait plusieurs endroits bien plus attrayants. Toutefois, Maël balaya très vite cette dangereuse option et s'interdit de céder à la tentation. Il savait le mal qu'il aurait à retourner à Lewis s'il lui arrivait une nouvelle fois de mettre les pieds en dehors de la ville. Il détestait ce village et se rappelait encore l'horreur qu'il avait connu lorsqu'il s'était vu obligé d'y retourner. Finalement, l'homme poussa un long soupir résigné et se décida pour l'endroit le plus proche du motel et encore ouvert à cette heure tardive de la nuit.

Moins d'une demi-heure plus tard, Maël se retrouvait accoudé à un bar, un mojito dans une main, une cigarette dans l'autre. Après plusieurs minutes pendant lesquelles la tentation de fuir purement et simplement cet endroit s'était imposé dans son esprit, il s'était finalement résigné à profiter de sa soirée. Il était là pour ça, non ? Aussi, avec un petit sourire à la fois arrogant et amusé, il observait une bande d'adolescents côtoyer gaiement un troupeau de trentenaires et se dandiner tels des primates au son d'une affreuse musique tapageuse. Son regard tomba alors sur une blondinette vêtue d'une simple robe rouge criard dont l'unique objectif semblait d'attirer l'attention. Tirant longuement sur sa cigarette, Maël l'observa pendant plusieurs minutes, la regardant jongler entre la piste de danse, le garçon avec qui elle flirtait presque à contre-coeur et le bar. Quinn ne mit pas longtemps à comprendre ce qui avait attiré son regard chez cette demoiselle : il ne pouvait s'empêcher de constater que l'image qu'elle essayait de renvoyer ne collait pas avec le personnage. Il manquait... Quelque chose. Ou alors, elle en faisait trop. Au choix. Quoiqu'il en soit, elle était définitivement différente des jeunes femmes qui occupaient la piste de danse à ses cotés. Quand la jolie inconnue s'approcha une nouvelle fois du bar, Maël abandonna son mojito et se glissa agilement jusqu'à la jeune femme. Là, il s'empara nonchalamment du verre destiné à celle-ci et le vida d'une traite sous ses yeux. S'amusant du regard offensé que la demoiselle lui lança, Lehman souris simplement et répondit sur le ton de la conversation.

- Ce qui est loin d'être mon cas. Je t'offre un verre ?

Il n'était pas vraiment dans les habitudes de Maël d'aborder qui que ce soit. Mais bon... Cette soirée en elle-même était en totale contradiction avec ce qu'il faisait habituellement. Autant jouer le jeu jusqu'au bout. Et puis, cette demoiselle l'intriguait et il avait toujours fait en sorte de satisfaire sa curiosité.

- Et puisque le petit souci de l'identité semble important à tes yeux... ajouta Maël d'une voix amusée qui parvenait à couvrir l'horrible tintamarre provoqué par la musique, je m'appelle Maël.

D'accord, je ne m'attendais pas à un tel rebondissement. J'entendais déjà la voix de Ismaël se faire dans ma tête: ''Tu n'acceptes jamais de verres provenant d'inconnus! On ne sait jamais quelle merde ils peuvent mettre dedans''. Pourquoi est-ce que j'avais toujours des phrases aussi stupides dans ma pauvre tête? A croire que ma conscience préférait prendre le dessus sur mon insouciance. Moi, j'avais envie de jouer avec le feu, le danger et tout ce qui s'en suivait. Je suis sure que si je me regardais dans un miroir à l'instant précis, je me dirais qui était cette pauvre fille qui voulait qu'on l'a remarque pour un rien. Je faisais peut-être pitié, mais tant pis, ce soir c'était le soir où il fallait se vider la tête. Je toisais du regard l'homme qui me proposais de m'offrir un verre. Je ne savais pas encore, cette stupide conscience me donnait la migraine et surtout d'entendre à répétition la voix de mon meilleur dans ma tête. Après ma bêtise, de tentative de suicide, il m'avait fait une espèce de liste pour que je gère ma vie. Comique lui, mais j'avais vingt-deux ans et je pouvais faire ce que je voulais merde! J'étais majeure et vaccinée. Je me demandais même s'il ne serait pas en train de me chercher dans les rues de Lewis complètement paniqué avec une photo de moi en disant: vous ne l'auriez pas vu? Mon dieu, bientôt je finirais avec une laisse autour du cou et je n'aurais pas le droit de sortir sauf quand il en déciderait. J'allais étouffer pour finir. Je fis alors un simple sourire avant d'acquiescer vers l'inconnu. « Pourquoi pas? Ce sera donc une vodka pour moi, puisque vous venez de la boire devant mes yeux. »

