« T’es une fille bien Casey. »
Une seule phrase réussit donc à définir ma personnalité mieux qu’une centaine de mots. Je trouve ça parfois réconfortant, et parfois triste. N’être réduite qu’à une impression que les gens ont de moi, c’est assez faible au final. Mais mieux valait cela qu’autre chose, je pense. Je suis une femme attractive. Pas dans le sens où, lorsque je passe dans un couloir, la moitié des hommes se retournent sur moi en laissant un filet de bave leur échapper de la bouche. Plutôt dans le sens où je suis quelqu’un de facilement abordable. Je suis souriante parce que je me dis que si je souris à la vie, alors la vie me le rendra. Je ne suis pas naïve pour autant ; je sais que notre monde est rempli d’ordures de la pire espèce, mais à quoi ça sert de tirer la gueule tout le temps au fond, mis à part se pourrir l’existence tout seul ? J’ai tendance à ne pas dire du mal des gens. N’allez pas non plus imaginer ce que je n’ai pas dit ; je ne suis pas une sainte, loin de là. Je ne suis pas une hypocrite, casser du sucre sur le dos de quelqu’un ne m’intéresse pas, sauf si cette personne a fait du mal à quelqu’un que j’apprécie. Faut pas toucher aux gens que j’aime, autrement, tu n’auras que ce que tu mérites, face de poireau. Qu’est-ce que je pourrais dire d’autre ? Ah oui, je suis une femme déterminée. J’ai ce que je veux, parfois au risque de faire un mini caprice (rappelez-vous, j’ai jamais dit que j’étais une sainte), mais le plus souvent, je n’ai besoin que d’un regard de chien battu et d’un joli sourire pour arriver à mes fins. C’est un truc de dernière-née dans une grande famille que j’ai appris, certains disent que ce n’est pas de la détermination, mais de l’entêtement. Ma maturité me vient de ma famille aussi. Forcément, grandir avec des enfants qui ont tous plus de dix ans que moi, ça m’a permis, et forcé en même temps, d’avoir des centres d’intérêts plus élargis que les autres enfants, puis adolescents.

• un animal : marmotte • une saison : été • une chanson: Love, Save the Empty – Erin McCarley • un film : He’s Just Not That Into You • une fleur : pâquerette • une célébrité : Liv Tyler

• un pouvoir : lancer des éclairs avec les yeux • un pays : le Canada • un vêtement : un t-shirt de mec • un objet : un test de grossesse, genre ceux qui indiquent même le sexe du bébé et la date de fabrication • une ville : Paris • un métier : Pédopsychiatre

