ANGELA & CHARLIE
« CONFIDENCES POUR CONFIDENCES »

Les cours venaient de se terminer et pourtant, je prenais tout mon temps pour ranger mes affaires alors que d'autres se ruaient vers la sortie. Pourquoi se presser alors qu'on avait tout notre temps devant nous? Il n'était que 16 heures et le repas était dans longtemps encore. Je n'avais rien de prévu, comme bien souvent en fait. Que faire si ce n'est retourner chez moi? J'y serais seule, comme toujours... La solitude, le silence, j'étais du genre à rester discrète et peu de gens me connaissaient ici. Je crois même que pour certains, c'était la première fois qu'ils me voyaient tellement je pouvais paraître invisible. Oui, j'étais invisible et pourtant, quelques personnes m'ont remarqué. Je me suis fais des amis, des connaissances et même quelques ennemis. Je me demande comment c'était possible, moi, Angela, un fille secrète et silencieuse. Sans doute parce que j'étais une jaune parmi tous ces blancs? Car oui, la coréenne que je suis ne passe pas non plus inaperçu. Paradoxe? Oui, toute ma vie en est une et je ne fais rien pour la changer.

Je sors dans la salle de classe en silence. Je suis la dernière et le professeur était déjà parti. Je me demande s'il m'avait vu... Sûrement sinon la porte serait fermé, or ce n'est pas le cas. Enfin bref. Les couloirs sont bondés de monde et je parvenais avec difficulté à me faufiler jusqu'à l'extérieur. Une fois dehors, je respirais l'air frais à plein poumon. Ça faisait tellement du bien. Néanmoins, sous un coup de vent, je frissonnais légèrement et referma un peu plus mon trench. Certes, le printemps arrivait à grands pas mais on sentait encore la fin de l'hivers. Bientôt, les rayons du soleil viendraient tous nous réchauffer et les oiseaux reviendront. Rapidement, j'entrais dans ma voiture et conduis jusqu'à mon appartement. Il était vide, bien entendu. Qui pouvait bien m'attendre hein? Après tout, ma mère est en Corée et mon père? Je n'en ai plus... Et j'étais seule entre ces 4 murs. Je jetais alors mon sac à terre, près de mon lit avant de me coucher dessus. Je portai une main sur mon front, l'autre sur mon ventre tandis que je soupirais. La journée avait été ennuyante, comme bien souvent et... je ne sais pas trop en fait. J'avais le coeur légèrement lourd sans en connaître la raison. Et soudainement, j'espérais que Charlie soit là. Sauf que bien sûr, elle ne pouvait se trouver dans mon appartement à ce moment-là. Doucement, je soupirais avant de me lever. Je ne pouvais pas rester ici. Certes, j'aimais la solitude et le calme mais là, je sentais que si je restais une minute de plus, je péterai un câble. Je pris à nouveau mes clefs de voiture, prit un autre sac, fourrai tout ce dont j'avais besoin et sorti de mon appartement dans un coup de vent.

Le café de la ville était bondé mais je réussi tout de même à trouver une table qui venait tout juste de se libérer. Je commandai un café et ma boisson ne tarda pas à arriver. Et je restais là, seule parmi tous ces petits groupes.