Maël... Ça ressemblait beaucoup à Ismaël, c'était une simple coïncidence ou le signe du ciel que je devais retourner voir mon meilleur ami ? Je voulus me taper en disant que c'était n'importe quoi, qu'il s'appelait juste Maël et c'était tout. Oui les questions d'identités avaient toujours eu un réel problème pour moi, je ne parlais jamais aux gens dont je ne connaissais pas un minimum de chose – ça aussi c'était une idée de mon meilleur ami – et à force je me demandais comment je pourrais faire de nouvelles connaissances, sachant qu'il fallait toujours un point de départ? « Désolée de paraître si vieux jeu, je ne suis pas comme la plupart de ces filles... » fis-je en pointant mon doigt dans la direction de la piste de danse « ...qui emballent des hommes sans même savoir leurs prénoms ou leurs âges. » Bam. Je commençais à revenir celle que je voulais oublier en ce soir. Je paraissais trop sage pour mon âge, je me rappelais ma grande sœur, à Londres quand j'avais dix-sept ans, le nez dans mes livres et qui me disait de sortir à la place d'être un vrai rat de bibliothèque, que j'étais pas amusante. Je savais rire, mais pas des mêmes choses en générale que les personnes normales. « Enfin je veux dire... » Je le voyais me fixer et je commençais à ne plus savoir quoi dire. Etait-ce réellement difficile d'essayer de se comporter comme quelqu'un que l'on n'était pas? Oui. C'était comme si du jour au lendemain vous passiez de la fille intellectuelle à la trainée de service. « Laissez tomber. » Je me pinçais les lèvres comme je le faisais souvent quand je n'étais pas à l'aise. Moi qui pensais me détendre en ce soir hivernal, je me retrouvais comme une potiche devant quelqu'un qui limite essayait de me sortir les vers du nez. Merde je ne pourrais jamais donc avoir la paix.

« Moi c'est Lily. » Plus sage tu meurs. Pourquoi mes parents m'avaient affublé d'un prénom pareil? Quelle idée! Je crois que c'était la première fois que je me plaignais vraiment de mon prénom, sans doute car je ne voulais plus être cet enfant sage et je commençais à l'être de moins en moins la preuve étant fait que je couchais avec mon patron qui était marié. Pas top comme premier départ je l'avouais moi-même. « En fait, je prendrais deux vodkas. » Fis-je en décidant qu'il fallait que mon cerveau se mette en arrêt afin que j'oublie réellement le monde à l'extérieur de cette boîte. Sans doute ne comprendrait-il rien au fait que je demande un verre de plus, mais qu'est ce que cela lui important? Il ne me connaissait même pas, mais aimait offrir des verres aux inconnus, donc, autant profiter non?

LILY & MAËL

Un petit sourire satisfait illumina le plaisant visage de Lehman alors que la jeune femme acceptait son offre. Et alors qu'une nouvelle vodka atterrissait devant l'inconnue, Maël commanda un second mojito afin de faire passer le goût affreux que cet alcool incolore lui avait laissé au fond de la gorge. Dernière fois qu'il cédait ainsi à ses pulsions et ingérait sans réfléchir la consommation d'autrui. Tout en sirotant son nouveau breuvage, l'homme écouta d'une oreille à la fois distraite et attentive (si si c'est possible) ce que la demoiselle avait à lui dire. Elle semblait bavarde, sans pour autant l'être ; comme si les mots se bousculaient confusément à ses lèvres sans parvenir à les franchir ; comme si ses propos fusaient dans son esprit sans qu'elle parvienne à faire le tri. Au final, elle parlait inutilement, tentant de se donner une assurance qu'elle ne possédait pas et qu'elle parvenait elle-même à détruire. Toutefois, les quelques mots proférés par cette délicate jeune femme, allèrent titiller la curiosité de Maël tout en appuyant les premières conclusions qu'il avait pu tirer en l'observant. Aucun doute, elle voulait se différencier des autres ; elle le criait même haut et fort. Mais il était évident qu'elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre. A vouloir se distinguer des autres, elle finissait par les copier et devenir aussi banale et médiocre que ces modèles auxquels elle prétendait ne pas vouloir ressembler...