DEPUIS COMBIEN DE TEMPS J'HABITE A LEWIS ✿ Je suis née à New York, et New York reste ma ville de prédilection. J’adorais l’ambiance qui y régnait, c’était une ville qui ne dormait jamais. Si j’avais envie d’une pizza pepperoni à trois heures du mat’, je savais exactement où aller. Tout le monde était toujours en mouvement, et depuis que je suis à Lewis, j’ai tendance à m’ennuyer. Et du coup, à agacer tout mon entourage par mes bavardages incessants. Seulement, c’est que le médecin a conseillé pour éviter que je ne sois trop stressée. Stressée, moi, n’importe quoi ! Je vivais seulement à cent à l’heure, j’avais un boulot qui me plaisait et dans lequel je m’investissais à fond. Le docteur connaissait Lewis parce son neveu y habitait. Au début, j’ai eu du mal à m’acclimater. D’abord parce que je me retrouvais sans personne que je ne connaissais, mis à part une vieille amie, mais aussi parce que je venais de subir un grand changement dans ma vie, et je ne suis pas sûre qu’à dix-huit ans, on soit vraiment prêt pour balancer derrière soi toutes ses habitudes et ses certitudes.
LA PIRE CHOSE QUE J'AI FAITE DANS MA VIE ✿ Aider ma sœur à se décolorer les cheveux. C’était certainement la pire idée qu’elle avait eu jusque-là, puisqu’elle a réussi à faire bien pire après. J’avais à peine neuf ans, j’allais forcément lui en mettre dans les yeux, et pire, j’allais forcément lui bousiller sa tignasse. Toute cette histoire s’est encore finie à l’hôpital, comme pour la chorégraphie de Dirty Dancing. Ce qui m’amène à penser que ma chère sœur est suicidaire ou masochiste. Et qu’elle se fiche complètement de son apparence au point de se balader le crâne presque rasé pendant un an.
MON PLUS GROS SECRET ✿ Un secret (du latin secretus) est une information, ou un savoir qui se trouve soit caché soit inaccessible. Il a de nombreuses implications métaphysiques dans l'imaginaire de la langue, lié au problème de la connaissance et de l'initiation. Il est souvent synonyme de mystère, et enveloppe la connaissance, inaccessible, d'une aura parfois irrationnelle. Ainsi, on identifie parfois un ensemble de secrets à une conspiration. (merci Wikipédia) En gros, je fais partie d’une conspiration contre la terre entière, style ordre des templiers dans Da Vinci Code. Bah voyons. Plus sérieusement, un secret, normalement, c’est fait pour ne pas être dit. Et puis, j’ai jamais dit que j’avais des secrets. Bon, d’accord, j’avoue. Mon plus gros secret, c’est que je suis toujours vierge parce que je me suis toujours dit que j’attendrais le bon moment, et la bonne personne.
MON STYLE VESTIMENTAIRE ✿ J’ai aucun style, et surtout aucun goût pour mettre de l’harmonie dans une tenue. Le matin, j’ai la tête tellement dans les choux que je me contente d’attraper ce qui me tombe sous la main, peu importe si ça mélange du bleu, du jaune fluo et du violet avec du orange bariolé à pois verts. Du coup, j’aime à croire que je suis super originale. En plus, j’ai plein de fringues qui datent des années 90 que ma sœur m’a refilées quand elle les portait plus. J’adore ces fripes et ne m’en séparerais sous aucun prétexte.
MA PLUS GROSSE PHOBIE ✿ C’est certainement la plus idiote des peurs, mais je souffre de chorophobie. Oui, vous avez bien lu, j’ai peur de danser. C’est tout con, et pourtant, je me tétanise dès qu’un homme me propose de l’accompagner sur la piste de danse. D’ailleurs, j’évite autant que possible les boîtes de nuit, les bars dansants et tout lieu public où il est fortement conseillé de danser. Je peux remercier mon frère et ma sœur pour cette idiotie, avec leur idée de faire la chorégraphie de Dirty Dancing, suite à laquelle elle s’est pétée le nez au moment du lever parce que l’épaule du frangin s’est déboîtée et il l’a lâchée assez violemment. La famille, j’vous jure. Bref, c’est pas juste une peur d’être ridicule en dansant devant autrui, c’est une peur viscérale de la danse en tant que torture physique.
MES PASSES-TEMPS ✿ J’aime cuisiner. Je peux passer ma journée derrière les fourneaux à faire tout et n’importe quoi sans que ça me dérange, et mieux encore, j’aime que quelqu’un n’ait plus qu’à mettre ses pieds sous la table pour venir goûter à ce que j’ai préparé. J’aime parler. Je parle beaucoup. Et sur tout et n’importe quoi. Paraît que c’est fatiguant parfois. J’adore dormir. Je suis le genre de filles qui a besoin de ses douze heures de sommeil pour être à peu près en forme, et encore, j’ai l’air d’un ours grognon quand on me réveille. D’ailleurs, il vaut mieux ne pas me réveiller trop tôt, à moins de vouloir risquer sa vie en se recevant toutes sortes d’objets dans la tête. Je prends ce qui est le plus proche de moi, ça va du portable à une pantoufle en passant par un bouquin de cuisine.

In the beginning there was nothing. God said, 'Let there be light!' And there was light. There was still nothing, but you could see it a whole lot better.
“ELLEN DEGENERES„

