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 If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL

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MessageSujet: If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL   If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL Icon_minitimeDim 3 Juil - 13:31

If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL 91kys4

« Lève-toi bordel, t’as un rendez-vous avec la coiffeuse dans trente minutes ! » Grognant, je ramassai en vitesse un oreiller pour cacher mes yeux alors que ma mère ouvrait les rideaux de ma chambre. La lumière emplit aussitôt la pièce, prouvant qu’il s’agissait d’une belle journée, assurément chaude. Enfin, de toute façon, quand on habite au Texas, on ne s’attend pas particulièrement à se les geler au mois de juillet. « Hyacinthe, tu te lève tout de suite et tu vas te laver. Ça fait une heure que je te crie dessus. Même ta sœur est levée. Hors de question que tu fasses faux bond à ma coiffeuse. Allez ! » J’aurais limite pu pleurer. J’avais passé la nuit à me taper des Star Wars, et je ne m’étais endormi que vers cinq heures du matin. J’étais sans le moindre doute dans un état pitoyable, et je n’avais pas envie d’aller balader ma personne en ville. Surtout pas pour me faire couper les cheveux. Idée de ma mère, évidemment. Aurais-je réellement eu de moi-même envie d’avoir les cheveux courts ? Non. Jamais. Mais il parait que les cheveux longs, ça fait trop féminin à son goût. Enfin, on s’en fout, de toute façon, je n’avais prévu que de faire couper les pointes. Hors de question d’avoir les cheveux courts comme ma mère l’espérait. Elle rêvait en couleurs.

Je me levai finalement, les yeux encore à moitié fermés, et je sautai sous la douche, me lavant en même pas cinq minutes. C’en était digne d’un robot. Bien vite, je traversais la cuisine, ramassant une tranche de pain alors que ma sœur me gueulait qu’il était indécent d’ainsi me promener nu dans la maison. Bah voyons, comme si elle n’avait jamais vu de mecs à poils avant. Et puis, fallait bien que je sèche un peu avant de m’habiller. Je redescendis au sous-sol, tranche de pain entre les dents, et commençai à choisir des vêtements. Un jean, une marinière boutonnée et, comme toujours, ma queue de coyote attachée à mon pantalon. Simple et fashion. Et gay. Cheveux en place, dents bien brossées, je regardai l’heure et constatai qu’il était temps de m’éclipser. Oh, bien sûr, la ville n’était pas très grande. À vélo, je serais au salon en cinq minutes maximum, et donc à l’heure sans problème. De quoi faire plaisir à ma mère qui aimait taaant sa coiffeuse.

Il faisait beau dehors. Rien de surprenant en soi, mais c’était agréable. Vu la chaleur, je devrais faire mes deux heures de vélo dans la soirée. J’arrivai rapidement, un peu trop à mon goût d’ailleurs, au salon de coiffure. Je n’attachais jamais mon vélo avec un cadenas ; se faire voler un truc à Lewis était à peu près aussi rare que de voir de la neige. J’entrai bientôt à l’intérieur, constatant que la décoration était toujours la même que dans mes souvenirs. Les coiffeuses qui s’afféraient étaient les mêmes, également. Quand l’une vint me voir à l’entrée, me demandant avec qui j’avais rendez-vous, je lui répondis Melinda, constatant l’expression sur son visage qui changea en une fraction de seconde. « Hyacinthe ?! » Et hop, comme je m’y attendais, elle ne m'avait pas reconnu aussitôt. Je hochai la tête, voyant qu’elle peinait à y croire. Il faut dire que la dernière fois qu'elle m'avait vu, j’étais beaucoup plus petit et je faisais le double de ma largeur. Elle se ressaisit finalement. « Melinda est absente, une urgence. J’ai téléphoné chez toi, ta mère m’a dit que tu étais déjà parti. Tu veux reporter le rendez-vous ? Sinon je crois qu’Ismaël a un trou dans son horaire et pourrait s’occuper de toi. »

Je penchai la tête sur le côté, indécis. Ismaël, c’était un prénom de garçon, non ? Il y avait donc finalement un coiffeur masculin dans cette petite ville. « Il est doué ? » demandai-je, peu prêt à risquer la beauté de ma crinière. « Il est excellent », me rassura-t-elle. « Dans ce cas, parfait ». Je parcourus le salon du regard, ne trouvant pas ce fameux garçon. Probablement était-il à l’arrière. Enfin, pas « probablement », puisque la coiffeuse qui m’avait accueilli -Dieu seul sait son nom- s’était dirigée par là pour aller le chercher. Se faire couper les cheveux par un mec. Ça faisait bizarre d’y penser, puisque je n’avais jamais connu que des femmes coiffeuses. Mais au fond, ça ne devait pas changer grand-chose, n’est-ce pas ?

