Introduction : Au fil des années, je me suis rendu compte que l'évènement le plus boulversant de toute ma vie a été le plus enrichissant. J'ai compris que je n'étais pas un garçon comme les autres, que j'étais bien différent des autres garçons de mon âge. J'ai compris que moi, je ne devais pas grandir en fonction d'un modèle, qu'il n'y avait aucun modèle a avoir, que tout le monde peut changer de comportement, de vision du monde. Mon père, avant d'être l'ordure qu'il est désormais, était un homme bien, enfin, d'après ce qu'a pu me dire mon frère. Il faisait le bien autour de lui, et lorsque ses parents sont décédés, il a changé. Tout le monde peut changer du jour au lendemain, certes ça ne l'excuse pas, mais j'ai appris à rester sur la défensive, quoi qu'il arrive.
Chapter one : Qu’est-ce qui te retient ? Pourquoi ne lui donnes-tu pas ce qu’il attend depuis longtemps. Il veut des larmes, il veut des pleurs. Qu’attends-tu ?Ses pas résonnent sur le sol froid, sa respiration emplie la rue d’un bruit sourd et régulier, ses doigts, se refroidissants à chaque minute, deviennent rouges et au contact du tissu chaud de sa poche de pantalon, il ressent une vague chaleur lui parcourir la main et le faire frissonner. Il a froid, chaque respiration laisse échapper une nuée de buée et chaque claquement de dents le fait souffrir atrocement. Il n’en peut plus, il veut rentrer chez lui, et pourtant, il ne peut pas, il n’a plus de chez lui, il n’a plus rien, plus de famille, plus de personnes qui l’aiment, rien que son père qui le pousse avec son parapluie, qui l’emmène dieu sait où. Il veut sa chambre, son ours qu’il a caché sous son lit, dans une boîte, lorsqu’il avait douze ans, car soit disant était-ce la honte pour un garçon de son âge d’avoir une peluche. Mais une peluche qu’il récupérait chaque nuit pour lui tenir compagnie et qu’il rangeait chaque matin dans sa petite boîte à chaussure. Il veut une mère qui puisse la prendre dans ses bras et lui dire que son grand frère ne va pas tarder, qu’il va venir le sauver des pattes de son père. Car oui, Zola a peur de son père, depuis le premier jour. Il n’a jamais eu de « famille », d’ailleurs, qu’est-ce qu’une famille ? Des gens qui portent le même nom et qui disent s’aimer ? Des personnes qui ont le même sang ? Il a vu des choses du haut de ses dix ans qu’une personne ne serait même pas capable de voir en une vie. Des choses horribles qu’il aurait préféré ne jamais voir. En fait, son père a eu son frère alors qu’il était avec sa mère. Puis il l’a largué en abandonnant son frère et s’est marié avec une autre femme. Il est revenu voir sa mère, et lui a fait un enfant : lui. Et son père l’a abandonné. Pendant cinq ans, les deux garçons ont été heureux avec leur mère, bien qu’ils ne connaissent pas leur père. Et puis le jour des cinq ans de Zola, il est revenu, pour récupérer ses enfants, mais sa mère n’a pas voulu, alors il l’a tué. Comme ça, pour eux. Ce connard a eu ce qu’il cherchait : des gosses malheureux et emplis de haine.
« Rafaël ! Avance ! » Il ne s’appelait pas Rafaël mais Zola, comme l’avait appelé sa mère. Il ne supportait plus son père, il voulait partir, vivre sa vie du haut de ses dix ans. Il n’en pouvait plus d’être enfermé entre les griffes de son père. Il voulait son frère, sa propre vie, et il voulait découvrir. Il s’était arrêté, il regardait son père avec de grands yeux, il n’attendait qu’une chose, qu’il lui dise de s’en aller, qu’il le chasse, qu’il ne veuille plus de lui. Il avait tout fait pour être libre, enfin. Cet homme avait détruit sa famille, son monde, son amour, et pourtant il lui avait donné la vie. C’était l’ironie du sort. Donner la vie à des êtres donnait-il le droit de tout détruire par la suite ? Avait-il rien qu’une seule seconde pensé au bien de ses enfants ? Non, il n’y avait pas songé, car la seule chose qui parcourait l’esprit de monsieur Black était la violence, la haine, la jalousie, et des choses aussi noires que son nom.
« Tu n’es qu’un petit con. Tu crois peut-être être plus important que moi ? Parce que tu es intelligent et malin ? Mais tu n’es rien ! Rien qu’un petit connard de fils ingrat ! Ne viens plus me voir ! Je suis bien mieux sans toi ! » Zola se sentit sourire. Voilà ce qu’il attendait tant, voilà ce qui le rendrait heureux enfin. Son père parti. Zola souriait, à deux doigts de pleurer de joie. Enfin il était libre. Il attendit que son père soit loin pour courir se réfugier dans le premier bar qu’il trouvait. Après avoir longuement négocié avec le barman, il atteignit le téléphone et composa le numéro de son grand frère. Celui-ci mit deux heures à rejoindre son petit frère.