« Rosenbach. Un nom qui ne sonne pas vraiment américain, n’est-ce pas ? Normal, la famille Rosenbach avait dû émigrer d’Allemagne en 1939, alors que toute l’histoire commençait à sentir très mauvais pour les populations juives. Grand bien nous en avait pris. Notre première destination avait d’abord été la Suisse, d’où nous avions pris un avion pour le Royaume-Uni. Nous étions restés là-bas pendant deux ans, jusqu’à ce que les bombardements commencent. Jusqu’à ce qu’on ait dû se précipiter dans l’abri au fond du jardin, pendant que les sirènes de la ville hurlaient leur mélodie de l’horreur, au beau milieu de la nuit. Ma mère n’avait pas supporté l’idée qu’une bombe puisse tous nous tuer très longtemps, aussi nous avions finalement embarqué sur un cargo qui voguait en direction des Etats-Unis. Je m’en rappelle encore très bien, j’avais à peine sept ans, et … Shannon, tu m’écoutes au moins ? »
« Mais oui Papic, mais oui… »
Shannon, douze ans, un problème de dents un peu trop écartées réglé par un appareil dentaire qu’il détestait. Shannon était en effet un garçon. Voyez-y un goût excentrique des parents pour les noms mixtes. Il écrivait fébrilement les informations que son grand-père lui donnait pour un exposé qu’il devait faire prochainement, dont le sujet était la famille. Quoi de plus passionnant que de parler de l’enfer dont les aïeux avaient réchappé, parfois de justesse ? C’est à ce moment précis que déboula la tornade brune. Alexis, dix ans, toujours une lueur malicieuse dans les yeux. Une petite fille comme beaucoup d’autres, si on oubliait un instant son vocabulaire peu habituel.
« Dans ta face de poireau Sha, c’est une fille ! J’ai gagné, tu me dois cinq billets ! »
C’est dans cette famille de cinglés que mes parents m’amenèrent, tout droit sortis de la maternité. Et dire que la folie ne faisait que commencer…

La perversion c’est une affaire de goût, c’est comme la bouffe chinoise : on aime ou on n’aime pas. N’empêche que quand on est chinois on a pas le choix !
“JULIEN – JEUX D’ENFANTS„

Je n’étais pas le genre de filles qui auraient dû vivre à New York. Toute petite déjà, je ne m’intéressais pas aux mêmes choses que les autres enfants, j’étais loin de l’image de princesse pourrie gâtée qu’on voit dans Gossip Girl. Nos parents s’occupaient très bien de nous, et s’ils n’étaient pas là, les grands parents prenaient le relai. En arrivant aux États-Unis, la famille Rosenbach avait rouvert son cabinet d’avocats. Mon père était avocat, comme l’avait été son père avant lui, et son grand-père. Ma mère, quant à elle, était procureur. C’était très drôle quand ils bossaient l’un contre l’autre. Ils passaient leur temps à ridiculiser les idées de l’un et de l’autre quand ils étaient devant la Cour, mais une fois rentrés le soir, ils se couvraient de mamours. Dégoûtant. Mon frère et ma sœur étaient bien plus âgés que moi, mais ils m’adoraient et passaient beaucoup de temps à s’occuper de moi. Shannon avait déjà décidé qu’il prendrait la suite de Papa au cabinet, et Alexis, elle, eh bien… c’était Alexis, donc ça changeait toutes les dix secondes. Et après, il ne restait plus que moi. L’adorable blondinette qui souriait tout le temps parce qu’honnêtement, est-ce que j’avais une seule raison de ne pas sourire ? La petite fille qui se foutait royalement de la mode et de savoir qui était l’actuel créateur de Valentino ou Prada déjà à cinq ans, quand d’autres gamines ne juraient dès lors que par ça. Je peux vous dire que tous les trois, avec Sha et Lex, on passait pas mal de temps à rendre barges les gens qui s’occupaient de nous, y compris les professeurs. Il faut dire que pour ça, j’avais les meilleurs modèles qu’on puisse trouver sur terre. C’est peut-être pour ça que je ne faisais rien comme les autres enfants de mon âge. J’étais complètement écartée de cet environnement malsain. Alors que la plupart des adolescents que je fréquentais touchaient à la drogue, couchaient ensemble, j’en passe et pas des meilleures, je restais cette espèce d’incarnation de la sagesse et de la pureté. Je ne commettais pas les mêmes erreurs que mes amis, qui finissaient toujours par regretter tel ou tel acte. Et puis il y a eu le lycée, j’ai eu mon premier petit ami, et surtout il y a eu cette fille.

Mary was a different girl, had a thing for astronauts. Mary was the type of girl, she always liked to play a lot. Mary was a holy girl, Father whet her appetite. Mary was the type of girl, she always liked to fall apart.
“BUDHA FOR MARY – 30 SECONDS TO MARS„