Tout en jugeant soigneusement le comportement de cette nouvelle rencontre, Maël appris enfin le nom de la douce inconnue. Lily. Elle avait dit cela comme s'il avait s'agit du plus commun et du plus insignifiant des prénoms. Certes... Ce nom était loin d'être original, mais elle aurait pu lui donner un intérêt et une singularité toute particulière en le prononçant différemment ; avec plus d'enthousiasme et de persuasion. Oui, décidément cette demoiselle avait beaucoup à apprendre. En temps normal, Lehman se serait vite désintéressé de la jeune femme et aurait continué sa soirée en solitaire en quête d'une personne qui saurait l'intéresser. Mais Lily avait réussi à le surprendre et l'intriguer par son comportement peu banal et, se sentant d'humeur joviale, se décida à lui accorder un peu de son temps. La demoiselle commanda très vite une seconde vodka. Que cherchait-elle à se prouver ou à oublier ? Maël tira une fois de plus sur sa cigarette conscient que, à ce train là, Lily ne tarderait pas à rouler sous la table et à rendre son dîner. Cependant, il s'interdit la moindre remarque à ce sujet. Il n'avait pas su jouer au père modèle avec son propre fils, ce n'était pas pour le faire avec les enfants des autres. Et puis, quel âge avait elle ? Vingt ans ? Vingt-trois ? Il lui restait bien assez de temps à vivre pour apprendre à boire. Après deux ou trois nuits passées le nez au-dessus de la cuvette des chiottes et quatre ou cinq lendemains difficiles, elle apprendrait tranquillement à y aller doucement sur la bouteille. Surtout sur une bouteille appelée Vodka qui, aux yeux de Maël, était un alcool qui descendait un peu trop rapidement dans le sang. Oui, Lily possédait tout le temps qu'il fallait devant elle pour apprendre tout ça.

Sans se départir une seule seconde de son sourire, Quinn décida de s'intéresser un peu à cette nouvelle rencontre ; histoire d'essayer de comprendre ce qui la poussait à descendre ses verres de la sorte et à se comporter comme la plus banale des ados tout en cherchant à être différente.

- Dis moi... Tu sembles vouloir te faire remarquer, j'me trompe ? Alors pourquoi portes-tu une robe rouge alors que le blanc t'aiderait à te distinguer dans cette obscurité ? Maël avala nonchalamment une gorgée de son cocktail. Porte du blanc et peut-être qu'un de ces gringalets se souviendra de toi demain, même après une nuit de cuite.

Maël indiqua d'un coup de tête le troupeau d'adolescents qui dansaient sur la piste puis reporta toute son attention sur Lily. Pourquoi s'ennuyait-il à donner des conseils à la jeune femme ? Tout simplement pour essayer de lui faire comprendre que ce n'était pas en copiant les autres qu'elle réussirait à se dépêtrer de cette bulle dont elle semblait vouloir sortir. En se comportant comme tout le monde, elle ne réussirait qu'à s'enfoncer dans un océan de banalité et devrait alors se battre pour garder la tête hors de l'eau. Elle n'était pas comme la plupart des filles, disait-elle ? Elle allait devoir le prouver, parce qu'en ce qui concernait Maël, il était très loin d'être convaincu. Pour le moment, elle n'était qu'une pâle copie de toutes les demoiselles présentent dans cet endroit et ne se différenciait des autres que par la maladresse avec laquelle elle tentait de s'en distinguer.

