Cette nuit là avait été plus longue que les autres. D'habitude, j'allais trouver l'ivresse dans les bars puis le réconfort dans les bras d'une quelconque jeune fille qui était prête à s'offrir corps et âme à ma personne. Mais ce soir là, j'étais resté dans mon appartement à broyer du noir. Vingt six ans, vingt six ans que je vis à Lewis et je n'ai jamais eu le courage de partir. Pourtant, l'envie ne me manquait pas par moment. Je voulais m'enfuir, prendre mes bagages et laisser ma cousine seule dans ce grand appartement. Je voulais tout quitter pour aller je ne sais où. Parfois, je voulais rejoindre Juliet, lui dire que je lui pardonnais toute la peine qu'elle avait fait. Que je lui pardonnais d'avoir marché sur mon coeur de cette façon, mais au fond, c'était pas totalement vrai. Je lui en voulais encore, mais j'y pensais moins. Justement, ce soir là, mes pensées étaient tournées vers elle. Je ne saurais l'expliquer. Alors, pendant que ma cousine faisait je ne sais quoi, je restais là, dans mon canapé à zapper sur toutes les chaines sans même y faire attention, un verre de whisky à la main. L'alcool était sans doute mon plus grand défaut. Quand Juliet est parti, j'ai commencé à boire plus qu'avant pour finalement boire trop souvent. Je ne me considérais pas comme alcoolique, mais je l'étais. Parce que l'alcoolisme ne se définit pas par la quantité mais par le besoin. J'étais bel et bien alcoolique et souvent je me dégoutais moi même. Surtout que ivre, j'avais des réactions disproportionnées. Mais dans l'ensemble, j'arrivais à me contrôler. Bref, j'avais passé la soirée à ne rien faire si ce n'est à penser en ruminant contre la terre entière pour finalement aller me coucher. J'avais un grand lit, parce que j'aimais ça, les grands lits. Je trouvais ça tellement classe. On pouvait rentrer à trois sans problème. Mais le problème des grands lits c'est que lorsqu'on s'y retrouve seul, on se sent affreusement délaissé. On se sent encore plus seul que dans un petit lit, on se dit que quelqu'un pourrait avoir cette place à côté de nous. Quelqu'un qui n'aurait rien contre vos ronflements, ni contre votre haleine désastreuse du matin. Quelqu'un qui partagerait simplement votre vie. Et je m'endormis vite, désireux d'une vie meilleure. C'est une des sensations les plus agréables du monde qui me réveilla. Des doigts parcoururent mon torse volontairement nu et des lèvres vinrent se coller à mon cou. Je savais déjà de qui il s'agissait, c'était Cassie, mon petit soleil. Ma cousine adorée, ma lumière dans l'obscurité. La vie sans elle dans cet appartement aurait été totalement vide de sens. Elle rendait tout plus gai, plus beau, ça me plaisait énormément, je me sentais jamais malheureux à ses côtés, c'était comme si elle aspirait toute ma peine pour me libérer d'un poids. Nous entretenions une relation peu saine, en effet, nous avions assez souvent des relations sexuels et toujours une certaines ambiguïté dans nos gestes, nos propos. « j'ai envie de toi... » me susurra t-elle alors, je me permis un petit sourire dans l'obscurité certaine de ma chambre dû aux volets que j'avais pris le soin de fermer la veille. Je l'entourai de mes bras, déposant mes lèvres contre ses cheveux et la serrai fort. J'aimais la sentir contre moi. Je n'en étais pas amoureux, et parfois, je m'en blâmais. Elle méritait tout mon amour, elle devait cependant se contenter de mon affection, mais elle ne s'en était jamais plains. Elle savait pour Juliet, elle savait tout le mal qu'elle m'avait fait. Elle savait tout et elle me pardonnait tout dans sa bonté infinie. A côté de ça, c'était une vrai junkie et elle me faisait souvent planer avec elle, j'adorais ça également. J'étais tout sauf responsable quand nous étions ensemble. « Tu es bien matinale, Cassie. » je savais que répondre à côté lui ferait perdre patience, j'aimais beaucoup l'embêter également. Mea Culpa.