Elle s’appelait June Bradford. Dès la première seconde où mes yeux s’étaient posés sur elle, je l’avais trouvé jolie. C’était mon premier jour au lycée, elle avait un an de plus que moi, mais ça ne m’avait pas empêché de l’approcher, juste pour lui dire que je l’admirais. Bien sûr, ne connaissant en rien son caractère, je m’étais fait envoyer bouler, plutôt gentiment. Seulement, il aurait fallu bien plus qu’un, deux, ou mille refus pour m’arrêter. J’avais décidé que je voulais être son amie, pas uniquement parce qu’elle m’intriguait, mais surtout parce qu’elle avait l’air seul. Et selon moi, personne ne devrait se sentir seul. Au fur et à mesure que le temps a passé, j’ai appris quelques trucs sur elle, par les rumeurs qui couraient au lycée, ou par des gens qui l’avaient connu, ou qui la connaissaient. Et plus j’en apprenais, plus elle m’intriguait. Nous étions opposées en tout, et mon intérêt pour elle ne faisait que grandir. Je passais beaucoup de temps à l’observer, dans les couloirs, à admirer sa manière de s’habiller, sa façon de faire avec les garçons. Plusieurs fois, elle avait croisé mes yeux et m’avait littéralement assassinée du regard. Il n’y avait pas qu’elle que ça énervait d’ailleurs. Mon petit ami de l’époque, avec qui je sortais depuis trois mois, commençait à sérieusement en avoir marre de mes refus de coucher avec lui (je n’étais pas prête) et à douter de mes goûts, à force de me voir fixer June avec insistance. Mais la première à craquer, ça avait été elle. "Qu'est-ce que t'as a me regarder comme ça toi ? Tire-toi, j'ai aucune envie de te parler et j'en ai marre que tu me fixes comme ça. J'suis sure qu'il y a bien d'autre nanas qui te plairaient, va jeter ton dévolu sur une femme qui a les même gouts que toi." Okay, dans ma tronche. Encore que ça, j’aurais pu le supporter, mais il avait fallu qui lui aussi en mette une couche par-dessus. Et qu’il rompe. Aussi étrange que ça avait pu paraître à certains, j’avais arrêté de sourire. Une dizaine de minutes plus tard, j’étais assise sur le carrelage des toilettes des filles, à pleurer à chaudes larmes. Et ce que je m’attendais le moins à voir se produire s’était produit. June était rentrée dans la pièce – je ne sais toujours pas si elle m’avait suivie ou si c’était par pur hasard qu’elle s’était retrouvée là – et m’avait vue. Elle s’était excusée pour m’avoir parlé avec agressivité, et, entre deux hoquets, je lui avais dit que ce n’était pas à cause d’elle que je pleurais. C’est de là que notre amitié est née, en quelques sortes. Peut-être aussi du fait qu’elle a ridiculisé mon ex devant le bahut complet juste pour moi, aussi. Bon, sinon, histoire de parler d’autre chose que du lycée, je peux vous parler de la meilleure chose que ma sœur ait faite pour moi, à la limite. Depuis que j’étais capable de faire cuire des pâtes ou d’utiliser le four sans faire cramer l’appartement familial, mes talents en cuisine n’avaient fait que s’améliorer. Et comme je m’ennuyais terriblement en cours, et passais plus de temps à inventer des recettes chez moi qu’à faire mes devoirs, ma chère Lex m’avait présentée à son boss du mois. A ce moment-là, elle était serveuse dans un resto super chic, genre à servir de la gastronomie française, si vous voyez le tableau. Et son boss, c’était le proprio et chef du truc. Il m’avait mise à l’essai un soir, juste pour voir ce que je valais en plein coup de feu. Et j’avais géré comme une pro, sachant que j’avais déjà préparé toute un dîner que mes parents avaient organisé pour le cabinet de mon père. Alors il m’avait prise comme second, et grâce à lui, je n’avais fait que perfectionner mon art.

Seize from every moment its unique novelty, and do not prepare your joys.
“ANDRE GIDE„