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MessageSujet: Re: If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL   If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL Icon_minitimeMer 6 Juil - 8:33

L’arrière-boutique. Le paradis des coiffeuses : machine à expresso, quelques sièges moelleux pour se détendre, petits ragots sympathiques sur les clientes, un Ismaël toujours partant pour faire un rapide massage. Par contre, il y régnait le chaos, entre les sèche-cheveux hors d’usage et les brosses à laver, les bigoudis cassés et le stock de coloration, il serait peut-être temps de mettre un peu d’ordre dans ce capharnaüm. Comme toujours, j’avais un trou dans mon horaire, parce que, bizarrement, la plupart des femmes préfèrent se faire coiffer par des femmes. Discrimination, je vous dis. En plus, les hommes, ça ne vient pas souvent au salon, ça fait son rebelle et ça se coupe les cheveux avec une tondeuse à la maison. De toute façon, depuis que les trois-quarts de la ville étaient au courant de mon homosexualité, ils ne se laissaient pas franchement approcher, les salauds. Les seules qui m’aimaient bien, voire trop, c’étaient les petites mémés qui adoraient mater de la chair fraîche. Vous seriez étonnés du nombre de fois où elles m’avaient pincé les fesses. J’étais bien calé en travers d’un fauteuil, la tête sur l’accoudoir de gauche, le creux des genoux par-dessus celui de droite, en pleine lecture d’un magazine de potins. J’avais une manière assez étrange de m’asseoir, en effet. Et ça aurait pu être un tout autre genre de magazine, mais Rose, ma patronne, m’avait clairement fait comprendre qu’elle ne voulait pas voir de ça chez elle. Néanmoins, elle ne me les confisquait pas pour les envoyer directement à la poubelle, ils traînaient dans son vestiaire, je les avais entrevus un jour qu’elle récupérait ses clés de voiture. Cependant, elle m’appréciait, car j’avais plus d’une fois sauver son couple au bord du précipice. Yep, je faisais docteur love aussi.

Ladite Rose fit alors irruption, m’enlevant mon journal des mains. Comme quoi, quand on parle du loup… Je restai interloqué, elle pouvait demander la permission, même si cela lui était indispensable de savoir si Zac Efron sortait oui ou non avec une pin-up dont le nom demeurait secret jusqu’à présent. Moi, j’étais persuadé qu’il était gay : mèche trop bien entretenue. « Ismaël, un client pour toi. » Rose agitait ses doigts manucurés devant moi, peut-être pensait-elle que j’étais devenu aveugle ? Je la regardais comme un poisson rouge, en d’autres mots : l’air idiot, avant de capter ce qu’elle me disait. « Ah nan, tu m’as juré que j’avais personne avant Madame Carpenter. Je dois me préparer psychologiquement. » Femme du troisième âge numéro deux, qui ne voulait que moi pour lui faire sa permanente. Elle n’avait qu’à prévenir avant, moi j’étais déjà prêt à faire une sieste. « Le fils de Melinda est malade et son rendez-vous est arrivé, donc tu te lèves et… » Je lui fis non de la tête, jouant à l’enfant pourri gâté. Jusqu’à ce qu’elle précise : « C’est un très beau jeune homme. » Et là, BAM, je m’étais bizarrement téléporté dans le cœur même du salon. Il ne me fallut même pas trois secondes pour le repérer, hormis mes collègues, c’était le seul debout. Ah ouais, tatoué le garçon, même si on n’en avait qu’un bref aperçu, on devinait que ça se poursuivait plus loin. Je n’étais pas contre ça, c’était plutôt marrant à explorer. Je me demandai jusqu’à quel point il… Non, rien.

J’attrapai une cape et me dirigeai vers lui d’un pas vif. Il devait être encore plus charmant vu de près. « Bonjour. » lui lançai-je poliment, un grand sourire aux lèvres. Je n’attendis pas pour lui passer la cape et l’attacher derrière sa nuque en lui soulevant ses cheveux pour ne pas les abîmer. C’est qu’ils semblaient bien soignés en plus. « Tu peux passer au shampooing. » Le tutoyer me paraissait tout naturel étant donné qu’il ne devait pas être mon aîné de beaucoup. C’était même plausible qu’il soit plus jeune que moi. Je ne vouvoyais que les vieilles dames, elles trouvaient cela adorables et respectueux. J’avais peur de me prendre des coups de sac à main si je me mettais brusquement au tu. Enfin. Je chantonnai presque. Ouais, il suffisait que l’on m’amène un bel éphèbe pour illuminer ma journée. Puisqu’il n’était pas très vivace, je m’autorisai même à le pousser à le pousser jusqu’au bac et le faire asseoir. Je lui coinçai un essuie dans le cou, pour que l’eau ne lui glisse pas dans le dos et ne mouille pas ses vêtements. Je lui rinçai la tête avec la douche, en lui signalant d’abord, par délicatesse : « Si c’est trop chaud ou trop froid, tu me le dis, hein. » Au moins, il n’avait pas eu l’idée saugrenue de se faire tatouer le visage, très joli minois, belle peau… Merde, Rose m’observait avec un œil inquisiteur, sans doute arborais-je un regard de pervers. Je lui adressai un sourire chaste avant de faire la conversation à mon client, quoi de plus innocent : « Je ne t’ai jamais vu par ici, tu es nouveau à Lewis ou tu détestes juste aller chez le coiffeur ? » Dans tous les cas, s’il avait été en ville, je l’aurais remarqué. Je ne pouvais pas passer à côté de ça. Ou je me décevrais énormément.
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MessageSujet: Re: If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL   If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL Icon_minitimeJeu 7 Juil - 8:25

