Impuissant. Je suis impuissant. Non, pas impuissant sexuellement, fort heureusement. Mais impuissant, face à tout. Face aux premiers obstacles qui se mettent sur mon chemin. Je n'aime pas tout ce qui est complication. Peut-être est-ce de la faute de ma mère ? Elle qui a été une mère poule avec moi, et qui ne me laissait presque jamais sortir de ma bulle. La complexité, ça me connait plus que quiconque Je suis difficile à cerner. Il faut que tout soit compliqué dans ma vie pour que je me sente vivre. Alors que j'avais un poste en agent de sécurité, je l'ai quitté. Alors que j'avais une copine depuis trois ans, je l'ai trompée. Alors que j'étais parfaitement bien chez moi à mon adolescence, j'ai fugué. Expressif, depuis tout petit. Que je sois triste, heureux, déçu, tout le monde peut lire en moi comme en un livre ouvert. Je me révèle aussi être très bon public envers les personnes qui me sont proches. Mes sourires ne sont destinés qu'à ceux en qui j'ai confiance, et qui, je sais, ne profiteront jamais de ma bonté.

« Imagine toi au bord de la mer, les vagues venant caresser le doux rivage doré. Les nuages se sont dissipés avec le vent, et laissent désormais place à un soleil ardent. Nos mains sont liées, nous sommes assis tous deux dans les dunes. Notre amour est rassemblé autour de tous ces éléments que sont l'eau, la terre, le feu, et l'air. Jamais, nos mains ne se délieront tant que ces quatre éléments resteront en place. Embrasse-moi. » Cette fille avait été extraordinaire. Ses pensées allaient bien au delà de toutes celles des autres. Elle n'avais pourtant que seize ans . Ses parents étaient tous deux de grandes personnes : une mère écrivain et un père professeur de philosophie. Je l'ai rencontrée à une soirée, la soirée d'un de mes cousins. Comme à mon habitude, j'étais dans mon coin, soit à broyer du noir, soit à laisser travailler mon inconscient. Elle, comme un rayon de soleil, comme une lueur d'espoir était venue vers moi, pour caresser mes cheveux. Bon, d'accord en vérité elle était un peu éméchée , mais il n'empêche que le lendemain, elle était venue présenter des excuses pour son comportement, que j'avais trouvé des plus amusant sur le coup. Elle n'était pas comme toutes ces belles filles qui se croient supérieures physiquement et mentalement. Elle n'avait pas cette dégaine méprisante. Elle n'avait pas non plus cette allure attirante, qui mène à se poser des questions sur la personne, quant à son caractère. Elle, elle était naturelle. Au point de même se gratter l'oreille en face de moi. En réalité, c'était un tic, mais aucunes filles ne fait ça. Même devant un gars qu'elle ne voudrait pas impressionner. Je l'aimais . Enormément, comme un fou. Nous sommes restés trois ans ensemble, en réalité, notre relation à débutée lorsque j'ai fugué pour aller la retrouver après son déménagement. J'ai été recueilli par ses parents, qui avaient appelés les miens pour les rassurer. Mais, bizarrement, j'ai pu rester habiter avec eux. Trois ans après, un nouveau déménagement. Cette fois-ci, je ne pouvais les suivre, ils allaient en Australie. Et moi, j'étais bien trop peureux de m'aventurer autre part qu'en Amérique. Nos chemins se sont séparés, et mon désarroi a tout juste commencé à ce moment. J'avais dix-neuf ans , et j'étais sur un fil qui menaçait à tous moments de craquer.

« Je n'ai jamais voulu le laisser tomber. Un fils reste un fils, et toi, qui est son frère, devrait le savoir. Je l'aime , et je tiens à lui, mais je n'ai pas les moyens ni le temps d'aller le voir . En plus de ça, il doit être heureux de te voir , presque tous les jours, vu que tu as déménagé là-bas exprès pour lui. Ta mère et moi on pense fort à toi. » Mon père avait toujours été une ordure. Une ordure dans le sens où il mentait à chaque fois qu'il le pouvait , c'est à dire tous les jours. Même concernant ma mère. Il lui mentait, et n'avouait jamais avoir de maitresse alors que ma mère en était persuadée, et que moi j'avais les preuves formelles. De plus, lorsqu'à la naissance de mon petit frère, ils apprirent sa déficience mentale, il ne voulut même pas trouver d'autres solutions que pour ses dix ans il soit envoyé en clinique. Nous avons six ans d'écart mon frère et moi, et aujourd'hui, ça fait huit ans qu'il est dans ce trou de malheur, sans famille. Je suis là pour aller lui rendre visite tous les jours ou presque depuis environ cinq ans. Mon frère, c'est ma propre vie, et lorsque mon père le renie, il me renie moi par la même occasion. Sauf que ça, il ne le sait pas. Et puis je ne pense pas qu'il cherche à le savoir. Mes parents ont toujours été lâches quant à la question de mon avenir. Je suis aujourd'hui chômeur, et ils ne m'ont jamais poussé ou aidé à chercher un travail correct. Après ma fugue, je me suis débrouillé tout seul pour vivre sans eux. Je ne me porte pas si mal aujourd'hui, malgré une certaine éducation manquante malgré ça.