Assise dans mon lit, les yeux fermés, je faisais des exercices de relaxations, pas que j'étais nerveuse, non, je tenais juste à me détendre. Je n'avais pas beaucoup dormi et ce n'était pas la première nuit, cela faisait quelques semaines déjà. Surement le retour d'Agynese, en effet, ma petite soeur était revenue, il n'y a pas si longtemps et n'avait eu aucun scrupule à s'interposer dans l'appartement que je partageais avec Elijah, un ami du lycée, enfin, nous étions plus que cela, entre nous, c'était plutôt difficile, ambigüe même. On se cherchait toujours et cela se finissait toujours de la même façon, dans le lit. Je respirais une dernière fois bien fort et ouvris doucement les yeux, j'étais entourée d'un halo de bien-être, rien ne pouvait me traverser, je souriais, j'étais bien. Quelques minutes passèrent et je me levai finalement. J'entendis du bruit dans l'appartement que je partageais avec Elijah, Willy, le meilleur ami de celui-ci et Agynese, ma petite soeur qui d'ailleurs vient de plus en plus souvent, piétinant ouvertement mon intimité jusqu'à entrer dans ma chambre sans frapper, m'enfin, elle est tout de même cool ma soeur, exaspérante, certes, mais cool. Après avoir pris une bonne douche rafraîchissante, je passai en quatrième vitesse dans la cuisine pour prendre une orange, je n'avais pas très faim mais je voulais tout de même me nourrir avant de sortir. Je remontai rapidement dans ma chambre, j'adorai être dans celle-ci, c'était mon petit cocon, mon petit nid, j'y étais vraiment bien. J'enfilai un pantalon de training, un t-shirt et un sweat par-dessus. Mon Ipod dans une main et mon orange dans l'autre, je dévalai les escaliers, prête à me défouler en courant. Je ne courrais pas pour garder ma ligne mais bien parce que j’adorais cela, de toute façon, on ne peut pas dire que je suis grosse non plus ! En mettant le nez dehors, j’étais contente d’avoir mis un sweat car il ne faisait pas très chaud en cette matinée de mai, enfin matinée, c’était un peu vite dit, il faisait encore quasiment noir heureusement que les rues étaient éclairées. A côté de moi, la mer était agitée par d’assez grosses vagues, même si je ne pouvais pas fort distinguer le ciel, il allait surement faire beau pendant la journée, c’était bon signe. Je descendis de la route vers la plage, courir sur le sable, c’est l’une des choses que j’affectionne particulièrement. Cela me donne une impression de liberté, le léger bruit que produisent mes baskets une fois qu’elles sont en contact avec le sable, le bruit quand elles se soulèvent, emmenant avec elle quelques grains qui tombaient en faisant un bruit minime, presque inaudible. Oh oui ! J’étais au paradis, rien n’aurait pu me retirer de ce bonheur pur.

J’avais l’impression que mes problèmes avaient disparus, j’aurais pu fermer les yeux si j’avais pu mais je me contentais de regarder l’horizon, le vent me portait plus loin, toujours plus loin. Je profitais de ces moments de solitude pour réfléchir, pour penser. Aussi, je ne sus combien de kilomètres je fis avant de me retourner et de repartir en direction de mon appartement, entre temps, le soleil commençait à pointer le bout de son nez, je souris et ris, pour rien, juste pour le plaisir d’être là. Soudain, arrivée à mi-chemin de l’appartement, j’aperçus une silhouette qui m’était familière, était-ce Elijah ? En tout cas, cette silhouette court elle aussi et soudain, je me mis à penser à lui. A ce lien si spécial qui nous liait, cela ne date pas de maintenant, cela date depuis le début. Des sentiments l’un pour l’autre, on en avait toujours eu, mais aucun de nous n’était prêt à le dire, ou du moins, le dire en premier. Puis, il y a eu la petite amie d’Elijah, celle qu’il disait aimer, chose en laquelle j’étais sûre, c’est cela qui a fait le plus mal, le fait qu’il eut de réels sentiments pour elle. J’ai tenté d’oublier, de sortir avec des gars, dans l’espoir d’arrêter, de cesser d’avoir cette douleur, de le rendre jaloux aussi peut être. Puis, nous avons grandi, il est parti pour le pays pluvieux qu’est l’Angleterre et moi pour New York et nos routes se sont quelques peu séparées. Néanmoins, avant notre départ, il s’est passé quelque chose, mais encore une fois, rien de concret.. On se courrait l’un après l’autre, comme on le fait encore d’ailleurs. Mais, j’espérais vraiment qu’emménager avec lui changerait les choses mais pour le moment, non, non et re non, cela n’a absolument rien changé, sauf peut-être qu’on se cherche encore plus, que la tentation est forte, très forte même.