Dire que j'aimais être en présence d'inconnus, serait un pur mensonge dit de ma part. Je crois que je ne me sentais pas à l'aise, non je ne me sentais pas à l'aise. La politesse et les règles que m'avaient enseignées mes parents revenaient au fur et à mesure des minutes et si cela se trouve, je courrais un gros risque en sa compagnie. Rien ne me disait que l'on pourrait voir le lendemain à la une du journal local: une jeune femme retrouvée dans un lac en morceaux. C'était un peu glauque, mais cela pouvait arrivé non? Et d'abord il avait quel âge lui? Il paraissait un peu vieux pour aborder les filles de mon âge. C'était un pervers? Je n'arrêtais pas de me poser des questions et pour ce fait je préférais avoir de l'alcool pour oublier toutes les questions qui paraissaient logiques, envahir mon esprit, sinon je ferais demi-tour. Je me connaissais, je prendrais peur et soit j'appelais Ismaël à mon secours, soit je m'enfuirais en courant, ce qui avait l'air d'être pathétique en talons et en robe dans une boîte assez connue. J'essayais donc de garder mon sang-froid, de tenir tête à celui qui me dévisageais depuis tout à l'heure. Je ne voulais pas ressembler à une personne, je voulais être moi en enlevant l'étiquette de la petite fille sage que l'on me collait sur le dos depuis que j'étais née. Pourquoi cela n'avait-il pas été ma grande sœur? Sans doute car elle, elle était magnifique, sortait aux quatre coins de Londres et avait une réputation qui faisait baver d'envie alors que moi j'étais juste une fille banale qui lisait des livres à longueur de journée. Mes parents m'avaient même demandé si je n'avais pas un problème de l'ordre social. Sérieusement, j'aurais tout entendu quand j'étais à Londres, que l'on ne me demande pas pourquoi j'étais partie avec mon meilleur ami pour faire mes études ici.

« C'est quoi cette question débile? » Fis-je en fronçant les sourcils avant de prendre le verre que le barmaid m'avait rammené. Cela lui posait-il un sérieux problème que je porte cette couleur? Et d'ailleurs c'était quoi cette allusion au fait que je voulais me faire remarquer? Bon d'accord, sur ce point, il avait bon, mais sur ma tenue! Sans doute mon meilleur ami aurait émit aussi l'hypothèse que le rouge ne m'allait pas, mais j'aimais cette robe et j'aimais cette couleur et je faisais ce que je voulais et ce n'était pas une personne plus âgée que moi qui allait me dire quoi porter sachant que je ne le connaissais même pas. Il fumait tranquillement en me regardant, sérieusement c'était peut-être lui qui avait un problème et non moi. Vu son âge il n'avait pas une belle petite femme qui l'attendait à la maison? Il n'avait pas honte?! Vu le sourire qu'il me lançait depuis tout à l'heure, je comprenais qu'il n'allait pas me laisser filer de si tôt. Je crois que j'étais vraiment dans la merde, il ne fallait en aucun cas que Ismaël soit au courant de cette soirée, mais sans doute était-il en train de faire les cents pas devant la porte de notre appartement à m'attendre avec une casserole en main. Pourquoi une casserole? Aucune idée, mais c'était l'image que j'avais en tête. « J'aime le rouge et je ne vois pas en quoi cela vous regarde. Est-ce que je vous demande pourquoi vous portez telle ou telle tenue moi? Non mais la politesse vous ne connaissez pas?! Avouez-le que vous êtes qu'un sale pervers qui veut se rincer l'œil. » J'avais lâché ça d'un coup, d'un côté je détestais qu'on critique ce que je porte alors que j'adorais la mode. En me regardant dans la glace avant de partir je m'étais décrétée que j'étais jolie et que cela le resterait pour toute la soirée et voilà que monsieur considère que je devais porter du blanc.