J'attendis un moment, immobile, que la coiffeuse anonyme revienne, cette fois accompagnée de celui qui s'occuperait de mes cheveux. Bien que cela dura moins d'une minute, je ne pus m'empêcher d'essayer de me l'imaginer. Il serait gay, ça me semblait être une évidence. S'il ne l'était pas, alors c'était plutôt très suspect. Je l'imaginais avoir environ entre trente et quarante ans, les cheveux rasés, la moustache, les lunettes, bref, le cliché parfait du styliste homosexuel qui aime boire du vin et qui parle en gesticulant avec une voix haut-perchée. Ce n'est pas parce que moi-même je suis loin d'être hétéro que ça m'empêche de penser avec quelques préjugés ! En fait, j'étais probablement le premier à imaginer tous les gays efféminés et toutes les lesbiennes hyper masculines. Lapidez-moi si ça ne vous convient pas. Reste que je faillis sursauter en voyant ce fameux Ismaël sortir de l'arrière-boutique. Il était tout jeune ! Environ mon âge, en fait, si je ne me laissais pas tromper par son joli visage de gamin. Je répondis à son bonjour par un léger sourire et un signe de tête, prouvant à chacun et chacune que j'étais toujours aussi timide qu'avant aux premiers abords. Mais bon, ça me passerait ; je m'étais habitué à faire des trucs bien plus gênants que de simplement rencontrer des gens, après tout. J'étais habillé, là, alors rien de stressant. Quoique de me faire laver les cheveux, et donc d'être totalement à mon « meilleur » avec le visage dégagé et de la mousse sur la tête, ça, ça ne me plaisait pas des masses. Mais bon, pas le choix.

Je me dirigeai docilement vers la chaise, cape autour du cou me donnait un air de Darth Vador. Eau trop chaude, trop froide ? Non, juste mon front dégagé, chose que je détestais plus que tout. Seules les personnes qui me coiffaient avaient l'honneur de voir mon front. Le reste du temps, ma frange le couvrait. Enfin, depuis un certain temps, ma frange me tombait dans les yeux, surtout. « Nope, c'est bon. » De toute façon, je n'étais pas du genre à me plaindre simplement pour une question de température. À moins bien sûr d'être en train de me faire ébouillanter. Je soupirai silencieusement, commençant à mordiller ma lèvre alors que je fixais le plafond. Pauvre lui, il devait me trouver un peu ennuyant, avec les quatre malheureux mots que j'avais prononcés depuis le début. Heureusement pour moi, je n'eus pas à penser à un moyen de faire la conversation, puisqu'il s'en chargea à ma place. Puis bon, ça faisait partie de son boulot, de toute façon, non ? Je ne manquai pas de remarquer son sourire, un peu trop innocent pour être complètement honnête. J'en avais vu souvent, des sourires comme celui-là. Je les aimais bien, aussi, en fait. Mais, surtout, c'était sur son accent que je venais de m'arrêter. Si j'avais, comme la majorité des habitants de Lewis, un accent on ne peut plus texan, lui parlait plutôt... comme un Anglais. Cela me sembla étrange, sur le coup. Un Anglais à Lewis ? Vraiment ? Peut-être que je m'imaginais des choses. Il venait peut-être de la Côte-Est. Ou du Canada. Ces accents-là étaient beaucoup plus clairs que les accents du Sud. Mais non, ça m'avait semblé être anglais. Vraiment anglais. Et c'était bizarre.

Constatant que je m'étais arrêté un peu trop longtemps sur ce détail, je me ressaisis, relâchant au passage mes sourcils que j'avais froncés sans même le remarquer. « Avec ma crinière, si j'évitais le coiffeur, je serais bien dans la merde, » répondis-je, souriant légèrement. Il était vrai après tout que mes cheveux étaient d'une épaisseur assez impressionnante et que je pouvais parfois avoir l'air d'un lion. « J'ai grandi ici, mais j'suis parti il y a quatre ans, pour l'université. J'suis revenu il y a environ deux semaines. Ma mère est toujours au salon de coiffure, une accro, tu l'as probablement déjà vue, même. Jillian Caulfield. Brune, snob, désagréable... » Je ne voyais pas tellement comment décrire autrement ma mère, en fait. Pas mal tout le monde en ville la connaissait. L'adorait ou la détestait, ça dépendait du point de vue et des valeurs. Mais tout le monde la connaissait. Enfin, pas mal tout le monde se connaissait en ville, globalement, de toute façon. Les nouveaux passaient rarement inaperçus et, pour moi qui avais retenu le visage de chaque personne qui avait un jour été dans mon école, ce petit Anglais ne faisait pas exception à la règle. Je l'aurais reconnu, s'il avait grandi à Lewis. Ça me semblait tout simplement évident.

