Time heals griefs and quarrels, for we change and are no longer the same persons.

Je n’ai pas toujours été aussi altruiste et généreuse. En réalité, fut un temps, j’étais le prototype de la parfaite fille populaire détestable et méprisable. Mon père, afin de m’élever seul, cumulait plusieurs emplois et n’était que très rarement à la maison. Mon grand frère, de quatre ans mon ainé, découchait la plupart du temps pour aller chez ses amis ou conquêtes. J’ai donc, très rapidement, du apprendre à me prendre moi-même en main. Malheureusement, l’absence de discipline avait eut le temps de corrompre mon âme et, très vite, j’étais devenue la collégienne très cool qui avait souvent la maison pour elle toute seule. Quand on est jeune, avoir une grande maison vide, rimait très souvent avec fête et débauche en tout genre. J’étais très réputée à l’école pour toutes mes soirées déjantées. Mais, un jour, tout bascula… Parfois, il suffit d’un drame pour se rendre compte à quel point la vie est fragile et précieuse. Ce drame fut la maladie de mon père. Malgré ses nombreuses absences pour subvenir à mes besoins, nous étions très proches. Alors, lorsqu’un soir, autour d’un plat de raviolis tièdes, il m’apprit qu’il était mourant, je fus totalement désemparée. Mon père n’avait pas le droit de mourir… Ce n’était pas possible ! J’avais 15 ans et j’avais besoin de lui ! L’espace de quelques secondes, je pensais à une punition de Dieu à cause de mon comportement irresponsable. Heureusement pour ma culpabilité, je n’étais pas croyante… Le karma peut-être… Le fait est que mon père avait une maladie incurable qui risquait de l’emporter aussi bien dans quelques jours que dans quelques dizaines d’années. Comment étais-je sensée prendre la chose ? Mon père était la seule figure parentale que j’avais eu. Ma mère, une alcoolique notoire, nous avait abandonné quelques mois seulement après ma naissance. Il n’y avait que moi, mon père et Nick - mon grand frère. Oh mon dieu ! Nick ! Il avait déjà perdu sa mère à l’âge de quatre ans, et maintenant voilà que c’était son père qui allait disparaitre… Malgré notre aspect assez dysfonctionnel et le fait que nous vivions chacun notre vie de notre côté, Nick, mon père et moi étions très proche émotionnellement parlant. Cette nouvelle allait l’anéantir au moins autant qu’elle m’avait anéanti… Mais le pire était encore à venir.


Mon passage au lycée validé, il ne me restait plus qu’à savourer des vacances amplement méritée en compagnie de mon frère et mon père. Depuis qu’il nous avait annoncé sa maladie quelques mois auparavant, nous avions tout fait pour retrouver une vie un peu plus orthodoxe. Nick ne découchait plus et mon père avait réduit ses heures pour profiter de sa famille. Mon budget chaussure en avait pris un coup évidemment, mais ça en valait largement la peine. Avoir une famille qui vous attend lorsque vous rentrez des cours était un bonheur inestimable. Nos vacances avaient été planifiées en grande pompe. Inutile de se serrer la ceinture, avait déclaré mon père plein d’enthousiasme. C’est ainsi que la famille Lancaster élit domicile en Australie pour tout l’été… Ou du moins c’est ce qu’on croyait jusqu’à ce que les vacances soient écourtés. C’était un samedi après midi, le soleil brillait et Nick et moi avions décidé d’aller à la plage pendant que notre père se reposait à l’hôtel. Plus tard, sentant l’air frais commencer à me chatouiller les épaules, j’avais harcelé Nick pour qu’on rentre. Il avait fini par céder et nous étions donc retourner à l’hôtel. « Papa ! On est rentré ! Ma chieuse de sœur étant trop frileuse pour supporter le grand air ! » J’avais alors donner un coup de coude dans les côtes de mon frère. « Oh c’est bon ! Ta gueule Nick ! » Alors que je m’étais