Il parait que la vie ne tient qu'à un fil. Qu'à la moindre perte d'équilibre, aussi faible peut-elle être, vous pouvez trépassez, renverser la balance de la vie. Et bien, vous voyez, j'ai l'habitude d'être assez marginal, de ne pas me fier aux dictons bêtement, mais celui-ci est tout ce qu'il y a de plus vrai. Vous n'êtes jamais sûrs de ce que la vie vous réserve. Que vous soyez glorieux ou que vous soyez misérable, il y aura toujours pour vous la même chance de crever. Bon, je ne commence pas joyeusement vous me direz, mais tout ça, c'est juste pour dire que la vie mérite d'être vécue à deux cent pour cents. Croyez-moi, beaucoup l'oublie. Ne laissez rien de côté. Tout a sa richesse, il suffit de creuser un peu et de la trouver.. C'est comme pour les gens. J'ai toujours eu l'habitude de ne pas me contenter des premières impressions. Et pour tout vous dire, je serais passé à côté de quelques relations extraordinaires si je m'étais fié aux premières rencontres. Hormis quelques énergumènes à part, toute personne est intéressante, a quelque chose à partager avec vous. Pourquoi ne pas prendre le temps de découvrir cette chose ? Elle pourrait tout changer chez vous et même, devenir essentielle. Peut-être suis-je trop affectueux et bienveillant avec mes proches ? Quoique personne ne s'en soit plaint jusqu'alors. C'est plus fort que moi, il faut que les gens qui m'entourent soient bien dans leur peau. Et si ce n'est pas le cas, j'essaye d'être celui qui redonne la force. C'est drôle, lorsque j'étais plus jeune, on me disait souvent que j'étais un adolescent je m'en foutiste. Je pense que c'était surtout pour donner impression que j'étais comme les autres, au fond. Enfin ne vous faites pas d'illusion, je sais reconnaître les personnes qui ne valent pas le coup de développer une attache, ni même la moindre considération et dans ces situations-là, je peux être franc, et cruel. Le côté mystérieux et le petit sourire en coin, c'est surtout pour les femmes, car ça marche plutôt bien. Mais que voulez-vous... quel homme n'a pas son propre jeu pour plaire aux femmes ? Elles rêvent toutes qu'on les admire, qu'on leur dise qu'elles sont belles, qu'elles valent tout l'or du monde. Qui sait. Le jour où j'aurai trouvé mon essentielle, je sais qu'elle sera traitée de la sorte. Je suis aussi quelqu'un de calme en apparence. La « force tranquille » comme disent certains de mes amis. Il ne faut juste pas me chercher, ni me prendre pour un con. Il m'a rarement été donné de foutre des coups, mais par chance, ce fut toujours convaincant. Par ailleurs, j'ai toujours été perfectionniste. Les choses doivent être faites, et pas à moitié. Je suis entreprenant, bosseur et j'ai horreur des gens qui bâclent leur travail. Ma réussite professionnelle influe sur ma propre réussite sociale, c'est comme ça.

Je suis loin d'avoir eu une existence extraordinaire. Bon, ça fait un peu vieillot de dire ça, mais vous me demandez de parler de ma vie, alors autant la prendre à partir de là où on j'en suis ? Comme tout le monde, je suis passé par des grandes joies, des grandes peurs ou encore des grandes haines, je ne déroge pas à la règle de l'homme banal. Ma vie n'est pas exceptionnelle dans le sens où je n'ai pas été amené à survivre à un quelconque moment de ma vie... Néanmoins, j'ai eu des passes difficiles. En un sens, c'est tellement commun. On pourrait philosopher sur ce sujet, mais l'heure n'est pas à la philosophie. Tant mieux car j'étais une brêle en philosophie de toute façon.... Non, c'est pas vrai en fait. J'ai toujours cartonné là-dedans, ça m'exaspérait en fait... Je crois que c'était les points d'interrogation à répétition qui plaisaient au professeur. Genre vous ne comprenez rien à la vie, vous êtes un con curieux qui se pose toutes les questions du monde. Si dix points d'interrogation valent un point, normal que j’atteignais facilement le quinze sur vingt. Enfin, j'vais pas m'en vanter, ça fait légèrement nerd. Je disais donc... Non je ne disais rien de spécial. On va commencer par le début, histoire de faire original.