« Il t’a touché ? » Demande-t-il en descendant de la voiture. Il l’examine rapidement et ouvre le coffre où il balance le sac de Zola. Celui-ci secoue la tête et s’installe sur le siège passagé. Thomas, son frère, s’installe au volante et met le contact. Ils commencent à rouler en silence. Son frère attrape son paquet de cigarette sur le tableau de bord et en allume une, puis entre ses lèvre demande :
« Qu’as-tu fait pour qu’il te foute dehors ? ». Zola rit, toutefois en claquant des dents. Il s’avance et pousse le chauffage à fond, puis se recroqueville sur lui-même dans le fond de son siège. Il regarde son frère avec de grands yeux émerveillés et dit :
« Rien. ». A son tour, Thomas rit et ébouriffe les cheveux de son frère avant de lancer :
« J’en étais sûr ! ». Ils roulent pendant deux bonnes heures et retournent à Lewis, la ville où Zola et Thomas ont grandi, où leur mère est morte. Il ne veut pas retourner là-bas, trop de mauvais souvenirs y traînent. Mais il n’a pas le choix, son frère y vit, il y est « heureux », si on peut considérer qu’un jour les deux frères pourront être heureux après l’horreur qu’ils ont vécu. Zola regarde son frère, les yeux perdus dans le vide. Il se demande comment il fait, lui qui a vécu douze ans avec leur mère, lui qui a été heureux avec elle, qui la connaît comme jamais Zola ne pourra la connaître. Il allume la radio, et ensembles, ils écoutent Jeff Buckley, Forget Her. Zola se tourne, donnant dos à son grand frère, et ferme les yeux, roulé en boule. Il oublie la ceinture de sécurité qui l’étrangle, l’odeur de cigarette qui emplit la voiture, et tout le reste. Il ne pense qu’à une chose, sa vie future. Il espère, il prit, de tout cœur, qu’elle sera belle, qu’il sera heureux, que son frère saura assurer son rôle. Les larmes lui viennent, il est heureux, oui, pour une fois, il est heureux.
Chapter two : A vouloir trop gagner, j'ai perdu bien plus que je n'ai obtenu...« Je pense qu'on ne devrait pas faire ça, on sait pas piloter ça, et imagines que le mec du garage ramène ses fesses, on fait comment ? ». Zola se retourne et lance un regard noirà son ami. Quelle idée de faire marche arrière, désormais qu'ils y sont, pourquoi reculer ? Zola n'aime pas faire les choses à moitié, il n'aime pas abandonner. Il se retourne en soupirant et met ses gants. Puis il se redresse, regarde son ami et dit :
« Ecoutes... Si toi tu ne veux pas venir, fais comme tu veux, mais moi, je compte bien gagner cette course quoi qu'il en soit ! ». Il fixa pendant quelques instants son ami, et voyant que celui-ci ne bougeait pas, il entra dans la voiture de course et démarra. Peut-être n'avait-il jamais piloté ce genre de voitures, mais il avait son permis, et savait comment ça marchait. Il roula prudemment jusqu'au point de rendez-vous, un sourire sur les lèvres, fier de lui. Enfin il allait pouvoir montrer qu'il n'était pas une mauviette, avoir cette fille, être respecté par les autres. Zola n'était pas un perdant, ça non, sans aucun doute, il gagnait toujours. Il avait gagné la bataille contre son père, il avait gagné le prix du meilleur cliché au collège, il ne cessait d'écraser son frère aux échecs, alors une fois de plus, il allait gagner, il en était persuadé. Arrivé au point de rendez-vous, il descendit de la voiture et salua tout le monde. . Au loin, il aperçut Autumn, la fille qu'il aimait tant depuis qu'il l'avait rencontré, il y a un an de cela. Elle s'approcha de lui et lui déposa un léger baisé à la comissure de ses lèvres, puis elle lui souffla à l'oreille :
« Si tu gagnes, je te promets des moments de pure folie à mes côtés... ». Il sourit et se prépare. Il ne fait pas attention aux regards provocateurs que lui lance ses rivaux. Il s'en fiche, tout ce qu'il souhaite, c'est rouler, puis gagner. Il attend, les mains sur le volant, le pied sur la pédale d'accélération. Le décompe est lancé. Il entend "C'est parti !". Il démarre tel une fusée, et se positionne en tête. Il sent son corps être parcouru de frissons, c'est l'excitation du moment, l'adrénaline qui s'empare de lui. Il prend le virage, en faisant attention puis reste concentré sur la route. Arrivé au bout du circuit, il éxécute un dérapage et accélère de nouveau. Les autres sont derrières lui, seul. Il sourit, il va gagner, et de loin. Il s'approche de la ligne d'arrivée, et voit, pas loin, Autumn, qui l'applaudit, un grand sourire aux lèvres. Il sourit, et là, tout dérape. Il tente de freiner, mais la voiture continue de rouler. Il s'affole, il voit les gens courir dans tous les sens pour éviter la voiture qui se dirige sur eux. Il essait tout ce qu'il peut pour arrêter la voiture, mais rien n'y fait.