précipitée vers mon gilet qui se trouvait dans ma chambre, Nick avait été s’enquérir de l’était de mon père. C’est alors que j’avais entendu un bruit de verre brisé. Intriguée, je m’étais dirigée, pleine d’entrain, dans la chambre de mon père. « C’est pas vrai que Nick est encore en train de tout casser ! » En voyant mon frère parfaitement immobile face au lit de mon père, un frisson m’avais parcourut l’échine. Je fixais avec frayeur le lit, comprenant très exactement pourquoi mon frère avait laissé tombé son verre sur le sol. « Non… Non… Non ! » J’avais tenté de m’approcher du lit dans le but de secouer mon père pour le réveiller mais mon frère m’en avait empêché, m’attrapant par les hanches pour me sortir de la chambre tandis que les larmes avaient assailli mon visage. J’hurlais mon chagrin, n’arrivant pas à empêcher les larmes de couler alors que mon frère tentait, vainement, de me calmer…


Les funérailles de mon père avaient été le plus difficile. D’ailleurs, malgré toute mon énergie, je n’avais pas réussi à garder mon sang froid. Et pour cause ! Tous ces étrangers qui venait me présenter leurs condoléances et dire du bien de mon père qu’ils connaissaient à peine me rendait malade. Quand une vieille s’approcha de moi en me caressant la joue comme à un chien blessé, je perdis tout contrôle. D’un geste vif, je repoussais sa main, la bousculant au passage et me mettant à hurler. « Bande d’hypocrites ! Fermez vos gueules ! Arrêtez de faire la putain d’éloge de mon père alors que vous le connaissiez à peine ! Je n’ai pas besoin de vous pour savoir que mon père était un homme formidable et qu’il est plus là ! Alors vos gueules ! » A peine avais-je fini mon petit discours improvisé que les gens commençaient à murmurer. Ils étaient surement en train de débattre sur la manière dont je venais de péter les plombs et en quoi cela était significatif de mon deuil. C’en était trop ! Après avoir fusillé la foule du regard, je m’étais empressée de quitter le cimetière en courant. Mon refuge ? La cabane dans le grand arbre derrière notre maison. C’était mon père qui nous avait construit cette cabane à moi et à Nick quand nous étions encore gosse. Si on oubliait les quelques toiles d’araignée, elle était intacte. Une dizaine de minutes plus tard, je fus rejointe par mon frère. « Je savais que tu serais là sœurette ! Tu es trop prévisible… » Mes yeux humides se posèrent dans ceux de mon frère. « Fiche moi la paix Nick ! » Il entra dans la cabane et s’installa derrière moi afin de me prendre dans ses bras. « Il est hors de question que je te fasse ce plaisir… » Ma mauvaise humeur pris le pas sur le reste et, me voulant vexante, je répondis sans tact : « Pourquoi ? Papa est mort, tu n’as plus à faire semblant d’être là maintenant ! Retourne à tes conquêtes et fous moi la paix ! » Je me dégageais de son étreinte mais il me rattrapa par le bras, ses yeux s’humidifiant au passage. « Retire ce que tu viens de dire ! Ne comprends donc tu pas ? Es-tu si bornée que ça ? C’est toi et moi maintenant… Tu es ma dernière famille et je suis le seul capable de prendre soin de toi. Si tu me rejettes tu finiras en foyer ! Il n’y a plus que nous deux, Kahlan. Tu n’as pas le droit de me rejeter… » N’ayant plus la force de le repousser je le laissais m’étreindre, me laissant complètement aller dans ses bras. « Il me manque tellement… » Il déposa un baiser sur mon front et se contenta de répondre : « Je sais, à moi aussi. »

Depuis ce jour là, les relations entre Nick et moi s’étaient arrangés d’elles mêmes. Il avait eu ma garde et notre complicité n’avait fait qu’accroitre. Un hommage que nous rendions à notre père. Il aurait été fier de nous voir si proche et si uni.

When I saw you I fell in love, and you smiled because you knew...