Voyant Elijah s’arrêter sur une dune non loin de notre appartement, je pris un petit chemin de sorte à arriver près de lui plus rapidement. Je retirai les écouteurs de mes oreilles tout en éteignant mon Ipod et en le glissant dans ma poche, où j’avais toujours mon orange. Il m’avait vu et me fit un signe de la tête pour que je vienne m’installer près de lui, chose que je fis. Il fixait la mer et je fis de même, on était bien. Peut-être serait-ce la seule fois depuis bien longtemps où l’on discutera simplement, sans se disputer, sans finir au lit, peut-être.. Peut-être qu’on parlera posément, qu’on dévoilera à l’autre des choses inconnues, secrètes, peut-être est-ce un de ces moments intimes qui change tout. Peut-être. « La mer est belle n’est-ce pas ? » Soufflais-je en le regardant. «Non, je suis réveillée depuis pas mal de temps, j’ai été courir et toi, que fais-tu début à cette heure-ci ? » Le vent commença à souffler, me rafraîchissant. Soudain, je sortis l’orange de ma poche et proposa au jeune homme à côté de moi une partie de celle-ci. Je la partagea en deux et commença à manger la mienne. « Je dors mal ces temps-ci, c’est pour cela que je vais courir, cela me relaxe, je me sens libre. » Il était rare que je me confie à Elijah, pas que je n’avais aucune confiance à lui mais une fois que l’on veut se parler à deux, il y a toujours Agy’ ou Willy pour mettre sa petite graine, ensuite, la discussion dérive sur autre chose, on ne dit rien par politesse mais c’est tout de même ennuyant, des fois.

J'avais toujours rêvé d'une vie merveilleuse, un peu comme celle de ma mère, avoir un mari aimant, de beaux enfants qui travaillent bien, n'avoir aucunes difficultés financières. J'avais espéré me marier moi aussi vers 22 ans. Mais je m'étais rendue compte que je n'étais pas comme ma mère et que les contes de fées, ce n'étaient pas pour moi. J'étais peut être destinée à vivre toute ma vie en colocation avec Elijah, à toute ma vie me disputer avec lui pour finir par nous embrasser, nous serrer l'un contre l'autre et doucement aller vers une de nos chambres. C'était peut être cela mon destin, ainsi ma vie allait rester tout le temps pareille. Elijah .. C'est fou comme une rencontre peut changer une vie, peut changer une personne. Je ne serais même plus dire comment on sait rencontrer ni même comment on a fini par devenir colocataire mais je sais une chose, même si on se dispute énormément, il ne me laisse pas indifférent. Je connaissais son passé, cela ne m'empêchait pas de le fréquenter, après tout, on a tous fait des erreurs dans notre passé, je n'étais pas beaucoup mieux, j'avais fait des erreurs dans ma vie, j'avais menti, j'avais manipulé, j'avais franchi des interdits mais j'ai changée à présent.. J'étais étonnée de le voir sortir un paquet de cigarettes, surtout lorsqu'il m'en proposa une, j'aurais bien voulu lui sortir quelque chose pour l'ennuyer mais à vrai dire, je n'en avais aucunes envies. A sa plus grande surprise, je pris une cigarette et Elijah alluma ma cigarette. « Merci » C'était un murmure, à peine audible, un silence s'était installé, un silence qui n'était aucunement gênant, je fixai la mer, ses douces vagues qui venaient, repartaient. C'était très apaisant. Même si nous nous disputions souvent, il nous arrivait d'avoir des moments très calmes, ils étaient de plus en plus rares car depuis que nous avions deux personnes en plus, c'est à dire ma petite soeur et le meilleur ami d'Eli, qui n'arrêtaient pas de se disputer, l'appartement remuait dans tous les sens, cela nous faisait rire bien sûr même si en un sens, nous aimions bien le calme d'avant. « Oui, j'ai l'impression que plus rien ne peut me déranger.. » Je ne comptais absolument pas rentrer dans un long discourt, ma simple phrase avait suffit. Elijah sortit une phrase avec des sous-entendus mais je n'y fis pas attention, j'avais compris, pas qu'il s'inquiétait mais il voulait simplement savoir ce qui n'allait pas, je lui souris doucement. « Tu as encore un tas de choses à apprendre de moi.. » C'était sorti tout seul, sans réelle ponctuation, sans tonalité, sans sous-entendus.. « Je ne sais pas, je suis dérangée, je n'arrive plus à dormir jusque midi comme je pouvais le faire auparavant.. » Je ne m'étendais jamais vraiment avec Elijah, je préférais rester vague, c'était souvent comme cela, je n'avais aucunes explications à fournir, je n'aimais juste pas m'étendre dans les détails en sa compagnie. Pourtant, j'avais confiance en lui.

Sa dernière phrase me fit titiller, il l'avait revue, elle, sa soeur. J'étais l'une des seules au courant de cela, ainsi donc, il avait revu sa soeur. C'était peut être une bonne chose, à vrai dire, je ne savais pas vraiment donné mon avis là-dessus, je n'avais de toute façon pas à le faire, s'il avait pris la décision de la voir, c'est qu'il pensait que c'était la bonne, je n'avais pas à lui dicter quoi faire, je n'étais pas sa mère ni sa femme et encore moins sa copine, même si cela ne me dérangerait absolument pas. Il faisait comme bon lui semblait et je trouvais cela normal de l'encourager. « Alors, ca a été ? » Je posai doucement sur la sienne, histoire de lui montrer mon soutien, bon d'accord, j'en faisais peut être trop mais c'était pour qu'il sache que je respectais sa décision, qu'il avait bien fait..