« Oh miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ? » L'avantage à avoir une mère comme la mienne, c'est qu'elle a toujours été ambitieuse. Née dans une famille qui ne savait pas la reconnaître à sa juste valeur, incomprise de tous, elle chantait pour se défouler. Un peu comme moi. Alors, un jour, alors qu'elle chantait avec des amis dans la rue, ils furent approchés par un producteur. Ça peut paraître un peu gros, je sais. Mais figurez-vous, que le mec en question avait de la famille à Galway et a donc été voir ma mère pour lui dire que le groupe était plaisant et que donc, il tenait absolument à les lancer. Et c'est ainsi qu'est né les Pink Toxic. Bon, ils n'arriveront jamais à la hauteur de U2 mais ma mère se révélait douée, tellement bonne dans ce qu'elle faisait qu'elle a quitté le groupe pour se lancer en solo. Catherine a gravi les échelons toute seule, ne souhaitant que sa carrière, que les gens l'aiment pour elle et enfin qu'on l'admire. La célébrité comporte bien des avantages mais aussi des inconvénients. En effet, alors qu'elle était au sommet, elle a subitement chuté. On a malheureusement rien compris mais la drogue, le sexe a fait son effet. Du coup, Kate, l'oiseau, celle qui volait de ses propres ailes s'est retrouvée en bas de l'échelle à devoir reconquérir son public. Mais elle n'avait pas dit son dernier mot. C'est là, qu'elle a rencontré un compositeur. Il la trouvait belle, lui n'était pas particulièrement séduisant mais en parfaite ascension et boum.

Sauf que pour Liam ma mère n'était qu'une pimbêche. Alors il a voulu la quitter et c'est là qu'elle lui a avoué qu'elle était enceinte. De moi. Lui, n'aspirant qu'à une vie de famille l'a donc épousée parce que dans sa famille, ils étaient plutôt vieux jeux et ils ont commencé à fonder un foyer. Sauf que là, ma mère s'est sentie mal. Elle est donc restée au lit durant tout le temps de l'accouchement, s'assurant pour les tabloïds ne l'oublient pas en donnant des interviews depuis son lit jusqu'à l'accouchement et la venue de cette magnifique petite fille qu'elle aimait tant. Moi.


« Miroir mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle ? » C'est toujours vous madame. Assise dans un lit d'hôpital, elle regarde au loin la scène. Celle de son mari, berçant et chantant pour la gentille petite fille qu'il venait de mettre au monde. June Ella O'Donnel. Une vraie petite merveille selon les autres qui sera sans doute « aussi belle que sa maman. » Surement. C'est là que Katherine n'a pas hésité à élevée sa fille selon ses propres manières. Jamais là. La détestant un jour un peu plus, elle m'a appris que je n'avais aucun talent, aucune beauté et que je devais plus me concentrer sur mes études que sur la musique. Les années ont passé et à cinq ans, un changement radical est survenu dans ma vie. Mon père, ce compositeur si célèbre devait partir travailler à New-York. Imaginez vous, une petite fille ayant grandi dans une bourgade irlandaise qui entendait parler de son père qui disait vouloir l'emmener à New York. Le rêve non ? Sauf que ma mère, cette sombre peste s'opposa à cette décision. « Non, elle restera avec moi. Tu ne t'es jamais occupé d'elle. Moi si. » Sombre mensonge évidemment. Mon père m'aimait bien que toujours absent. Mais il m'aimait lui, même plus que sa propre femme. Alors, je suis restée vivre en Irlande avec ma mère. Enfin, avec la nourrice. Je ne voulais pas la voir, la détestant, elle qui recevait des prix pour la mère modèle, vivant dans l'idée que mon père et elle s'aimaient. Erreur.

A l'école, tout était terrible. Les gens ne voyaient que mes parents. Je n'avais pas d'amis, je n'en voulais pas m'enfermant dans un monde où j'étais vue pour moi et pas seulement pour deux illustres célébrités. Puis un jour, j'ai cru qu'il était différent. Un jour, un jeune homme vint s'assoir à ma table. Il s'appelait Charlie. Beau prénom. Bel gueule, j'ai commencé à parler avec lui et nous sommes devenus amis. Il est devenue mon meilleur ami pour qui je nourrissais d'autres sentiments. Je pense que c'est ça qu'on devait appeler l'amour. Il était mon allié, m'écoutant me plaindre de mes parents comme une gamine, ne faisant rien. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me trahisse et pourtant, il l'a fait.


« Nous allons divorcer, ton père et moi. » J'accueille la révélation avec une certaine surprise en pensant que mes parents s'aimaient mais j'avais tord je crois. Il semblerait que tous les deux avaient des amants à droite et à gauche, que mon père m'avait remplacé (selon Kate) et qu'en plus, il allait fonder la petite famille parfaite à New-York. Super. Je regardai en pleurs, moi si fragile, ayant été élevée dans une cage dorée où un jour, je quitterai cette marâtre pour aller rejoindre mon père à l'autre bout du monde et envoyer cette pétasse frire en enfer. Mais le pire était à venir. Assise prêt de mon meilleur ami, je le vois subitement se lever, me disant qu'il allait prendre congé. Une fois, de plus, j'avais tord. Il se leva pour aller embrasser ma mère. Charlie et Catherine. En lui disant qu'il pourrait être ensembles maintenant qu'elle divorçait, qu'il s'était rapproché de moi dans le seul but de l'approcher elle. Et là, je sentis quelque chose se briser en moi. Me levant alerte, je sentais son regard haineux sur moi et c'est là que je compris que cette salope ne m'avait jamais aimé. Alors, je suis sortie dehors pour dire à la presse qu'ils pourraient cramer tous les deux en Enfer, je n'en avais rien à foutre. J'ai foutu le camp. Prenant mon sac et ressortant une vielle carte qui trônait dans mon portefeuille. Mr Garner. Un ami de mon père exilé au Texas qui m'avait contactée il y a des mois après m'avoir entendu chanter. Sans trop savoir, je décroche le téléphone pour composer son numéro.
- Allô ?
- Monsieur Foster, ici June, la fille de Liam. Je voudrais devenir chanteuse afin de détruire mes parents. Vous pensez pouvoir faire quelque chose pour moi ? 
- Venez me voir, on verra ce qu'on peut faire.

Je me suis donc envolée pour une destination qui m'était inconnue. Laissant tomber le nom de mes parents. Prenant une fausse identité pour le showbiz. June n'existait plus. Je suis devenue Ella O'Donnel. Une jeune fille parfaite, belle, rousse (moi qui étais blonde à la base) n'hésitant pas à se montrer, à jouer d'elle. Le plus dur restait à faire. Il fallait maintenant que j'arrive à percer dans le métier, ce qui ne serait pas facile à mon avis puisque ma plus grande rivale continuait à me mettre des bâtons dans les roues. Ma mère.