« Corédlia Lancaster ? » Un soupir m’échappa. Chaque année c’était le même problème… Mes profs m’appelaient par mon nom officiel, celui qui apparaissait sur mon certificat de naissance : Cordélia Lancaster. Depuis que j’étais bébé, mon père, mon frère et tous mes proches ne m’avaient jamais appelé ainsi. C’est pourquoi, à mon tout premier jour à l’école, j’avais été étonnée que l’on m’appelle ainsi. Mon père m’avait alors expliqué, que, à ma naissance, ma mère avait tenu à me donner le prénom de sa mère décédée : Cordélia. Mon père avait toujours eu horreur de ce prénom mais il avait cédé en comprenant que c’était important pour ma génitrice. Mais, lorsque cette dernière nous avait abandonné alors que je n’avais que deux mois, mon père n’avait plus supporté l’idée de m’appeler ainsi alors il avait décidé que, dorénavant, personne ne m’appellerait Cordélia mais que je prendrais mon second prénom en usage : Kahlan. « Corédlia Lancaster ? » répéta le professeur de mathématiques que je trouvais déjà antipathique. « C’est Kahlan Lancaster. » L’informais-je en levant la main pour qu’il me visualise. « Sur mes listes il est écrit Cordélia. » Je soupirais… En voilà un qui était bien borné ! « Cordélia est mon premier prénom mais mon prénom d’usage est Kahlan. » Alors qu’il me cochait présente, je l’entendis marmoner dans ses dents : « Encore une qui ne fait rien comme tout le monde ! » Mon impulsivité légendaire aurait du me pousser à répondre, mais, j’avais promis à mon frère de me tenir à carreaux et de traverser l’étape du lycée la tête haute avec des résultats m’ouvrant les portes de n’importe quel fac. Autant faire profil bas…

Une heure de chiffres et de « x » plus tard, j’eus l’impression que ma tête allait exploser. Depuis quand l’alphabet s’était immiscé dans les maths ? Je commençais déjà à regretter la mention « passage de justesse » sur mon bulletin. Peut être que redoubler n’aurait pas été si mal. Je crois que les profs avaient eu pitié à cause de la maladie de mon père. Ils avaient probablement pensé que me faire redoubler n’allait pas arranger mon cas et que ça me conduirait au suicide… Très intelligent ce système éducatif ! J’étais vraiment très tentée de laisser tomber, mais, je savais que ce n’est pas ce qu’aurait voulu mon père. Et puis, j’avais fait une promesse à mon frère… En traversant les couloirs, j’arrivais à un carrefour. Une des allées m’emmenait au gymnase pour les auditions de cheerleaders, l’autre me menait à la bibliothèque. J’avais beau avoir été capitaine des cheerleaders pendant mes belles années collège, l’envie n’y était plus. Je trouvais cela futile. Une perte de temps. Je m’engageais donc dans le couloir menant à la bibliothèque lorsqu’une fille m’interpella. « Kahlan, qu’est-ce que tu fous ? Le gymnase c’est par là ! Tu débloques, tu vas vers la bibliothèque là… » Je me tournais pour faire face à Shelby. Ah Shelby ! Ma meilleure amie… Du moins c’est ce que je croyais… Je n’avais pas eu de nouvelles d’elle de tout l’été, même pas après lui avoir envoyé un fairepart annonçant la mort de mon père. « Non je ne débloque pas, j’ai juste plus important à faire qu’agiter des pompons en épelant des noms d’équipe… » D’un air totalement dénué d’humanité, elle n’eut aucun mal à me demander : « Ah je vois… C’est un genre de choc post-machin… Genre comme ton père est mort tu te remets en question et tout ça… » Je la regardais totalement incrédule. Se rendait-elle compte seulement de ce qu’elle disait ? Comment avais-je pu être amie avec une fille comme ça ? Je secouais la tête et ne prenais même pas la peine de répondre, préférant lui tourner le dos. « Tu signes ton suicide social là ! » Je ne relevais pas et marchais directement vers la bibliothèque. Je n’avais pas de temps à perdre avec des gens comme ça.