« Je suppose, et je suis certain de ne pas me tromper, que toi, par contre, ça ne fait pas des siècles que tu habites ici, n'est-ce pas ? » relançai-je, surtout curieux de savoir ce qui l'avait amené à Lewis plutôt que dans l'une des grandes villes américaines. C'était plutôt peu commun comme choix de ville, surtout en supposant qu'il venait d'Europe et n'avait pas seulement l'accent pour d'obscures raisons.

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MessageSujet: Re: If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL   If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL Icon_minitimeMer 13 Juil - 5:55

Depuis le temps que j’attendais un homme dans ce salon de coiffure. Bon, il y en avait bien quelques-uns, mais soit ils avaient douze ans et étaient accompagnés par leur maman, soit ils avaient quatre-vingts ans et leur femme n’était plus là pour leur couper les cheveux. La gente masculine de Lewis évitait le coiffeur comme la peste, à croire qu’on avait placardé des affiches dans toute la ville pour prévenir que j’y travaillais. Je devrais peut-être penser à draguer moins de personnes, moi, en particulier des hétéros. Enfin, Lewis, c’était quasiment la campagne, alors des gars qui prenaient soin de leurs cheveux, ça ne courait pas franchement les rues. Ils préféraient sans doute se raser la tête dans la salle de bains avec une tondeuse soi-disant professionnelle et boucher l’évier par la même occasion. Mais dès qu’on se les laissait pousser, ce n’était plus trop possible tant qu’on ne voulait pas avoir l’air de revenir de l’armée. Même si je n’avais jamais eu rien contre les militaires, les uniformes, ça m’avait toujours fait de l’effet, comme pour tout gay qui se respecte. Ou alors c’était encore un des stéréotypes auxquels je répondais volontiers. Déjà que j’étais un cliché ambulant rien qu’en étant coiffeur et homo à la fois. Heureusement que je n’étais pas catholique, parce que je m’imaginais très bien avec la fine chaîne en or et la croix, sur mon torse que dévoilerait ma chemise outrageusement entrouverte. Quoique l’étoile de David, ce n’était pas mieux. Au moins, je ne portais que des T-shirts. J’étais trop jeune pour les costumes-cravates. Je l’avais donc fait asseoir au lavage, m’occupant de ses cheveux avec les shampoings adéquats. Il me dit que la température était bonne et même si c’était réellement le cas, je voyais bien qu’il n’était pas le genre à faire des jérémiades. Les seules qui osaient se plaindre systématiquement, c’étaient les mères au foyer. De vraies emmerdeuses, celles-là.

Il avait une bonne épaisseur de cheveux, j’allais pouvoir couper, couper, couper. Oui, j’étais un psychopathe dans une autre vie. Les filles, ça leur posait toujours problème, parce que j’étais un adepte des coupes courtes et elles, elles voulaient garder la chevelure jusqu’aux fesses de gamines. Les garçons étaient moins chiants, mais quelque chose me disait qu’il n’apprécierait pas non plus mes ciseaux si j’y allais franc jeu. Et puis, il devait aimer cette longueur, alors je me montrerais indulgent. Il était parti quatre ans auparavant. Ça, c’était de la pure malchance. Sa mère ? Jillian ? Elle aurait pu me prévenir qu’elle avait un fils aussi canon. Je ne la trouvais pas particulièrement désagréable, moi, et, de toute façon, mon métier, ce n’était pas de juger les gens. Elle me semblait juste un peu cinglée, mais bon, comme toutes les habituées du salon de coiffure. Elle aimait nous raconter sa petite vie et nous faire confidences sur confidences. C’était à croire que nous aussi, on était soumis au secret professionnel. On en apprenait de belles en étant coiffeur. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’était qu’il ne lui ressemblait pas beaucoup. Pas du tout, même. Ça devait être pour cette raison qu’on n’en avait jamais entendu parler. Elle qui était si orgueilleuse, elle ne pouvait pas faire la fière avec un fils tatoué comme un motard. Pas tout à fait l’archétype du fils prodigue. Il ne manqua tout de même pas de taper juste en déclarant que je ne résidais pas ici depuis longtemps. Je souris, content que mon accent londonien me soit resté, finalement. Je n’avais jamais envié les habitants de Lewis qui, en bons citoyens texans, causaient tous comme s’ils avaient une patate chaude dans la bouche. C’était amusant, certes, pas très élégant, par contre. Et tout le monde sait que les Anglais adorent être distingués. On n’avait pas une Reine pour rien. « Quatre ans, jour pour jour, on s’est raté de peu, faut croire. »