« A l'aide ! Je vous en prie ! Je vais mourir ! ». Hurle-t-il sans espoir. Peu à peu, il se rapproche d'un mur...Et c'est le crash. Il tente de s'accrocher, mais rien n'y fait, petit à petit, Zola sombre...
***
« Je crois bien qu'il se réveille... Regarde ses yeux Thomas ! Zola ? Zola ! C'est moi, c'est Autumn... Oh Zola, on a cru t'avoir perdu... Comment te sens-tu ? . Il ouvre les yeux. Elle est là, devant lui, à son chevet. Il sourit, et se met à rire. Il l'a donc eut, oui, Zola Black-Grazioli a gagné une fois de plus ! Il part dans un fou rire, sur les regards inquiets et surpris de son grand frère et de Autumn. Elle se baisse vers lui et l'embrasse tendrement. Il sent son coeur faire un bond dans sa poitrine, mais il tente de l'oublier, et de profiter de ce moment. Il sourit, comme pour montrer que ça va, et tente de se remettre les idées en place. Il essait de bouger la jambe, mais n'y parvient pas, à la place, il hurle de douleur.
« Ah ma jambe ! Ca fait mal ! » Son frère s'assoit au bout du lit et le regarde dans les yeux, une mine grave sur le visage. Jusqu'ici, la seule chose que s'était dit Zola, c'est qu'il avait gagné, mais il ne s'était pas encore dit que certes, il n'était pas mort, mais sûrement en mauvais état.
« Tu dois arrêter tes conneries Rafaël ! Tu aurais pu te tuer tu sais ? Avec tes bêtises, tu vas devoir rester trois mois à l'hôpital, cloué dans ce lit, et après il y aura six mois de rééducation ! Que crois-tu ? Que nous roulons sur l'or ? Où vais-je avoir assez d'argent pour te payer un fauteuil roulant ! ». Il regardait son frère avec de gros yeux, était-ce aussi grave qu'il le laissait entendre ? Zola se mit à pleurer. A quinze ans, il était handicapé et tout ça pour quoi ? Pour la popularité, le respect, pour qu'Autumn l'aime... Elle le prit dans ses bras, et le berça. Son frère s'était montré dûr avec lui, mais il savait très bien que ce n'était pas par méchanceté, il avait eut peur, et c'était encore le cas... Thomas expliqua à son frère qu'il avait un bras cassé et une jambe paralysé mais que les médecins n'étaient pas encore parvenu à trouver le problème. Essayant d'encaisser le coup, il entama une discussion avec son frère et Autumn, mais il s'endormit en court de route, épuisé.
Chapter three : Je n’ai pas le droit d’être aimé. Ne suis-je pas le fils d’un monstre ? Ne suis-je pas comme lui ? Alors pourquoi m’aimes-tu mon amour ? Et moi, pourquoi ais-je tant de sentiments à ton égard ?« N’ai pas peur mon amour, tout se passera bien ». Zola tourne ses yeux vers Autumn. Les voilà partis pour Las Vegas, prêt à se marier pour leurs dix-huit ans. Il lui sourit, et regarde le sol. Dans sa poche une alliance, au doigt de Autumn, une bague de fiançailles. Zola sourit, il est pressé, et pourtant, il a comme une envie de repartir chez lui, de retourner chez son frère, retrouver sa vie du « petit » frère qui se fait chouchouter par le plus grand. Zola n’est pas quelqu’un de responsable, comment pourra-t-il nourrir sa future femme, comment pourra-t-il vivre après ça ? Mais il s’en fiche tellement, il ne pense qu’à une chose : elle. Enfin, après cinq ans d’attente, ils pourront enfin être unis. Comme un conte de fée parmi tant d’autre. Il la regarde. Elle est tellement belle avec ses cheveux roux-bruns bouclés qui lui tombent sur les épaules, ses grands yeux verts en amande bordés de longs cils bruns, son nez droit et fins, sa bouche pulpeuse et ce beau sourire d’un blanc éclatant. Il sourit en regardant les deux faussettes sur chacune de ses joues, ces faussettes qu’il cherche tant à faire sortir. Il se penche vers elle et lui embrasse la commissure des lèvres.