La bibliothèque. Un lieu encore méconnu que je n’avais jamais osé exploré. Et pour cause ! C’était rempli de bouquins poussiéreux et de lycéens névrosés accrocs aux devoirs… Tout à fait le genre de chose que je fuyais. Mais, si je voulais rattraper mes lacunes, il fallait que je m’exerce. Je parcourus les rayons de manière totalement hasardeuse et trouvais enfin mon bonheur (enfin, bonheur c’est vite dit !) : des annales de maths. « Super ! C’est épais et plein de ’x’ » A peine eus-je fini ma phrase que de nombreux « chuuut » s’élevèrent dans le silence de la bibliothèque. Je levais les yeux au ciel… Ces intellos étaient vraiment très à cheval sur le silence ! Je soupirais et m’installais à une table ou se trouvait déjà un élève. Un brun qui avait surement le regard le plus captivant que je n’avais jamais vu. Pour un gars qui se trouvait ici, il était vraiment pas mal du tout. Non Kahlan ! Tu n’es pas là pour ça… De longues dizaines de minutes plongées sur le bouquin et je ne comprenais toujours rien. Dans un ultime geste de désespoir, je laissais ma tête tombée sur le livre en la faisant rebondir plusieurs fois… Un geste désespéré pour tenter de faire rentrer les connaissances dans ma tête. « Je doute que ça marche ainsi… » Ce chuchotement me fit relever la tête. L’élève au regard d’un bleu enivrant venait de m’adresser la parole. Au début, je m’étais retourné pour être sure qu’il ne parlait pas à quelqu’un d’autre, mais non, c’était bien moi son interlocutrice. Après quelques secondes d’observation, je reconnus le jeune homme. Nous avions déjà eu quelques cours ensemble. Je me souvenais qu’il avait toujours de bonnes notes. C’est d’ailleurs surement pour ça qu’on n’avait jamais vraiment pris le temps de discuter. « C’est juste que… toutes ces lettres mélangés à tous ces chiffres… C’est un peu trop bizarre ! » Un rire lui échappa et j’haussais les épaules. « Bah voyons, moque toi, tu as raison ! » Il leva les mains en l’air, désignant probablement son innocence. Je fronçais les sourcils et surenchérissait : « Si c’est si facile que tu sembles le croire, vas-y, explique moi ! » Après avoir affiché un sourire en coin, il prit ses affaires et se leva. « Je vois… Tu préfère la fuite. Tu capitules… » Je croisais les bras et m’enfonçais dans mon siège. « Non, pas vraiment… Je propose juste qu’on aille en salle de tutorat où la discussion est libre… Sauf si tu veux te faire attaquer par une bande d’élèves studieux armés de gros bouquins… » Je souris et rassemblais mes affaires. Intelligent et drôle ? N’était-ce pas incompatible ? Une fois dans le couloir, j’entreprise de me présenter : « Au fait moi c’est… » Il me coupa la parole, apparemment très au courant de qui j’étais. « Je sais Cordélia… Ah non, justement ! Pas Cordélia… » Était-ce moi qui devenait parano ou bien avait-il affiché un sourire moqueur… Apparemment mon petit bras de fer avec le prof de maths n‘était pas passé inaperçu. « Kahlan ! Je m’appelle Kahlan… Et toi c’est ? » Je le suivais à travers les couloirs, allant dans une direction que je n’avais jamais empruntée. « Liam. Alors ? Qu‘est-ce qui attire la capitaine des cheerleaders du côté obscur de la bibliothèque ? » J’haussais les épaules, répondant de manière évasive : « Disons que j’ai décidé de revoir mes priorités… Alors… Tu me le donnes ce cours de maths ? Si tu veux me faire payer, c’est pas un problème ! » Il me regarda droit dans les yeux, ne quittant pas son sourire. « J’ai une meilleure idée : si tu as une bonne note au premier test de maths, tu n’auras qu’à me payer à déjeuner… Ca marche ? » Il tendit sa main vers moi et avec un sourire entendu je lui serrais. « Ok, ça marche ! » On entra alors dans la salle de tutorat afin d’essayer de faire rentrer quelques notions de maths dans mon cerveau.