A partir du moment où celle que je considérais presque comme ma meilleure amie avait disparu de New York, j’aurais très bien pu tomber dans une dépression profonde. Ou pas. Ça n’avait jamais été mon genre, et aussi triste que j’étais de ne plus voir June, j’avais encore une vie à gérer à côté. J’avais réussi à finir le lycée, plutôt médiocrement d’ailleurs. Je bossais toujours au restaurant, j’étais devenue chef, ce qui permettait au boss de ne pas bosser tous les soirs, et je peux vous dire qu’il se reposait sur moi, et ça, ça me faisait plaisir. Bien sûr, mon rythme en a pris un coup, un sacré coup de fouet. J’étais devenue plus speed. Heureusement que je partageais un appart avec ma sœur, parce que j’aurais rendu mes parents dingues. On se croisait à peine, Lex et moi. On avait chacune nos vies. En tous cas, le soir de mes dix-huit ans, Lex s’était ramenée avec une boule de poils blanche, pas plus grosse qu’un melon, et me l’avait fourrée entre les mains. Deux petits yeux bleus m’avaient fixé, et j’avais aussitôt fondu.
« Cadeau ptite sœur. T’as intérêt à bien t’en occuper. »
J’avais appelé mon chat Merlin, parce que j’avais toujours adoré le dessin animé de Walt Disney, surtout le moment où l’enchanteur rétrécit tous ses meubles et ses livres pour les faire rentrer dans ses bagages. Ça, ça avait été la belle partie de la soirée. La mauvaise, ça avait été quand j’avais retrouvé l’abruti avec qui je sortais, chez lui, dans son lit avec une autre fille. On était ensemble depuis presque un an, et même s’il avait trouvé bizarre certaines de mes décisions, il me soutenait dans ce que je faisais, tout comme je le faisais pour lui. Avant de partir, je lui avais piqué sa collection de vinyles, dont certains valaient une petite fortune. Et je les avais offerts aux passants, dans la rue. Du coup, j’étais pas mal énervée en arrivant au boulot, stressée aussi parce qu’on avait le chef de la police qui venait manger ce soir-là. J’avais commencé à faire tout comme il fallait, puis ça a été le trou noir. Quand je me suis réveillée, j’étais à l’hôpital, entourée par ma famille. J’ai d’abord commencé à flipper pour le restaurant, mais mon patron était là lui aussi, à me dire que j’avais eu des convulsions et que l’équipe l’avait appelé en panique, après avoir contacté les urgences. Ensuite, mon frère m’a annoncé le diagnostic : épilepsie. Pas cool. Le médecin préconisait une suspension d’activité et un retour au calme. Il conseillait même que je m’éloigne un peu de New York. Cette seule pensée m’horrifiait. Et puis, j’avais pas envie de quitter New York, mais bien sûr, j’ai obéi à tout le monde. C’est comme ça que le lendemain de mes dix-huit ans, je me suis retrouvée coincée dans une voiture, Merlin sur les genoux, Shannon qui conduisait, en direction d’un trou paumé dans le Texas. Une chose est sûre, ça allait changer niveau climat.
Comme je m’y étais attendue, Lewis était un trou. C’est ce que je me répétais une fois de plus, alors que je me tenais debout en plein milieu de la rue, Merlin perché sur mon épaule, et pas un chat (Ah ah ah) autour de moi. Sha essayait de me trouver un coin où crécher, sachant qu’une fois que ce serait fait, il repartirait aussitôt pour la grosse pomme, ce veinard, et m’abandonnerait à mon triste sort. Les crissements de freins derrière moi me firent me retourner plus qu’ils ne me firent peur. Tiens, finalement, il y avait des vivants dans ce bled. "Casey ?" Oh, une voix familière. « June ? » Pas de doute, c’était elle. On se précipitait dans les bras l’une de l’autre, tandis que je répétais son prénom. « June. » Je la pinçais même pour vérifier que je ne rêvais pas. Je sais que la logique veut qu’on se pince soi-même, mais j’avais pas envie de me faire mal. Après la surprise passée, elle m’a demandé ce que je faisais là, et où je dormais. Suite à mes réponses, on est allée trouver mon frère, et June lui a dit qu’elle m’hébergerait pour que j’aie plus de temps pour me trouver un appart. En fait, c’était n’importe quoi, elle m’a jamais laissée partir de chez elle. Faut dire qu’au moment où j’ai commencé à cuisiner pour elle, elle pouvait plus s’en passer. Elle m’a encouragé à ouvrir un restaurant à Lewis, puisque je passais mon temps derrière les fourneaux, et certainement pour ne plus ‘mentendre me plaindre de mon ennui profond. Voilà où j’en suis maintenant. Et Merlin ? Ne vous inquiétez pas, il va bien. June a craqué devant sa bouille de chat, et maintenant, il passe son temps vautré sur le canapé.

✿ ton prénom ☛ Marion
✿ ton âge ☛ ( facultatif ) 22 ans (et toutes mes dents)
✿ comment as-tu découvert le forum ☛ Par PRD
✿ le code du règlement ? ☛ Shut up and let me go
✿ un dernier mot ? ☛ Oh yeah !