“ CASEY & CAYDEN„
Dans ces temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. (George Orwell)

VINGT SEMAINES AUPARAVANT

Il était presque minuit, le restant de l’équipe venait de quitter le restaurant, et Casey n’avait plus qu’à vérifier que tout était en ordre pour partir. Elle était dans la cuisine, à inspecter l’état de la vaisselle. Si la jeune fille qui faisait la plonge avait encore laissé des traces sur les assiettes, elle devrait la virer sans ménagement. Chose que, dans son abondance de gentillesse, elle aurait énormément de mal à effectuer. June passait pas mal de temps à se moquer, gentiment, de la nature de Casey, mais la jeune fille n’y pouvait rien. Elle était comme ça. Quelqu’un qui n’aimait pas faire du mal, de la peine aux autres, ce qui rendait la tâche de virer une personne très difficile. Perdue dans ses pensées, elle sursauta légèrement quand elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer. Et si c’était un psychopathe qui en tuait que des jeunes filles blondes ? Ou un pervers exhibitionniste ? Ou pire encore ? La blondinette se ressaisit en secouant la tête de gauche à droite. Elle devrait vraiment arrêter de regarder des séries criminelles le soir, ça lui ferait avoir des cauchemars un jour, et ça avait une très mauvaise influence sur son imagination déjà trop débordante. Elle fit demi-tour sur ses talons et retourna du côté restaurant. Devant elle se dressait un homme qui, visiblement, n’avait pas couteau à la main et ne s’apprêtait pas à se jeter sur elle pour lui faire du mal. C’était déjà un bon point.

- Euh… C’était écrit fermé. Vous voulez quoi ?

Bonne question. Manger, fut sa réponse. Logique. Que fait-on dans un restaurant, Casey ? De la peinture sur vitraux ? Toute personne normalement constituée aurait mis l’inconnu à la porte, mais voilà, si vous ne l’aviez pas compris jusque-là, Casey n’était pas une personne normale. Elle avait conduit l’individu, apparemment plus âgé qu’elle d’au moins cinq ans si elle visait juste, jusqu’aux cuisines et débarrassa une des tables qui y traînait pour l’y installer. Elle lui demanda ensuite, après avoir renfilé son tablier, ce qu’il voulait. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu cette tête. Sa jeunesse avait fait pas mal parler lors de l’ouverture du restaurant, tout ça parce qu’elle n’avait alors pas encore vingt ans. Mais c’était franchement vexant de la part de l’étranger de penser qu’un propriétaire sain d’esprit aurait laissé une simple serveuse fermer l’endroit. Seulement, une fois qu’il eut goûté à ses spaghettis [hommage à ta fiche x)] au citron accompagnées de leur filet de sole doré, il avait bien vu qu’elle était le maître incontesté de l’établissement.

DE RETOUR DANS LE PRESENT

Une heure du matin venait de sonner à la pendule qui était près du bar. Casey finissait de compter la caisse, et esquissa rapidement un sourire hautement satisfait. La recette de la soirée venait de dépasser ses plus infimes espérances, et elle comptait bien célébrer cet heureux évènement le lendemain, en offrant le champagne à toute l’équipe. Elle rangea le tout dans une enveloppe, qu’elle enferma ensuite dans le coffre-fort de son bureau. A la fin de la semaine, elle irait déposer cette somme à la banque, et pourrait non seulement payer les employés du Red Swallow, mais aussi refaire le plein pour son bar et ses frigos. Elle s’étira les bras, bailla à s’en décrocher les mâchoires, puis se dirigea vers la salle principale. Et c’est là qu’elle l’aperçut en train d’attendre derrière la porte. Casey fit entrer Cayden avec un sourire.

- Tu sais, il y a des heures d’ouverture, pour que les gens normaux qui veulent manger puissent se nourrir…