Je n'aurais jamais cru dire ça, mais franchement, je commençais à regretter la mamie de quatre-vingt qui avait été ma voisine depuis mon arrivée. Elle était partie il y a un mois en maison de repos suite à une chute dans son salon, et depuis c'était une étudiante qui aimait faire la fête qui partageait ce lieu. Certes, le chat de la vieille m'avait énervé a pas arrêté de miauler en pleine nuit, et cette ancienne voisine n'arrêtait pas de me raconter sa vie quand je passais dans le couloir, comme quoi Kirt, son chat, parlait avec une soucoupe volante... Ah force je me demandais s'il ne valait pas mieux l'interner. Or, Ismaël rigolait de toutes ses histoires et une fois il l'a même invité à prendre le thé chez nous, qu'est ce que je l'ai détesté à cet instant précis. Is... Il me manquait terriblement et je n'avais eu aucune nouvelle depuis son départ, ce n'était pas faute d'essayer de l'appeler, de lui envoyer des lettres, mais tout cela restait sans réponse. Quand la fille de la vieille était venue m'annoncer le départ de sa maman en maison de repos, j'avais esquissé en sourire en disant que c'était dommage. Elle m'avait demandé de nourrir le chat tant qu'il n'aurait pas trouvé un autre propriétaire. Je lui avais donné à manger pendant deux semaines avant qu'à son tour il ne me dise bye bye. J'avais demandé au ciel une voisine charmante, pas une petite mamie qui espionnerait ma vie, et à la place je me tapais une étudiante bizarre qui mettait toujours sa musique à fond. Allongée dans mon lit, je tournais la tête vers le cadran de mon réveil en constatant qu'il était près de minuit. Le tapage nocturne n'était pas encore là, mais cette musique allait me rendre dingue. J'avais passé la nuit précédente à taper mon article pour la presse sur mon ordinateur, et mon corps voulait seulement une bonne nuit de sommeil. J'avais mis mon oreiller sur la tête pour que le bruit se fasse moins entendre, en vain. J'entendais de légers boum dans mes oreilles et je n'en pouvais plus. Je n'avais jamais été la fille qui faisait la fête jusqu'au milieu de la nuit et je comptais bien remettre les pendules à l'heure à cette étudiante!

J'avais lancé ma couette à l'autre bout de mon lit avant d'enfiler un gilet long. Mes cheveux étaient attachés en queue de cheval et sur mon visage cela pouvait se lire que je n'étais pas d'excellente humeur. Je mis mes chaussons – rien à faire de me pointer en pyjama devant elle – et sortit de mon appartement. Il m'avait fallu que trois pas pour combler la distance de mon appartement au sien. Un coup, deux coups, puis trois coups frappés avant que l'on daigne m'ouvrir. Ce n'était pas trop tôt! Elle se présentait devant moi, un sourcil arqué, oui j'étais la voisine chiante et alors? J'en avais strictement rien à faire, c'était le cadet de mes soucis! « Au cas où vous ne vous rappelez pas des règles de cette immeuble, je vous précise que votre musique est trop forte pour vos voisins! Il est plus de minuit et peut-être que vous ne travaillez pas tôt demain matin mais ce n'est pas le cas de tout le monde alors merci de baisser le son de votre musique! » Ismaël m'avait toujours reproché mon franc-parler, le fait que j'allais directement chez les voisins quand quelque chose me chiffonait chez eux, et alors? On devait vivre en communauté et chacun devait respecter la vie de l'autre. Cette musique était trop forte, et il valait mieux que ce soit moi qui vienne lui dire que le gros baraqué qui vivait à cinq portes de là. J'avais eu affaire à lui une fois à cause de mon courrier qui débordait de la boite aux lettres, et rien que d'y repenser j'en frissonnais encore. Je repris une voix calme en toussant un peu. C'était pas tout mais j'allais en plus attraper la crève dans ce couloir frais. « Ce serait très gentil de votre part. » Je pensais intérieurement que si elle ne faisait pas, j'allais me transformer en diable vu le manque d'heures de sommeil et que mes nerfs étaient irritables.