Je suis né très tôt un matin de janvier 1985. Le dix janvier exactement. Un peu tard pour l'apéro du nouvel an, hélas. Il est souvent dit que naitre tôt le matin fait de nous quelqu'un de matinal, et bien je suis fier d'en être la preuve que non, ce sont des foutaises, comme tous les autres trucs liés à la naissance et etc. Oui, je suis quelqu'un d'hyper matérialiste/cartésien tout ce que vous voulez. Les croyances diverses ce n'est pas pour moi. Bref, moi, j'ai toujours été du soir, et si je suis né le matin, c'était afin de mieux me préparer pour la fête du soir, croyez-moi. Je suis un gars de la nuit, à tel point que quasiment tous les soirs, je reçois «tu fous quoi ce soir Josh ?», comme si j'faisais que ça de ma vie... Non, j'ai mes instants solitaire et casanier aussi. C'est essentiel pour mon boulot. Si je ne suis pas seul, c'est compliqué. Enfin ! Je suis né dans une famille modeste. Et famille est un bien grand mot. Mon père a décidé de partir lorsqu'il a su que j'allais débarquer. Il a peut-être fait des cauchemars en voyant le ventre de ma mère s'arrondir, le pauvre homme. Quoi qu'il soit, je ne l'ai jamais vu. J'ai du voir quelques photos de lui, après tout un gosse sans père veut absolument voir à quoi il ressemble. C'est normal, non ? Ouais, bon j'ai vite arrêté avec mes questions à deux balles, ça saoulait tellement ma mère - elle s'appelle Lauren au passage -. Puis j'ai vite compris que c'était un salaud. Un «asshole», ouais, c'est juste que j'adore ce mot. Parfois, je me dis que c'est dommage pour lui d'être parti comme un lâche. S'il m'avait connu, il m'aurait aimé, j'en suis sur. Tant pis pour lui. J'étais un gamin jovial, calme et studieux. Ma mère craquait toujours lorsque je lui faisais ma bouille fétiche. Je n'étais pas bien compliqué, et puis les moyens de ma mère en tant qu'institutrice seule au foyer m'ont rapidement convaincu que c'était inutile d'être exigeant. Rapidement, enfin au bout de quatre ans, j'appris que ma mère était enceinte de cet homme que je voyais de plus en plus régulièrement chez moi. Il était sympa avec moi, petit garçon sans père. Vous pensez bien que je n'allais pas cracher dessus... Le bébé arriva bientôt et c'était une petite fille qu'ils appelèrent Emma. J'ai eu du mal à me faire à l'idée au départ, mais quand j'ai vu la petite, toute rose, non franchement, j'ai craqué. Ma petite sœur était magnifique. Et si elle voyait ce que je disais sur elle, elle me charrierait alors passons vite à la suite. Emma et moi, on ne manqua jamais de rien avec ma mère et Oliver. De ce coté là, je n'étais pas à plaindre. Je passais beaucoup de temps avec elle, pour lui apprendre des tas de trucs, ou encore lui raconter des histoires, souvent très débiles (rires). Elle adorait ça ! Voyez-là que ma future vocation se dessinait déjà sous mes yeux... Bon, je vous passerai tous les détails de l'enfance, c'est toujours pareil. En entrant au collège, j'ai commencé à faire quelques conneries. Enfin vous savez, l'influence des copains sur vous, ça finit toujours par vous emmener chez le principal. Ma mère m'a vite remonté les bretelles et étant d'une nature assez docile, surtout lorsqu'il s'agit de ses paroles à elle, je me suis fait une raison de me calmer un peu. Passons.


Vinrent ensuite les années lycée où les résultats s'améliorèrent de façon exponentielle (étrange, d'ordinaire ça baisse au lycée non ?). J'avais de bonnes notes partout. Encore une fois, j'étais polyvalent. Autant dans les matières littéraires que dans les matières scientifiques. Tout m'intéressait, et tout m'intéresse encore aujourd'hui. J'ai une curiosité qui dépasse l'ordinaire, vous n'y pensez même pas. Mon style littéraire étonnait ma prof de français, et ma tendance à prendre les mathématiques pour un jeu amusait ma chère prof de maths - cette vieille peau -. En résumé, personne ne savait vers quoi je me dirigeais, et c'était ça le plus cool dans l'histoire. Les années lycée furent aussi les années sous le signe des premiers amours. Le premier baiser, la première fois... On ne peut pas dire que j'ai été précoce dans le domaine, mais quand j'ai commencé à m'y intéresser de prêt, et bien... c'était au sens propre du terme. C'est simple, j'adore les femmes. Chez chacune d'entre elles, il y a quelque chose d'original, de rare, d'exceptionnel, et cette part là est souvent la plus intéressante et la plus passionnante à trouver. Ce que je préfère, ce sont tout de même les filles mystérieuses... Moi j'étais le genre charmeur, observateur, toujours à lancer la petite réplique qui faisait plaisir. Je crois que j'ai un don pour ça. Et puis les quelques fois où ça ne marchait pas, ça me donnait encore plus envie d'essayer avec ladite fille. Étonnant, tout ça.


Mon premier véritable amour, ce fut en année de terminale. Elle était plus jeune et pourtant elle possédait une grande maturité. C'en était surprenant et parfois déconcertant. Cassie. Enfin Cassiopea Doyle. C'est étrange comme son prénom me fait toujours autant effet, mais je garde ça pour moi. Elle et moi, ça a duré plusieurs mois, presque une année à vrai dire. Puis tout s'est terminé comme ça avait commencé, sur un coup de tête. Juste parce que ça n'allait plus. Mais quoi ? Je n'ai jamais vraiment su. Nous nous séparâmes mutuellement, sans trop rien dire. Peut-être étais-je en période de transition ? Après tout, j'allais quitter le lycée pour faire une école de journalisme à New York, la ville dont je rêvais. Enfin je ne sais pas. Je ne l'ai plus revue après ça. Comme si elle avait disparu de cette planète. Mais croyez-moi, elle ne quittait pas mon esprit. Jour et nuit, elle me hantait. J'ai eu du mal à la faire partir de ma tête, de mon être, parce qu'elle m'avait vraiment plu, pas comme toutes ces autres filles de passage, enfin c'est difficile à définir, comme sentiment. Bref, plus de nouvelles d'elle. Je devais passer à autre chose, et vite.


Cela fait actuellement trois ans que je suis scénariste. Ce métier me plait vraiment. Je ne pensais pas un jour réaliser mon rêve et faire ce qui me plairait. Je côtoie même des réalisateurs relativement connus pour certains films. Puis je fais également mes preuves pour des livres, évidemment. Il y a deux mois, on m'a même contacté pour travailler sur l'élaboration d'une nouvelle émission sur le thème des découvertes littéraires. En d'autres mots, je ne m'ennuie pas et j'adore ce que je fais. Si je suis revenu à Lewis, c'est parce que j'ai été cette fois appelé par une agence localisée tout près de la ville pour travailler sur la réadaptation d'un livre au cinéma. Que demander de mieux...