C'était quoi cette allusion finale? Mes yeux se firent ronds comme des billes. Je ne couchais pas avec n'importe qui et cette allusion m'énervait plus qu'autre chose. Je posais mes lèvres sur mon verre avant de boire plusieurs gorgées de vodka qui me brulait la gorge. « Sans doute que vous vous couchez à droite et à gauche mais c'est loin d'être mon cas, et de plus, je ne coucherais pas avec un de ces mecs qui sont dignes de gros porcs qui veulent juste satisfaire leur égo sexuel. Ça vous amuse de vous rendre en boîte de nuit à votre âge juste pour rire des autres? Non mais réellement, peut-être que j'ai l'air pathétique, mais vous vous l'êtes encore plus. » Le rouge me montait aux joues, il fallait que je me calme, qui sait ce qu'il pourrait me faire celui-là.

LILY & MAËL

Maël observa la jeune femme lui balancer toute sa fierté et son effronterie au visage. Un petit sourire plus qu'amusé vint sournoisement hanter les lèvres de l'homme. Sans même s'en rendre compte, Lily venait de lui donner une excellente raison de ne pas lâcher le morceau. Les insultes et les sous-entendus très explicites de la demoiselle constituaient en effet un argument très convaincant qui termina de persuader Lehman que cette soirée n'était peut-être pas tout à fait perdue. A présent, peu lui importait l'agitation et le bruit infernal de l'endroit ; Lily lui offrait là un moyen de justifier sa réputation d'emmerdeur de service, de lui faire honneur. Et, alors que la jeune femme tentait insolemment d'écraser Maël sous ses injures, l'ego déjà sur-dimensionné de ce dernier gonfla encore un peu plus au milieu de sa poitrine. Oh oui, cette jolie demoiselle allait très vite se rendre compte que plus elle essaierait de se débarrasser de Lehman, plus celui-ci s'accrocherait tel un boulet à la cheville d'un prisonnier. Une sorte de harcèlement ? Pas vraiment... Juste l'un de ses traits de caractère le plus détestable et dont personne n'avait jamais réussi à le lui en débarrasser. Et puis quoi ? Qu'avait-il dit ou fait pour mériter un tel traitement ? Il avait seulement fait remarquer à cette blondinette que le rouge, aussi criard soit-il, n'était pas la couleur la plus éclatante qui existe. Il n'y avait pas vraiment de quoi fouetter un chat. Bien sûr, Maël pouvait tout à fait comprendre les raisons qui avaient pu pousser Lily à une telle réaction. Qu'est-ce qu'un homme, la trentaine plus que révolue, venait faire dans une boîte de nuit un vendredi soir ? Pourquoi s'amusait-il à aborder une jeune femme assez jeune pour être sa fille ? Bien sûr... Tout cela était étrange et il ne pouvait la blâmer de s'être laissée entraînée dans des conclusions hâtives. Néanmoins, il y avait toujours une façon de dire les choses. Et Lily aurait peut-être mieux fait de sous-entendre gentiment qu'elle ne souhaitait pas poursuivre cette conversation. Maël se serait alors galamment retiré et l'aurait sans doute laissé en paix (enfin peut-être). Mais là... La demoiselle lui ouvrait grand la porte à ce qu'il savait faire le mieux : faire chier son monde. Aussi, il ne pouvait refuser une telle invitation.

- C'est bon ? T'as fini ? Nan parce que si t'as encore quelque chose à ajouter, vas-y, ne te gêne surtout pas.