« Tu te souviens ? ‘Si tu gagnes, je te promets des moments de pure folie à mes côtés...’ ». Elle rit et il sourit, puis, de son pouce, il caresse le grain de beauté qu’elle a au coin de l’œil. Elle se love dans ses bras, la tête contre son torse, tandis que lui caresse ses cheveux lentement. Il ferme les yeux et hume son odeur.
« Je t’aime… » Souffle-t-elle. Il lève les yeux vers le ciel et fixe le croissant lumineux, qui ce soir, paraît tellement imposant à côté d’eux, petits fous prêts à se marier en cachette. Ils ont peur de ce qui peut se passer après, mais ils essaient de penser au présent, de profiter. Autumn se détache de Zola et le regarde. A son tour, il murmure :
« Moi aussi je t’aime… ». Ils attendent encore quelques minutes, puis ils regardent un couple ressortir de la petite chapelle. Zola se met à paniquer. Autumn lui attrape les doigts et les serre, puis ils avancent…
« Non ! S’il vous plaît ! Faites quelque chose ! » Zola, à moitié allongé sur sa femme, pleurait, gémissait. Les médecins autour d’eux, tentaient de réanimer Autumn, allongée sur le sol froid de Los Angeles. Les médecins poussèrent Zola sur le côté, tandis que celui-ci se débattait afin de retourner auprès de sa femme.
« Autumn ! Autumn ! Ne me laisse pas ! ». Cette scène, il l’avait déjà vécu, il y avait treize ans de ça. Il revoyait son père, tenant dans ses mains un revolver comme ceux qui se trouvait dans son coffre de jouet, sauf que celui-là produisait un bruit pas possible lorsqu’on appuyait sur la gâchette. Il vit sa mère crier puis s’effondrer au sol. Peu à peu, du entourait le corps de la jeune femme. Elle poussait des gémissements de douleurs, et tentait de se relever. Mais elle n’y parvint pas, et quelques minutes plus tard, elle ne respirait plus. Sous ses yeux, sa femme mourrait, cette femme qu’il aimait tant, pour qui il pourrait faire tout ce qu’il est en son pouvoir. Il se jeta sur elle et attrapa ses mains
« Autumn mon amour, reviens ! » Mais elle ne reviendrait pas, les médecins le savaient déjà.
« Monsieur Black-Grazioli, je suis réellement désolé… Il se leva et commença à hurler, en colère. Il se met à insulter tout ceux qu’ils voyaient, en leur disant qu’ils étaient des incapables, que deux fois de suite, ils n’avaient pas su sauver deux femmes importantes, de grandes femmes. Pourquoi devait-il perdre toutes les personnes qui pouvaient le rendre heureux ? Pourquoi fallait-il que ces choses lui arrivent ? Etait-ce sa faute si Autumn s’était prise cette balle perdue ? Aurait-il dû se la prendre à la place de sa femme ? Ca il en était convaincu. Et pourtant, ça ne pouvait rien changer, ni le passé, ni le présent. Autumn Black-Grazioli était morte, et lui, Zola Black-Grazioli, était désormais seul…
Chapter four : Lorsque le malheur nous tombe dessus, il n’y a qu’un moyen de s’en sortir, c’est de se relever, toujours et encore et d’avancer. Voilà trois ans qu’elle l’a quitté. Après le décès d’Autumn, Zola est retourné à Lewis, il y ai resté quelques mois, puis il a décidé de parcourir un peu l’Amérique pendant un an afin de photographier tout ce qu’il voyait. Il a tenté d’oublier Autumn, mais il a eu du mal, comme il le disait si bien « il est difficile d’oublier une personne qui vous a apporté tant de bonheur dans ce monde sombre et pathétique ». Pendant un an, il a roulé, il a vécu comme un gitan, il n’a pas donné de nouvelles à son frère, il est juste… parti… Pour faire le point, pour oublier… Son frère a très bien compris ce besoin de s’évader, il n’a rien dit, il a juste attendu. Lorsque Zola a décidé de revenir à Lewis, il a retrouvé une femme au bras de son grand-frère, une femme qui lui a paru mauvaise pour son grand frère. Mais Zola n’a rien dit, il s’est contenté de regarder. Son frère, lui, n’avait rien dit lorsque Zola avait eu son coup de folie et était parti à Las Vegas se marier, il lui devait le silence.
Peu à peu, Zola a repris un nouveau départ, et tente chaque jour d’oublier son passé…
♚ moi, j'ai un deuxième 'moi'.
☛ Louise / Lou.
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☛ Nope.