« Alors Lancaster, ce test ? » Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je rassemblais mes affaires. Une fois chose faite, je pris mon sac et me levais de ma place afin de me mettre à même hauteur que Liam. « Soit tu es un très bon prof, soit je suis une excellente élève. B+. Qu’est-ce que tu dis de ça ? » Un sourire illumina ses lèvres alors qu’il feignait d’applaudir. « Pas mal du tout ! Mais cela ne veut dire qu’une chose… Il me semble qu’une blondinette me doit un déjeuner ! » Comment oublier cette promesse que je lui avais faite ? D’autant plus qu’un déjeuner contre trois mois de cours, c’était vraiment donné ! Hochant la tête en signe d’approbation, je me dirigeais en sa compagnie dans le couloir afin de déposer mes affaires dans mon casier. Une fois que ce fut fait, je tronquais mon sac de cours contre mon sac à main et me tournais vers le beau brun. « Sache, mon cher, que j’honore toujours mes promesses. Tu veux manger où ? » Après avoir obtenu sa réponse, nous nous étions rendus en ville dans un petit restaurant qui ne payait pas de mine mais qui était très bon. A Lewis, vous pouvez oublier les restaurants cinq étoiles avait maitre d’hôtel et voiturier.

Alors que nous savourions un délicieux repas et que le serveur venait de nous apporter le dessert, Liam osa enfin poser une question qui devait surement lui brûler les lèvres depuis le début de notre collaboration. « Dis Kali… Qu’est-ce qui t’a poussé à te réinvestir autant dans les études ? D’après mes souvenirs du collège tu n’étais pas vraiment le genre de fille à t’intéresser aux maths et à l’idée d’obtenir de bonnes notes. » Je levais les yeux de mon assiette pour planter mon regard dans celui de Liam, un sourire en coin étirant mes lèvres. Un trimestre s’était écoulé depuis la première fois ou Liam et moi avions échangé quelques mots. Durant ces trois mois nous étions passés de simple connaissances à amis. Si j’avais toujours été l’ancienne moi, il y aurait eut fort à parier que j’aurais tenté de transformé cette amitié en quelque chose à connotation un peu plus sexuelle, mais, maintenant que j’avais changé, que j’étais devenue plus sage et que j’avais perdu tous mes soi-disant amis, je réalisais à quel point il était plus important de conserver une belle amitié. Car, entre Liam et moi, c’était ce lien qui s’était établi. Il était devenu un véritable confident, quelqu’un en qui j’avais toute confiance. Une personne sur qui je pouvais compter et qui pouvait compter sur moi. Voila ce que nous étions, Liam et moi. Des meilleurs amis. J’avais donc trouvé étonnant qu’il n’est pas osé me poser la question plus tôt. Peut être par respect pour moi, ou par pudeur. « Oui, tu veux dire : quand j’étais encore une trainée sans cœur c’est ça ? » Il eut l’air gêné mais, heureusement, mon rire lui fit comprendre que je prenais ça à la dérision. « T’en fais pas, ce n’est que la vérité… » Je prenais une nouvelle bouchée de mon cheese-cake avant de répondre à sa véritable question. « Disons que, pour faire médecine, avoir juste la moyenne en maths et autres matières scientifiques, ce n’est pas vraiment suffisant… » Ma réponse parut le surprendre. « J’ignorais que tu voulais faire médecine. » Un rire amer m’échappa. « C’est normal… Qui pourrait se douter que la petite délurée idiote de service a à cœur de faire médecine ? » Son sourire s’estompa pour laisser place à une expression plus sévère. « Arrête Kali… Tous les deux, on sait très bien que tu n’es pas une trainée idiote. En tout cas, tu ne l’es plus ! » Un petite rire moqueur se fit alors entendre