« Elijah attend, ne pars pas, je t'en pris, on trouvera un moyen ! » Le regard vide, Elijah ne parvenait pas à quitter les yeux azur de la jeune femme. Quelques heures auparavant, il avait fait ses valises d'un geste frêle, poussé par une envie incontrôlable de rester à ses côtés, de rester aux côtés de celle qui avait était sa famille pendant quatre ans. « Je n'ai pas le droit de t'aimer London, regarde où cela nous à mener. Ton père à raison, je ne suis pas celui que tu mérité et je ne le serais jamais. Il n'y a pas de solution. » Non, elle ne voulait pas y croire, ça n'avait pas de sens, elle l'aimait, c'était le seul qu'elle voulait voir rester et si ce n'était pas le cas la donnomée London était prête à partir avec lui. Ne lui lachant pas la main, serrant plus fort encore son étreinte elle le regarda une dernière fois, parce qu'elle savait qu'ils ne se revéraient plus, qu'il n'accepterait pas qu'elle parte avec lui. « Mais je m'en fou totalement, mon père est un con, c'est à moi de décider si je te mérite ou non et c'est le cas, tu ne comprend donc rien ? Je t'aime espéce de crétin ! » Lentement, Elijah retira sa main de celle de London, ne la lâchant pas du regard, il attrapa son sac qu'il hissa sur son dos. Peut-être est-ce le moment de lui avouer lui aussi ses sentiments, de lui dire qu'il l'aimait que rien n'était plus important qu'elle, qu'ils allaient partir ensemble. Mais cette vision s'évapora bien vite de son esprit, ce n'était pas possible, leur destin n'était pas lié, il le savait, Elijah ne pouvait se permettre d'aider London à gâcher sa vie en âme et conscience parce qu'il persistait à croire qu'avec lui, elle ne serait pas heureuse. Il fit quelques pas, tournant le dos à la jeune femme, observé par le patriarche de London à la fenêtre. « Je ne t'aime pas London, c'était juste pour m'amuser un peu, tu es juste la fille de mon ancienne famille d'accueil à présent. Il avait menti une fois de plus, parce que c'était la meilleure chose à faire, parce qu'il n'y avait aucun autres moyens pour que London rennonce. Elijah entendi une vulgarité de la part de la jeune femme, elle le traitait de salop et elle avait raison, mais il préférait qu'elle le déteste, c'était mieux ainsi. D'un pas rapide, il se dirigea vers la voiture d'un ami, grimpa à l'intérieur, il ne devait pas accorder un regard à London qui se retrouvait à présent seule sur la pelouse de son jardin, parce que s'il le faisait, il ne pourrait qu'aller la rejoindre, il le savait et ce n'était en aucun cas à faire, de toute façon c'était trop tard à présent. La voiture avait tourné au coin de la rue, Elijah ne se doutait absolument pas qu'il reviendrait à Lewis quelques années plus tard, tentant de retrouver sa soeur, celle dont il ne se souvenait pas, celle qui prenait doucement le chemin qu'avais emprumpter sa mère, celui qui l'avait conduit à l'arrêt pur et simple, la mort.

« Pourquoi avez-vous commencé à prendre de la drogue, monsieur Nightingal ? »La question fatidique, celle à laquelle il n'avait en aucun cas envie de répondre et puis ce psychologue à deux balles les lui brisait légèrement. « J'avais besoin de me remplir les trous de nez ! » Oui, rien de très drôle, mais il avait tenté de détourner la conversation en le provoquant légèrement, ses questions débiles l'agaçait au plus haut et Elijah n'avait qu'une envie se casser de ce cabinet qu'il fréquentait depuis quelques jours déjà, jusque là il avait refusé de prononcer le moindre mot. De son plein gré, il s'était fait admettre dans un hôpital de désintoxication, parce que lui aussi avait fini par se laisser tomber dans la drogue et la chute avait été plus que violente, cependant il voulait s'en sortir, alors passer par le cabinet de ce charmant médecin était plus que nécessaire, même si le jeune homme n'en voyait absolument pas l'intérêt. La première semaine avait été la plus dure de toutes, le manque était constant et ne quittait pas une seconde son esprit perverti par la coke, il avait fait des choses inimaginables dans cet hôpital pour tenter de mettre la main sur un peu de poudre blanche, mais rien, finalement les infirmiers avaient fini par le retrouver dégueulant depuis quelques heures dans les toilettes des femmes. Il était arrivé dans un état plus que pitoyable, mais avec la volonté de se sortir de cette merde, parce qu'il avait vécu la descente aux enfers de sa mère, c'était le cas de le dire. Finalement, Londres avait été loin d'être un endroit bénéfique