Marquant une pause, Maël en profita pour tremper une nouvelle fois ses lèvres dans son mojito. Cette jeune femme manquait cruellement de perspicacité. Lui, un pervers ? Pas vraiment non... Il était clair qu'il était un homme à femme ; l'homme qu'il était savait apprécier les formes d'une jolie demoiselle lorsqu'il en croisait une. Néanmoins, il était si exigeant et si méprisant, que ses conquêtes pouvaient se compter sur les doigts de la main et il ne s'intéressait pas vraiment à toutes ces adolescentes en pleine crise hormonale, aguicheuses et certaines de leur charme. L'aventure qu'il avait eu avec June étant l'exception qui confirmait la règle. Lui, vouloir se rincer l'œil ? Pas vraiment non... Aussi jolie et gracieuse que Lily pouvait être, il ne s'était pas encore permis de baisser les yeux sur son discret décolleté et il ne le ferait sans doute jamais, préférant se borner à admirer ce joli minois qu'elle venait de tapisser d'une irritation et d'une agressivité non feintes. Quand aux insinuations de la jeune femme à propos de son âge, Lehman ne s'en formalisa pas. Qui avait donc décrété que seuls les moins de vingt-cinq ans possédaient le droit d'envahir les boîtes de nuit ? Personne. Terminant finalement sa boisson, Maël reposa délicatement son verre sur le bar et quitta momentanément la demoiselle des yeux. Puis, il reporta toute son attention sur Lily, indécis. Vu comme la soirée commençait, la jeune femme semblait partie pour le traiter de pervers à la moindre parole qu'il aurait le culot de prononcer. Peut-être devrait-il se borner à parler de lui ? Mais non... Il en était incapable. Lily l'intriguait un peu trop pour qu'il sache se contenter d'une conversation dans lequel il tiendrait le premier rôle.

- Mais oui, tu as raison... Je suis un pervers doublé d'un véritable psychopathe. Ma dernière victime avait 16 ans. Je l'ai baisé, je l'ai tué, je l'ai brûlé et je l'ai bouffé. Et pour faire bonne figure, je me suis aussi tapé ses parents. Les deux. Maël offrit à la demoiselle un petit rictus sarcastique avant d'ajouter en retrouvant tout son sérieux. Entre nous, ta franchise est remarquable, mais tu parles un peu trop et ça te prive de toute crédibilité. L'homme écrasa nonchalamment sa cigarette sur le comptoir. Tu veux éviter les ennuis et les emmerdeurs ? Commence par ne pas accepter que des inconnus t'offre à boire.

Moi qui d'habitude arrivait à avoir le dernier mot, je me retrouvais en face de quelqu'un qui semblait-il, n'en avait guère à faire de mes remarques, pire, cela le faisait jubiler ou alors c'était moi qui devenait paranoïaque? Les deux étaient tout à fait possible. Si j'avais quelque chose à rajouter? Oh oui j'en aurais des tonnes à dire avec ma grande gueule, mais je préférais me taire, pour une fois j'optais pour la meilleure solution: faire mine de faire comme si rien ne m'avait atteint. J'aurais pensé l'agacer et c'était le contraire qui se produisait, et j'avouais que c'était ça qui m'effrayait. Dans la norme, les gens partaient et même si c'était pour me retrouver seul, il aurait mieux valu que à faire à un type à qui ça plaisait ce genre de comportement. Il était peut-être masochiste après tout. Je restais silencieuse, dans mes petits souliers à boire mon verre en toute tranquillité, soit j'avais été trop loin soit il cherchait vraiment à ce que je sorte de mes gongs, et vu son petit sourire, c'était la deuxième hypothèse qui était plausible, je lui aurais bien balancé le contenu de mon verre dans la figure, mais une fille respectable comme je l'étais avec une bonne éducation faite par papa et maman ne fait pas ce genre de chose. Oh diable! Je me détestais par moment quand je repensais au fruit de mon éducation absolument parfaite qui devait faire de moi une fille absolument parfaite! De toute manière, le contenu aurait été gâché, autant boire et faire comme si de rien n'était, l'ignorant même puisque j'avais posé mon regard ailleurs en buvant quelques gorgées.