et je pris un air faussement choqué. « Liam Cameron McLachlan ! Comment osez-vous dire ça ! » Une chance qu’on se soit trouver dans un restaurant et que le cheese-cake était mon dessert préféré, sinon je n’aurais pas hésité à lancer les hostilités et commencer une bataille de nourriture mémorable. Mais, malgré mon air amusé et ma bonne humeur infaillible, il y avait des moments ou je devais savoir me montrer sérieuse. « En fait, je n’ai pas toujours voulu faire médecine. Il n’y a pas encore si longtemps que ça, je pensais qu’une carrière de mannequin était une évidence. Je faisais partie de ces filles qui pensent qu’elles sont magnifiques et qu’elles resteront belles toute leur vie. Tu sais… Que seul le physique comptait… Et puis mon père a eu cette maladie. Les médecins étaient incapables de le soigner et ça m’a fait réfléchir… Peut être que finalement il y avait plus utile à faire dans la vie que mannequin… Soigner les gens, sauver des vies… Alors je me suis dit : pourquoi pas ? Et puis je sais que mon père aurait été fier de me voir faire médecine… » Je quittais le regard de Liam afin de fixer tristement le vide. « Je regrette juste de savoir qu’il nous a quitté sans pouvoir voir de quoi j’étais capable… Les seuls exploits que j’ai jamais réalisé de son vivant étaient la roue et les pyramides humaines… Super ! » Le jeune homme posa alors sa main sur la mienne, me forçant ainsi à m’interrompre dans mon récit. « T’en fais pas… Je suis sure que ton père savait exactement quelle fille extraordinaire tu es. » Un sourire sincère vint appuyer ses propos. Sourire que je lui retournais. C’était la première fois qu’on me faisait un compliment basé sur autre chose que mon physique. « Merci Liam. » Parce que c’était ça aussi Liam : le pouvoir de vous faire sentir exceptionnelle quand, en réalité, vous n’étiez qu’une banale lycéenne un peu paumée.


« Il parrait que Scott t’as invité au bal de printemps. » Je refermais la porte de mon casier et regardais, incrédule, Liam. « Bonjour, moi oui ça va, et toi ? » Je levais les yeux au ciel. Que me valait une attaque si matinale sur mes rencards ? « Tu vas dire oui ? » J’haussais les épaules. « Pourquoi pas… Il est sympa et il me fait rire. Je pense que ça pourrait être sympa. Mais pourquoi toutes ces questions alors qu’il est 8h23 du matin ? » S’il avait été un peu moins tôt, j’aurais probablement réussi à déceler la pointe de jalousie qui motivait les questions de Liam, mais, étant donné mon état de fatigue et mon manque cruel de perspicacité, je ne comprenais absolument pas ou il voulait en venir. Peut être parce que, entre nous, il avait toujours été clair que nous n’étions que des amis. Liam avait toujours semblé d’accord avec ce principe alors je ne voyais pas pourquoi c’était soudain si important pour lui de vérifier mes rencards. « Pour rien… C’est juste qu’on devait y aller ensemble pour se moquer des couples trop clichés et gnan, gnan… Mais c’est pas grave. Amuses-toi bien avec Scott. De toute façon je comptais annuler, j’ai des révisions à faire… On se voit plus tard. » Sans que je puisse caser un seul mot, Liam disparut à l’angle du couloir et la sonnerie retentit. Je me pinçais les lèvres, culpabilisant à cause de sa réaction. Quand j’avais accepté l’invitation de Scott, je n’avais pas pensé que ce serait si important pour Liam d’aller à ce bal avec moi. Je me sentais vraiment idiote maintenant. Je soupirais et, alors que le couloir s’était entièrement vidé, je daignais enfin rejoindre ma salle de cours, accusant, au passage, quelques reproches de mon professeur.

