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 |  Sujet: Le problème c'est qu'entre nous, ça ne collera jamais. || {Eliott  Mar 26 Juil - 12:54 | |
|  La fumée monta dans le ciel, lente, opaque et presque irréelle. Je regardais ce petit nuage, perdue dans mes pensées. Je n'avais rien à faire ici. Je ne devrais même pas être à l'entrée de la gare, à attendre. J'avais reçu un message de mon ancienne gouvernante qui me disait d'aller à la gare de Lewis. Les parents Greenleaf voulait me voir pour parler de je ne sais quoi et ils arriveraient vers onze heures. Je soupirais, et, coinçant mon joint entre mon majeur et mon pouce, je le jetais le plus possible de moi. Mes yeux se perdirent quelques secondes sur le paysage devant moi. Ezra aurait adoré ce mode de vie que je menais. Pas celui de la pute que j'étais, plutôt celui de l'étudiante vivant au soleil. Lewis lui aurait plut, j'en étais quasiment certaine. Il râlait quand l'hiver approchait à New-York et que je l'obligeais à m'accompagner à Central Park. Il se pelait littéralement et se plaignait souvent qu'il allait les perdre. Un sourire atteignit mon visage et les larmes montèrent à mes yeux. Je glissais mes mains dans les poches de mon short et rentrais dans le bâtiment, allant m'assoir sur les chaises. J'avais encore du temps à tuer avant l'arrivée de leur putain de train. Je me doutais même qu'ils n'aient pas pris de jet privé, ou une connerie dans ce genre là. Quelques regards convergèrent dans ma direction et ce n'était franchement pas moi qui allait m'en plaindre. Peut-être que si j'arrivais à en entraîner dans les toilettes, je pourrais … Je me mis une claque mentale immense. Pas ce putain de jour. Je ne devais pas devenir cette pute là. Pas aujourd'hui. J'avais négocié quelques jours de congé avec le mac, pour prévoir l'arrivée de mes géniteurs. Il avait comprit et comme il connaissait ma situation, et il faut s'avouer, je ramenais pas mal d'argent, j'avais eus le privilège de ces quelques jours.
Commençant à m'énerver, et étant à deux doigts d'enfoncer deux doigts dans les yeux du vieux à ma gauche, qui était presque en train de tomber le nez dans mon décolleté, pourtant pas du tout provoquant, je me relevais, jurant comme un marin. Je ne vois absolument pas ce qu'il y a d'attirant chez une fille portant un short, certes relativement court mais j'ai porté pire que ça, et un tee-shirt qui a appartenu à son frère, même si ce dernier descend assez bas sur ma poitrine et qu'on pourrait presque voir mon soutiens-gorge noir sur ma foutue peau laiteuse. Enfin, quoi qu'il en soit ce n'était absolument pas le moment, ni le lieu, ni l'heure pour me faire chier. Je m'avançais vers le bar et montais sur un des tabourets. Je soupirais et posais mon front entre mes deux paumes, tournées vers le ciel. Le serveur s'avança vers moi me demandant ce que je voulais boire. Je commandais un verre de vodka et devant son regard sceptique, je sortis ma carte d'identité. Il sembla déçu de constater que j'avais l'âge de boire de l'alcool, pourtant il m'amena mon verre, malgré qu'il ne soit pas encore midi. Quand j'entendis le verre se poser devant moi, je le saisis aussitôt et le vidais d'un seul coup. Le liquide coula dans ma gorge, déclenchant un feu familier dans ma trachée. Je soupirais de bien-être. Je n'étais rien d'autre qu'une putain d'ivrogne. Je sortis mon paquet de cigarettes et en allumais une, avant de laisser la fumée sortir de ma bouche entre-ouverte.
» Mademoiselle, vous n'avez pas le droit de fumer ici …
» Y a rien qui m'en empêche.
Provoquer pour jouer. Jouer pour vivre. Je tirais sur ma cigarette et recrachais la fumée sur le visage du pauvre serveur. Il manqua de s'étouffer et un sourire mauvais étira mes lèvres. Sombre crétin. Il me lançait des interdictions, pensant que je les suivrais à la lettre comme une gentille petite fille, alors qu'il ne me connaissait absolument pas. S'il avait seulement tilté dans son petit cerveau de moineau pour mon nom de famille, franchement, on pourrait lui décerner une médaille. Mes parents étaient connus dans le monde entier, mais pourtant, je n'avais jamais vu mon prénom et mon nom, ainsi que des photos compromettantes de moi, affichées dans des magasines à scandales. Remarque, des Greenleaf à New-York ça court relativement bien les rues, donc à la limite, les gens ne devaient pas faire le lien, vu qu'ils vivaient je ne sais trop où et qu'ils ne parlaient jamais d'Ezra ou de moi. Pour eux, il était encore en vie de toute manière. Je demandais un autre verre et le serveur me l'amena. Toute la matinée, je restais assise là, à enchaîner les verres de vodka, dans une gare, espérant voir mes parents arriver d'un moment à l'autre. Sauf que ça n'arriverait jamais. Je l'avais su dès l'instant où j'avais lu le message. J'avais compris dès l'instant où j'étais arrivée ici, qu'ils s'en foutaient de ma vie, qu'importe ce que je sois devenue. Malgré tout, ça me brisait complètement.
Aux alentours de midi, on me jeta presque dehors. J'étais ivre et j'avais dû mal à marcher droit. Heureusement, j'étais venue à pied, prévoyant le truc. Ils ne viendraient pas et je noierais mon chagrin dans l'alcool. J'étais tellement prévisible que ça me faisait mal. Moi aussi je voulais que ma mère vienne une fois dans sa putain de vie voir comment j'allais, si j'avais besoin de nourriture ou qu'elle vienne juste me tenir compagnie. J'aurais voulu qu'elle m'aide quand mon corps a commencé à changer et que je ne sois pas obligée de me tourner vers mon jumeau ou même vers la gouvernante. Ça avait été insultant et humiliant de demander à Ezra s'il savait mettre un tampon. Je n'oublierais jamais son regard et la tête qu'il a affiché à ce moment-là. J'en rigolais encore. Je pose mes mains sur le mut à ma droite et respire. La terre bouge dangereusement de gauche à droite et j'ai vraiment envie de vomir. Je me relève lentement, mon regard fixé sur la sortie. En chemin, je heurte quelqu'un assez violemment. Je marchais sûrement assez vite, et je me retrouve assise par terre. Je grommelle et jure avant de me relever avec difficulté. Ma tête se met à tourner et je pose mes mains sur mon crâne quelques secondes. Je regarde la jeune femme que je viens de heurter, sans réellement la voir.
» Putain ! Merde ! J'suis désolée … ça va ?
Je dois sûrement faire pitié. J'empeste l'alcool à midi, je marche tordu dans une gare et encore mieux, je vois double maintenant. Je cligne des yeux plusieurs fois, essayant de la remettre dans une seule personne, mais c'est peine perdue. Ces deux parties d'elles restent obstinément l'une à côté de l'autre, presque en me narguant. J'en frapperais bien une, mais pas sûre que ce soit la bonne et que je ne tombe pas à la renverse entre temps. Je souffle et frotte mes yeux assez énergiquement, avant de les rouvrir lentement, cherchant le visage de la demoiselle que j'ai bousculé. Bordel, pourquoi est-ce que le sol bouge comme si j'étais sur un bateau, en pleine tempête de surcroît ? |
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