J'hésitais fortement à me lever, et à partir, je me sentais de moins en moins à mon aise et pourtant, je cherchais à fuir cette réalité qui me rongeait les sangs. Quand il déclara avec l'air le plus simple possible qu'en vérité c'était un psychopathe et tout le reste, j'hésitais entre deux réactions puisque je ne savais pas si c'était vrai ou non. Or, un véritable psychopathe se conduirait normalement, et ne dirait rien sur ses véritables intentions non? J'avais tellement vu de séries policières que je pourrais faire des enquêtes toute seule à présent. « Très marrant. » Fis-je en riant légèrement avant de rouler des yeux et de boire de nouvelles gorgées de vodka. Il était vraiment bizarre comme type, il déclarait que ma franchise était remarquable mais que je parlais de trop. Si je l'ennuyais je ne l'empêchais pas de partir, sans déconner, d'accord je parlais souvent un peu beaucoup sans m'en rendre compte... C'était peut-être pour ça que mon meilleur ami me déclarait des fois que je lui cassais les oreilles. Bon, maintenant j'allais m'amuser à faire le roi du silence à longueur de journée, peut-être que par la suite ma voix manquerait à des personnes et si ce n'était pas le cas, je n'aurais plus qu'à m'acheter un perroquet pour me faire la conversation. Ce serait évidemment le dernier recours, et j'espérais tant bien que mal ne pas à en arriver là. « Qu'est ce que vous pouvez savoir de mon comportement? Ça fait dix minutes ou plus que l'on parle et voilà que tu me sors que je ne suis pas crédible, sérieusement, soit vous êtes psychologue, mais non merci j'en ai déjà un. » Pas besoin d'en avoir un deuxième, j'en voyais un une fois par semaine à cause de la tentative de suicide que j'avais fait y'a deux ans, et si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais arrêter, mais Ismaël me répétait que j'étais psychologiquement fragile et que je devais continuer. Ainsi, j'allais aux séances à reculons puisqu'on me posait toujours les mêmes questions et à force cela devenait rébarbatif.

Quand je le vis écraser sa cigarette sur le comptoir, je ne pus m'empêcher de tiquer. Un cendrier il ne connaissait pas? Mieux, la propreté? Je rangeais toujours le bazar de mon meilleur ami dans l'appartement en le priant de jeter ses chaussettes sales dans la corbeille à linge, je me croyais mère avant l'heure. A cette pensée, mon estomac se noua, je ne voulais surtout pas penser au fait que si ça se trouve j'allais vraiment devenir mère avant l'heure. Sa phrase m'arracha un sourire, c'était une blague? Ismaël l'avait payé? C'était quoi tout cette mise en scène? Il parlait comme lui et je commençais à en avoir marre des morales. « Je vous remercie du conseil, mais tant que j'ai mon verre à porter de mains il ne peut rien m'arriver et deuxièmement, je ne crois pas que cela soit vos affaires si je suis droguée ou complètement torchée par l'alcool non? » Mes doigts tapotèrent légèrement la surface du comptoir. « Puis je ne vois pas pourquoi vous me dîtes tout ça vis à vis du fait que vous ne me connaissez même pas. »

LILY & MAËL

Maël s'était laissé aller confortablement sur son siège. Sa cigarette terminée, son verre siroté jusqu'à la dernière goutte, il n'avait plus rien pour s'occuper les mains. Aussi, il se mit à gratter distraitement une des nombreuses imperfections qui hantaient le bois du comptoir et brisaient ainsi sa monotonie. Il évitait soigneusement d'y penser, mais tout ce vacarme commençait sérieusement à lui courir sur le haricot. Cette infâme musique lui transperçait méchamment les tympans et il savait que le moment viendrait où il ne pourrait plus le supporter. Lehman était, en effet, un peu trop attacher au calme qui l'entourait la plupart du temps, fuyant imperceptiblement toute forme d'agitation ou de bruit, préférant de loin la compagnie de ses livres à celle de tous ces ados en pleine crise hormonale dont la seule préoccupation est d'enchaîner le plus de conquêtes possibles en un minimum de temps. Néanmoins, il était parvenu à dénicher assez d'intérêt en Lily pour s'empêcher de courir rejoindre ses merveilleux bouquins qui l'attendaient très sagement dans sa chambre d'hôtel. Dans le cas contraire, sans doute aurait-il déjà pris ses cliques et ses claques et s'en serait tranquillement allé, regrettant de ne pas avoir eu le bon sens de rester sagement dans sa piaule tout en se persuadant qu'une soirée en boîte ou dans un bar n'était définitivement pas faite pour un homme tel que lui. Décidément, Lewis ne cessait de le décevoir. Rien n'avait changé. Elle restait cette minuscule petite ville, coincée au milieu de nulle part, dépourvue du moindre intérêt. En y retournant, Maël avait stupidement imaginé que Lewis finirait peut-être par le séduire et qu'il parviendrait à s'y plaire, ne serait-ce que pour une année. Évidemment, il s'était lourdement trompé. La monotonie et la tristesse de ce village était la même que neuf ans auparavant et Lehman devait lutter chaque jour un peu plus difficilement pour ne pas prendre ses jambes à son cou et fuir dans une ville un peu plus attrayante, prenant ainsi le risque de retourner en prison.