Je lui rinçai la tête, épongeai ses mèches avec un nouvel essuie, enlevai l’autre et plaquai bien ses cheveux en arrière pour qu’il n’ait pas des gouttes d’eau dans les yeux. « Tu peux aller t’asseoir devant le miroir, juste là. » Je lui pointai du doigt l’endroit avant de me sécher les mains et de m’emparer d’un bac à roulettes où étaient rangés tous les outils nécessaires à mon métier. « Ah, et au cas où tu n’aurais pas reconnu l’accent, même si ça m’étonnerait, je suis Anglais. » Né de l’union de deux Israéliens, cependant. Mais on s’en foutait, je n’avais jamais mis les pieds à Tel-Aviv, donc je m’étais toujours considéré comme un parfait petit British. Le seul rapport que j’avais avec le pays natal de mes parents, c’était ma religion. Une fois qu’il fut assis face au miroir, je me plaçai derrière lui, adressant un nouveau sourire innocent à Rose qui m’avait clairement fait comprendre qu’elle me surveillait avant de me retourner vers lui. « Alors, tu veux changer complètement ou je vais devoir me contenter des pointes ? » Je connaissais déjà la réponse, évidemment, ce qui expliquait ma mine un peu boudeuse. Mon plus grand rêve, c’était que quelqu’un passe la porte en me demandant une crête de punk mi-bleue, mi-rose, avec des dessins à la tondeuse sur les côtés. Exactement. Voilà pourquoi je n’aurais pas dû quitter Londres, là-bas, il y en avait à la pelle des tarés comme ça. « Tu as fait quoi comme études à l’université ? J’admire les gens qui y vont, moi, ça n’a jamais été mon truc les cours. » Fallait peut-être préciser que j’étais con comme un balai. Mais je ne voulais pas l’embêter avec mes histoires de cerveau.
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MessageSujet: Re: If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL   If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL Icon_minitimeMer 13 Juil - 16:06


Même s’il ne répondit rien, je me doutais qu’il connaissait probablement effectivement ma mère. C’était une cliente plus que régulière. On ne s’attend pas à moins de la part d’une femme aussi superficielle, il faut dire. Mais de ne pas entendre un petit « ah, c’est donc toi le fils dont elle parlait » me fit comprendre qu’elle n’avait pas parlé de moi plus qu’il ne le fallait à ceux qui ne m’avaient pas connu durant ma jeunesse. Surpris, je ne l’étais pas. Déçu, par contre, aurait été un euphémisme. Oh, je pouvais bien comprendre qu’elle n’avait pas envie de se vanter de son fils stripteaseur dans un bar gay. Mais avant ça, j’avais quand même étudié en médecine pendant un an et demi. Si même cela ne la rendait pas fière, je voyais mal ce qui réellement pouvait le faire. Je décidai cependant de ne pas m’attarder sur ce point. Mieux valait garder cet argument en mémoire pour une future engueulade avec elle. Pour le moment, mon joli coiffeur ne méritait pas du tout l’arrivée soudaine d’une mauvaise humeur. Surtout sachant que mes mauvaises humeurs ont toujours été plutôt… violentes. Il répondit donc à ma supposition, me déclarant que j’avais visé juste, et je hochai docilement la tête en entendant le reste de la phrase. Sachant de quoi j’avais l’air quatre ans plus tôt, j’étais plutôt content qu’on se soit « raté de peu », comme il disait.

Il eut bientôt terminé de me laver les cheveux, et il m’indiqua devant quel miroir aller m’assoir. Silencieusement, je procédai jusqu’à la chaise, toujours en mode Darth Vador. Je grimaçai en me regardant dans la glace, désapprouvant le look que ces cheveux tirés vers l’arrière me donnaient. Rapidement, je secouai ma tête, renvoyant le tout devant mes yeux. Ce n’était pas des plus agréables, d’autant plus que cela gâchait un peu la vue — qui, Dieu le sait, était plutôt sympathique—, mais je préférais ça à mon front dégagé. Traitez-moi de maniaque si vous voulez. Ramenant son bac à roulettes vers moi, Ismaël me confirma une autre de mes suppositions. « Oui, c’est ce que je me disais. J’avoue que j’étais un peu confus quant à ton accent, quand même. C’est rare les étrangers, ici. » Cependant, sachant de quoi le fameux étranger avait l’air, je n’aurais pas eu le droit de dire que ça me déplaisait.

Je constatai sa moue légèrement boudeuse alors qu’il me demandait comment il pouvait couper mes cheveux, et j’eus envie de fondre sur place. Il semblait tellement vouloir me couper les cheveux « pour vrai » que j’eus limite honte de ma réponse. Un peu plus et ça me brisait le cœur. J’affichai un sourire triste, puis hochai gravement la tête. « Que les pointes, oui. Environ un pouce. » Ils utilisaient le système impérial, en Angleterre ? J’eus soudainement un gros doute, et je fis la conversion dans ma tête, juste au cas. « Deux, trois centimètres. » Mieux valait ne pas courir le risque de me retrouver avec les cheveux trop courts. Assis bien droit dans la chaise, ce qui était plutôt étonnant venant de moi, j’attendis une seconde avant de finalement ajouter : « Et tu peux amincir, aussi. Enlève de l’épaisseur, sinon je vais mourir d’un coup de chaleur d’ici quelques jours ». Oui, j’étais pris de remords, en quelque sorte. Il me semblait sympa, je pouvais bien l’être en retour. Et puis, s’il était destiné à devenir mon coiffeur officiel, mieux valait qu’il m’apprécie dès le départ. Il avait la vie de mes cheveux entre ses mains, après tout. Sait-on jamais… Enfin, évidemment, tout dépendrait de ma mère. Probablement n’aurait-elle pas été des plus heureuses de savoir qu’un mec —homo en prime, j’en étais persuadé— me coiffait. Un peu parano, vous voyez ? Oh, elle n’est absolument pas homophobe, par contre. Sauf dans mon cas, quoi.