pour lui, là-bas il n'avait connu que la coke et la musique, la chose qu'il détestait le plus et celle qu'il adorait particulièrement avaient été réunies et Elijah avait consommé les deux avec passion. « Avez vous réellement envie de vous en sortir, monsieur Nightingal » Une nouvelle connerie de psy, s'il était ici c'est qu'il souhaitait s'en sortir, non ? Comment pouvait-il douter une seconde que ce n'était pas le cas. Justement, Elijah commençait à se poser la question, il était parvenu à mettre un doute dans son esprit, depuis qu'il était là il n'avait fait aucun efforts, rien, il attendait simplement que ça passe, que le mal passe. Il jetta un coup d'oeil rapide à son interlocuteur et baissa le regard, il ne se sentait pas au même niveau que lui, plus bas, bien plus bas, il avait honte du garçon qu'il était devenu, il ne se sentait pas à la hauteur. « J'en sais rien, je suppose que oui, si je suis là ce n'est pas pour rien, non ? » Le médecin lui adressa un sourire bienveillant avant de soupirer légèrement, ne lâchant pas son regard, il avait compris, mais il savait que la guérison serait lente, mais ils y-parviendraient ensemble. « Si tu es ici, c'est déjà un pas vers l'avant Clyde, cependant si tu souhaites réellement t'en sortir il faudra t'accrocher. La décision n'appartient qu'à toi ». Pourquoi le tutoyait-il à présent, est-ce parce qu'il avait fait ce qu'ils appelaient tous un pas ? Peu importe, il s'en fichait, mais toutes les questions concernant sa venue ne cessaient de défiler dans son esprit, que devait-il faire ? Rester ou partir ? Il n'en savait rien, Elijah souhaitait simplement s'en sortir, mais cela signifiait-il rester ici ? Oui, c'est ce que le psy avait laissé entendre, alors si c'était la seule solution, il resterait parce que rester en vie c'était ce qui importait. « Je préfère Elijah, appelez-moi ainsi demain...». La demie heure de thérapie était passée bien plus vite que les jours précédents, la barrière entre les deux hommes venaient finalement d'être franchie, demain et les autres jours Elijah reviendrait.

Elle avait les cheveux châtains clairs, c'est la première chose qu'il remarqua chez elle. Elle ressemblait énormément à sa mère, à leur mère, c'était sa soeur, il était enfin parvenu à la retrouver, elle aussi habitait à Lewis, c'était sa conviction. La deuxième chose qu'il appris sur elle, son prénom : Bonnie, étonnant non ? Ils étaient alors Bonnie and Clyde, cela ne pouvait pas être une coïncidence, c'était sa soeur, Elijah en était certain. Mais comment l'aborder, fallait-il lui dire tout de suite, avant d'être réellement sûr ? Et si elle ne souhaitait pas entendre parler de lui ? Les questions fusaient dans l'esprit du jeune homme, inconsciemment il s'approchait dangereusement de la dénommée Bonnie qui marchait main dans la main avec celui qui devait-être son petit ami. Elijah n'avait qu'une seule envie, l'arracher de son petit ami et la serrer dans ses bras, souhaitant rattraper tout le temps perdu. Se sentant observé le jeune homme en question se retourna légèrement, faisant à présent face à Elijah, son regard était noir et ses points serrés. « Ecoute mon petit gars, arrête de mater ma copine comme ça, sinon c'est mes poings qui font te mater et ils font très mal. » Une boule se forma au niveau de sa gorge, il ne savait que dire, l'émotion était bien trop forte, le seul mot qui sorti de sa bouche fut : « Bonnie...» Prêt à lui balancer son poing dans la gueule, il fut stoppé par la fine main de sa petite amie, la troisième chose qu'il remarqua fut son regard bleu profond. « Arrête Jack, tu vois bien que c'est un fêlé ce gars, laisse le tranquille, il n'a pas besoin de ça, crois moi. » Il rabaissa la main, le regard toujours plein de colère, puis ils tournèrent le dos à Elijah pour continuer leur chemin, la jeune femme quant-à elle lui adressa un sourire compatissant, avant d'étreindre la main de son petit ami. Comme un con Elijah resta planté sur place pendant de nombreuses minutes se maudissant intérieurement de n'avoir rien dit. Elle était gentille, sociable, compatissante, elle était son exact opposé, elle représentait tout ce qu'il n'était pas. Il croyait la connaitre, sans jamais lui avoir adresser la parole, mais il avait tord, Bonnie était bien différente de la fille qu'elle donnait l'apparence d'être. Ce fut la première d'une longue série de rencontres sans qu'il lui apprenne qu'elle était sa soeur, même si à présent il est sûr que c'était le cas.