La jeune Lily repris bientôt la parole, tirant Quinn de ses regrets. Cette jolie demoiselle avait décidément la langue un peu trop bien pendue. Aussi, alors que le même petit sourire continuait à trôner sur les lèvres de Lehman, celui-ci ne pu s'empêcher de hausser légèrement les sourcils. Un psychologue ? Se rendait-elle compte qu'elle donnait là des informations très personnelles à un inconnu ? Que ce genre de détail pouvait être dangereux s'il venait à tomber dans des oreilles mal intentionnées ? De toute évidence, elle n'en avait pas conscience. Et cette manie qu'elle avait de dire tout ce qui lui passait par la tête sans réfléchir finirait tôt ou tard par lui causer de sérieuses emmerdes. Enfin, elle prouvait au moins qu'elle avait du caractère. Un sacré caractère même ! Il était évident qu'elle était le genre de femme à ne pas se laisser marcher sur les pieds ; ce qui, aux yeux de Maël, était une immense qualité. Les derniers mots de Lily réussirent une fois de plus à décrocher un sourire amusé sur les lèvres de Lehman. Elle venait là de soulever un point intéressant. Pourtant, l'homme répondit immédiatement, sur un ton presque désintéressé.
- Tu as raison, on ne se connait pas. Pourtant, en cinq minutes, j'en ai appris plus sur toi que sur n'importe qui d'autres. Je sais que tu aimes la vodka, que tu aimes le rouge, que tu n'aimes pas qu'on te compare aux autres, que tu démarres au quart de tour, que tu juges les gens un peu trop rapidement, que tu es d'une franchise sans égale, que tu vois un psy et... Que tu parles beaucoup trop. Ces derniers mots étaient tombés comme une évidence. Lily était irrémédiablement et incontestablement trop bavarde. La franchise ne suffisait pas à tout excuser. Bien sûr, la sincérité et la spontanéité lui allaient à ravir. Néanmoins, sa façon d'être tournait presque à la caricature. Enfin, elle apprendrait sans doute très vite à réfléchir avant de parler. Du moins, Maël l'espérait pour elle. L'homme poussa alors un très léger soupir. Cette conversation, aussi animée soit-elle, ne lui convenait pas. Si Lily l'intriguait, il n'était pas là pour tenter de la convaincre de sa sincérité. Lui-même n'en étant pas convaincu, il lui était très difficile d'imaginer, ne serait-ce qu'une seconde, qu'il trouverait les mots pour apaiser cette méfiance qu'elle s'entêtait à lui cracher au visage. L'homme d'action qu'il était toisa la jeune femme pendant quelques secondes, avant de terminer.
- Enfin, puisque ma compagnie t'es si désagréable... Je ne te l'imposerai pas plus longtemps.
Sur ce, il tourna les talons et retourna vers le coin du bar où il s'était assis quelques minutes plus tôt et où l'attendait sagement son premier verre de mojito. Il n'espérait même pas un retournement de situation. Lily lui avait clairement fait comprendre que sa compagnie lui déplaisait au plus haut point. Et si Maël aurait habituellement trouver une étrange satisfaction à jouer au chieur de service et à imposer sournoisement sa présence, l'agitation de l'endroit lui vrillait les sens et il commençait à ressentir un besoin pressant d'écourter sa présence en ces lieux.


[ Paye mon inspiration de merde TT... Comme tu veux là, soit on en reste là pour notre premier rp et on trouve une idée intéressante pour le prochaine ; soit on trouve un moyen de mettre un peu d'action dans celui-ci histoire d'arrêter de tourner en rond ^^ ]