J’eus par la suite besoin de prendre une grande inspiration. Discrète, mais profonde. Je détestais dire en quoi j’avais étudié, parce que bien des gens ne me croyaient pas. J’avais l’air un peu louche, après tout, avec mes tatouages. Et ceux qui me croyaient étaient toujours surpris quand même, ce qui avait le don de m’embarrasser. Comme j’ai toujours été incapable de cacher mon malaise, cela rendait toujours la situation encore plus pénible. « Content d’être admiré, alors, » répondis-je en souriant doucement, me rendant compte que ma phrase était d’une inutilité totale. Malheureusement, je n’avais pas encore répondu à la foutue question que je détestais tant. Mon sourire disparaissant rapidement, je poursuivis. « Mais pour être franc, je me suis rendu compte que c’était pas trop mon truc non plus. J’ai fait un an et demi en médecine, mais après j’ai tout lâché. » Pas que c’était trop difficile, mais c’était emmerdant à un point inimaginable. Sans oublier la quantité de travaux à faire. Bref, un véritable enfer, surtout pour moi qui avais toujours rêvé d’être acteur, non pas chirurgien.

Je passai sous silence ce que j’avais fait durant mes deux autres années et demie à Dallas, comme ma mère me disait de faire. Ce n’était pas tant pour lui faire plaisir que je taisais ce passage que parce que c’était seulement une question de foutu bon sens. Tout Lewis n’avait pas à savoir ce que je savais faire avec un poteau. Je poursuivis donc sur une autre lancée, toujours curieux à propos de ce petit Britannique. « Je peux te demander ce qui t’as poussé à venir habiter ici ? Déjà que de voir quelqu’un d’un autre état s’établir ici c’est assez hallucinant, alors un Anglais… »

C’était bizarre, tout simplement.

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MessageSujet: Re: If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL   If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL Icon_minitimeVen 15 Juil - 5:12

C’était vrai que Lewis n’était pas tout à fait l’endroit de prédilection des étrangers. Quand on arrivait d’un autre pays, on se dirigeait toujours vers les métropoles, là où il y avait du travail et des amis en devenir. En prenant l’avion pour les Etats-Unis, tout le monde aurait pensé à New York, mais personne n’aurait eu l’idée de venir s’installer au fin fond du Texas. Enfin, personne à part Lily, évidemment. Moi, je l’avais bêtement suivie jusqu’au bout du monde, sans réfléchir. Il faudrait peut-être que je lui demande un jour pourquoi elle avait choisi Lewis. Je ne m’étais jamais posé la question avant, ça ne m’avait pas semblé bizarre, en fait. Du moment qu’il y avait des gens et des maisons en briques, ça me suffisait amplement. Il avait secoué la tête et s’était remis les cheveux devant les yeux. Je me doutais que ce n’était pas par pur hasard qu’il avait eu ce geste, mais plus par coquetterie. Bah, monsieur ne voulait pas qu’on voie son front ? C’était trop mignon. N’empêche que, j’étais navré pour lui, mais je devais les tirer en arrière, sinon j’allais avoir du mal à ce que qu’il n’y ait pas de différences de longueur non souhaitées. Du coup, dès qu’il me dit ce qu’il fallait couper, que les pointes, comme je l’avais deviné, je pris mon peigne et dégageai à nouveau son visage. Ça ne durerait pas très longtemps, il n’avait qu’à mordre sur sa chique. Et puis, je ne voyais pas du tout de quoi il avait honte, il était toujours aussi canon, avec peut-être juste un air un peu rétro-mafieux. Il précisa qu’un pouce faisait deux, trois centimètres et je souris en coin : c’était en Angleterre qu’on avait inventé le système impérial, mon joli, même s’il était moins utilisé aujourd’hui. Sans compter que : « Ça fait quatre ans que je vis aux Etats-Unis, j’ai eu le temps de m’habituer, tu sais. » Mon sourire s’élargit lorsqu’il m’autorisa à enlever de l’épaisseur. Bon, c’était une maigre compensation – maigre, façon de parler, il avait quand même beaucoup de cheveux – mais c’était déjà ça.