La cinquième rencontre, à vrai dire, Elijah la suivait partout où elle allait tapis dans l'ombre, tel un psychopathe, si elle avait compris qu'il la suivait très souvent, c'est ce qu'elle aurait pensé, mais ce n'est pas ce qu'il était. Bonnie marchait vite, il était très difficile pour le jeune homme de la suivre sans se faire remarquer par des passants ou pire encore par elle. La jeune femme tourna dans une ruelle étroite en jetant un coup d'oeil discret derrière elle, intrigant un peu plus Elijah. Il s'arrêta au bout du mur, guettant ses mouvements, attendant qu'elle arrive au fond de la ruelle de manière à pouvoir avancer derrière elle, sans être vu. Elle continuait d'avancer à pas rapide, puis elle s'arrêta net au bout de la ruelle, laissant juste le temps à Elijah de se cacher dans l'ombre d'une benne à ordures. « J'en étais sûre, mais tu es complètement taré ma parole qu'est-ce que tu me veux ? » Elijah resta bouche bée et mis quelques secondes avant de se rendre compte qu'elle s'adressait à lui. « Je suis pas un taré et c'est pas du tout ce que tu crois. Tu t'appelle Bonnie et je crois que tu es ma soeur...Je sais ça parrait fous, mais crois moi s'il te plait. Je m'appelle Clyde Elijah Nightingal. » Totalement interloquée, la jeune femme s'approcha d'Elijah comme pour mieux distinguer les traits de son visage. Elle ne comprenait pas, elle ne savait plus que penser, alors lentement elle tourna les talons et disparut au bout de la ruelle en courant, laissant pour seul souvenir à Elijah, ses talons claquant sur le bitume.

A croire que la vie est toute tracée, que le destin ne vous fera jamais prisonnier, à croire que peu importe les chemins que l'on prend, il nous ramènerons toujours sur la route principale de notre vie, parce qu'il n'y en a qu'une seule. Elijah n'a jamais su se projeter dans le futur, sa vie, il la vivait au jour le jour, au gré des courants sans jamais avoir de doutes, parce qu'il ne la connaissait pas. Il pensait seulement qu'il resterait le petit jeune au lycée fumant un joint après les cours avec quelques potes peu fréquentables, il pensait que sa vie ce serait ça avec la musique. Il pensait mal. Sa vie, à présent il la cherche encore, la recherche perpétuelle d'un but. Pour le moment, un but il en avait un, un qui ne serait qu'éphémère, qui ne durerait qu'un temps, mais après que ferait-il ? Non, il n'avait plus envie de se laisser vivre, c'était fini à présent, il avait changé. La vie, il avait toujours cru que c'était franchir les obstacles qu'elle avait l'occasion de mettre sur notre chemin, mais est-ce réellement son but premier, pouvait-on réellement être heureux en ne faisant que cela, franchir sans cesse ce qui nous barre la route ? Peut être faudrait-t-il rencontrer les bonnes personnes au bon moment, mais quand avait-il l'audace ce se pointer. Parce que tout ce qui aurait pu aider Elijah, c'était ça la bonne personne, avant qu'il ne soit trop tard, que le but ne parvienne jamais à lui. L'avait-il déjà laissé filer sans s'en rendre compte, non il ne pouvait être passé à côté de sa vie, il était encore trop jeune, bien trop jeune pour que cela en soit ainsi. Mais personne ne viendrait sepointer devant lui en disant « Salut, je suis là parce que t'as un but dans la vie et c'est moi, enfin plutôt ce que je t'apporte ». C'était plutôt invraisemblable, mais c'est ce qu'il se passa. C'était en début d'après-midi, qu'il comprit que son but se trouvait juste devant lui, une guitare à la main habillé en homme sandwich. Le pauvre garçon chantonnait un refrain ridicule : « Si t'as pas de but dans la vie, mange un sandwich de chez MacQuiche, si t'as pas de but dans la vie... » Elijah s'était tourné en sa direction, un sourire amusé sur le bout des lèvres, il n'y-eu pas de déclic comme on a l'habitude d'en voir dans les films, ce fut juste son regard qui se posa sur la main droite du jeune homme à la guitare, il enchaînait les accords avec une vitesse déconcertante sans efforts, plutôt inhabituel. « T'as autre chose dans ton registre, ou tu ne joue que cette merde ? ». Ouais, Elijah était direct, mais une idée commençait tout juste à germer dans son esprit, il devait s'assurer qu'il savait jouer. « Tu me prends pour qui du con, je sais tout jouer ! ». Le jeune homme stoppa la stupide musique de MacQuiche, changea rapidement ses doigts de la main droite de position et commença à jouer. Lentement, Elijah posa sa voix sur la musique et se fut l'entente parfaite entre les deux hommes. Lorsque la musique cessa, ce fut d'abord des applaudissements unanimes puis Elijah dû bien reconnaitre que le jeune homme savait tout jouer, rien qu'avec ce morceau il avait compris. « Effectivement t'es plutôt doué ». Ensuite ce fut un cri que l'on entendit : « T'es viré Willy ! ».Finalement son but, son but il l'avait toujours connu, la musique.