M’emparant de mes ciseaux, je commençai à couper, pas trop franchement parce que j’avais tendance à m’emballer. Oui, j’étais dangereux avec des objets tranchants. Heureusement que j’arrivais à me contrôler, sinon, j’aurais fait un très bon serial killer. Les mèches s’échouaient sur le carrelage et j’étais sûr que leur chute au ralenti, ça aurait été extrêmement poétique. Ouais, j’étais vraiment dans mon monde quand je bossais. Je revins sur terre tandis qu’il répondait à ma question, à savoir ce qu’il avait fait comme études. Dire que je n’aurais jamais été capable d’entrer à l’université était un euphémisme ridicule. Même l’école primaire avait été un désastre. Faire un plus un était presque compliqué pour mon cerveau. Le lycée de coiffure, ça avait été la meilleure initiative que j’aie prise de toute mon existence. Il était content d’être admiré ? D’accord, je l’avais dit… Pourtant, je ne l’avais pas tellement pensé. C’était surtout devant son physique que je bavais, enfin, n’allons pas le décevoir. Je pouvais me montrer très futile, parfois. Néanmoins, ce n’était pas la réponse que j’attendais, à moins que j’aie moi-même oublié ce que j’avais demandé. Il continua sur sa lancée et j’appris qu’il avait fait un an et demi de médecine, et qu’il avait abandonné. Je grimaçai à cette annonce, pas parce qu’il avait tout lâché, mais plutôt parce que chaque fois qu’on prononçait le mot médecine, docteur ou médicaments devant moi, je n’avais que l’image de Lily sur un lit d’hôpital à l’esprit. « Et les deux ans et demi qui restent ? Tu as bien dû t’occuper pendant tout ce temps, non ? Des petits boulots ou quoi ? » Par exemple, avant de décrocher un job dans un salon de coiffure, moi, j’allais aider le Rabbin à la synagogue. Bénévolement, bien sûr. Et j’étais obligé par mon père, aussi. Mouais. Il n’avait pas tout à fait la tête de l’emploi, lui. Je l’imaginais mal distribuer des hosties à la messe.

C’était tout un art de coiffer quelqu’un tout en tenant une conversation. Les gens se foutaient toujours de ma gueule, car, pour eux, j’étais faible puisque je n’étais pas surdiplômé. Et bien, j’étais certain que même pas un quart de ces personnes-là pourraient faire cela. Elles auraient déjà planté les ciseaux dans le crâne de leur client. Ce qui était bien avec ce jeune homme, c’était qu’il m’interrogeait aussi, de sorte que je n’avais pas non plus à trop réfléchir, Yahvé sait à quel point c’est périlleux de me faire trop utiliser mes méninges. Il me demandait donc ce qui m’avait poussé à emménager à Lewis et il n’y avait rien de plus embarrassant pour moi que cela. Oh voyons, disons que mon petit copain m’a plaqué froidement sans aucune raison du jour au lendemain et qu’après j’ai couché avec une fille – ce qui ne se reproduira plus jamais – qui, évidemment, est tombée enceinte et a voulu qu’on se marie pour garder son honneur, ce que j’ai refusé, ensuite, neuf mois après, un jour avant que le bébé naisse, j’ai déclaré à mon père juif et conservateur que j’étais gay de chez gay, ce à quoi il a réagi en me posant un ultimatum : soit je devenais hétéro, soit je dégageais, et puisque ma meilleure amie quittait Londres le jour suivant, je me suis dit que ce serait un excellente idée de dégager et de partir avec elle. « Rupture… Difficile. Après, ce n’est pas moi qui ai choisi la destination. Je suis venu avec ma meilleure amie, on habite ensemble. » Version écourtée de toute l’histoire, je vous l’accorde. Mais repenser à tout cela me faisait souffrir, de la vraie torture mentale. « On fait n’importe quoi par amour, mais ce qu’on ne dit pas c’est que les séparations aussi, ça rend fou. Sinon, tu as une petite amie ? » Air totalement désintéressé. En plus, j’avais lancé ça comme si c’était obligatoirement une fille, c’est que je m’améliorais, moi.
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MessageSujet: Re: If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL   If I cut my hair, Hawaii will sink ☀ ISMAËL Icon_minitimeMar 9 Aoû - 5:37


Oui, probablement avait-il eu le temps de s'habituer au système impérial, comme il le disait. Mais bon, j'étais réveillé depuis maximum trente ou quarante minutes, et me demander de penser à tant de choses à la fois était un peu cruel. Je savais très bien que l'Angleterre et les États-Unis n'avaient pas grand-chose à voir, et sachant que le monde entier se plaint des USA parce qu'apparemment nous sommes les seuls à encore utiliser le système impérial, ça m'avait sur le coup semblé logique. Mais qu'est-ce qu'il a de si mal, le système impérial, bordel ? Bien heureusement, je finis par débloquer de ce sujet. Ça ne me tenait pas à coeur à ce point, quand même. Tant qu'il me coupait convenablement les cheveux, tout allait encore.

Je dois dire que j'avais toujours admiré les coiffeuses. Et, dans ce cas-ci, coiffeur. J'admets avoir toujours été un peu élitiste quant au niveau intellectuel des gens, et d'avoir été à l'université en médecine n'a sûrement pas aidé ; certaines personnes sont imbéciles, et peu de choses me tapent plus sur le système que ça. Les coiffeuses et autres personnes travaillant dans le domaine de l'esthétique semblaient souvent touchées par cette imbécilité hors du commun, d'ailleurs. Peut-être pas dans 100% des cas, mais ça semblait tout de même être un pré-requis pour étudier dans le domaine de la beauté. Cependant, je n'aurais personnellement jamais supporté de faire leur job. Je n'avais jamais eu réellement envie d'être médecin, mais je savais depuis longtemps qu'une fracture ouverte ne me dégoutait pas plus qu'il ne le fallait. Par contre, la simple idée de passer ma journée à faire la conversation à des clients, pas tous très adaptés à la vie en société d'ailleurs, m'horrifiait au plus haut point. Et ça, je devais bien le leur laisser, les coiffeurs étaient on ne peut plus patients. C'était admirable. J'essayais d'ailleurs toujours de ne pas trop faire chier. De ne pas être le client détestable que les coiffeuses voient arriver avec autant de crainte que si Lord Voldemort était en route ou que l'oeil de Sauron avait la pupille fixée sur elles. Je ne savais pas si je réussissais particulièrement bien mais, au moins, je faisais des efforts.

Je répondais aux questions, quoi. Et, parfois, je faisais la conversation un peu. Comme là. Sauf que, sur le coup, je me retrouvai sans le moindre mot à la bouche pour poursuivre. Probablement que mon court silence sembla suspect, mais je tentais de me remémorer le mensonge que ma mère m'avait fait répéter avant de m'autoriser à sortir de la maison la première fois. « J'étais serveur. Dans un café. » Plus cliché, tu meurs. D'autant plus que je voyais mal un café m'engager avec tous mes tatouages. Et que je voyais mal ce job payer assez pour la quantité de tatouages que j'avais. Mais Jillian m'avait dit de répéter ça, et je le faisais. Ce n'était pas mon genre d'être docile mais, à peine réveillé, cela valait quand même mieux. Bientôt, j'eus complètement changé de sujet. À la fois parce que je préférais ne pas m'enfoncer dans les mensonges –mentir à son coiffeur, c'est bas– et parce que ses origines m'intriguait. J'avais vu plusieurs Anglais à Dallas, oui, mais à Lewis... rarement, pour ne pas dire jamais. Je grinçai des dents lorsqu'il parla de rupture, trouvant cela fort dommage. Quelqu'un l'avait eu et l'avait laissé ? Quel gâchis. Enfin, j'étais compatissant, également, bien que je ne savais pas réellement ce que c'était que de se faire laisser. Tout simplement parce que je n'étais jamais sorti avec personne. Des peines d'amour, j'en avais eues, oui. Mais être largué, ça restait encore sur ma liste de choses à faire. Ou à ne pas faire.

Il mentionna par la suite sa meilleure amie. Anglaise, selon toute logique. Aussitôt, j'arquai un sourcil. Je connaissais –quoique "connaitre" était un bien grand mot– une Anglaise, en fait. « Ma soeur se fait donner des cours à la maison pour l'aider à l'école. La fille qui l'aide est Anglaise. Je suis plus certain de son nom, Lila je crois, un truc dans le genre... » Peut-être avions-nous une connaissance en commun. Si oui, mieux valait que j'apprenne correctement le nom de la tutrice de ma soeur. Et que je mange à table plutôt que dans ma chambre la prochaine fois que ma mère l'inviterait à diner pour la remercier de l'aide apportée. Il y avait peut-être des choses à apprendre après tout. Du genre... « Sinon, tu as une petite amie ? » Ouais, dans ce genre-là, en fait. Je restai interdit une seconde, ne sachant pas tellement comment prendre cette question. Probablement parce qu'à le regarder, il m'avait semblé... Non, en fait ça ne se décrit pas vraiment. J'avais juste eu une drôle d'impression pendant une seconde. « Nope, encore libre de laisser le couvercle des toilettes levé. Enfin, façon de parler, y'a quand même ma soeur qui gueule quand elle tombe dans l'eau, mais c'est moins grave. » Et il adorait entendre sa soeur enragée à l'autre bout du couloir. Ça lui avait manqué, de ne pas pouvoir la faire chier pendant quatre longues années. Avoir son soufre-douleur à nouveau était très apaisant. Et très bon pour les nerfs. « Puis c'est encombrant, une copine. Si un jour j'en ai une, faudra que ce soit un mec dans un corps de fille. Qui aime jouer à des jeux vidéo, regarder Jurassic Park, qui prend pas huit ans dans la salle de bain, qui sait conduire une voiture à transmission manuelle... » Ce fameux "si un jour j'en ai une" venait de montrer deux choses : un, il n'avait jamais eu de copine, et deux, il préférait les mecs. Et de loin. Tellement plus simple, après tout. Physiquement, il aimait beaucoup les filles, oui. Mais psychologiquement, il ne se sentait pas prêt à en affronter une jour après jour. Après, peut-être que sa phrase n'était pas aussi claire à d'autres oreilles qu'aux siennes, mais ce n'était pas comme si c'était réellement important, n'est-ce pas ?

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