La pluie battante avait entièrement humidifié ma longue chevelure blonde. Le bas de ma robe, trainant légèrement sur le sol, était désormais dans un état indescriptible. Mes chaussures étant ouverte, mes pieds baignaient dans l’eau. Mais tout cela n’avait plus aucune importance. Je toquais trois coup à la porte d’une petite maison de Lewis, attendant, nerveusement que quelqu’un ouvre. Quel ne fut pas mon soulagement en voyant Liam apparaitre dans l’encadrement de la porte. J’avais craint un instant de tomber sur son oncle et sa tante, mais, une chance pour moi, c’était lui qui avait ouvert. Je ne voulais pas avoir à me justifier devant ses tuteurs. « Kali qu’est-ce qu’il se passe ? Tu es dans un de ces états… » Je retirais ma capuche, levant alors les yeux sur le beau brun qui se tenait au sec. Mon maquillage avait coulé, mais, il ne fallait pas être devin pour comprendre que ce n’était pas du à la pluie. « Vient te mettre au sec. » Il me tendit la main et je me réfugiais à l’intérieur, ôtant mes chaussures et laissant mon manteau dans l’entrée pour éviter de mettre de l’eau partout. Telle une princesse, je levais ma robe en satin mauve et suivais Liam dans la cuisine. Le salon était éteint ce qui me laissait supposer que son oncle et sa tante était déjà couché. « Attends moi ici, je vais te chercher une serviette chaude. » J’hochais doucement la tête sans osé dire un mot. Je restais stoïque dans la pénombre de la cuisine. Debout, le regard vide, n’osant pas bouger. Je me demandais encore comment j’avais fait pour arriver jusqu’ici. Surement était-ce un réflexe instinctif. Quelques minutes plus tard, je sentis une serviette chaude se poser sur mes épaules. « Je l’ai passé au sèche linge en mode rapide pour qu’elle soit tiède. » D’un simple geste de la tête je le remerciais. « Si tu veux tu n’as qu’à monter dans ma chambre, prendre des vêtements secs. Je m’occupe de te faire un chocolat chaud. D’accord ? » Il avait posé ses mains sur mes épaules, comme pour essayer de me faire réagir. D’une voix timide j’avais simplement répondu : « D’accord. » Sans autre formalité, je me dirigeais vers sa chambre à l’étage. C’était une pièce que je connaissais par cœur tant j’y avais passé du temps. Et pourtant, malgré toute la connotation que pouvait avoir une chambre à coucher, il ne s’y était jamais rien passé. Faisant comme chez moi, j’ouvris l’armoire de Liam pour en sortir, sans la moindre gêne, un boxer et un tee-shirt. Je retirais ma robe et enfilais les vêtements que j’avais sélectionnés. C’est alors que j’entendis un raclement de gorge. Je me tournais pour faire face à Liam. Depuis combien de temps était-il là ? Qu’avait-il vu ? Apparemment, vu son air gêné et son regard fuyant, il en avait vu suffisamment mais je ne m’en formalisais pas. Après quelques secondes de silence, je me mis à pleurer sans aucun préavis. « Pourquoi tout le monde se sert de moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça… Pourquoi je… » et la suite fut inaudible à cause des sanglots. C’est pourquoi Liam posa la tasse de chocolat chaud sur la table de nuit pour me prendre dans ses bras. Il savait y faire pour me remonter le moral quand celui-ci était au plus bas. Souvent, il n’avait même pas besoin de mots. Un simple geste suffisait, comme ce baiser qu’il déposa sur mon front avant de me guider vers son lit pour que j’y prenne place. Il prit soin de me mettre la couette sur moi afin que je puisse me réchauffer, la pluie me faisant encore grelotter. Après de longues minutes de sanglot dans ses bras, il osa enfin poser la question inévitable. « Que c’est-il passé ? » Entre deux crises de sanglots, je me contentais d’un seul mot : « Scott… » Liam était loin d’être stupide, et la relation qui nous unissait était si fusionnelle qu’il savait très exactement ce qui aurait pu me rendre dans un tel étant, sans pour autant que je ne doive lui expliquer. Mais, par politesse et parce que je lui devais bien ça, je trouvais la force pour lui raconter ce super bal de printemps qui me laissait un arrière gout amer. « Il avait bu et il a commencé à vouloir m’emmener sur le siège arrière de sa voiture mais j’ai dis non alors… » Mon discours était saccadé de sanglots. « Alors il…. Il m’a planté là et… Puis Shelby elle a…. Et ils ont commencé à s’embrasser et s’est aller encore plus loin… Et je pensais qu’il tenait à moi… Je pensais que c’était le bon… Et je…. » Couvrant ma bouche de son index, Liam m’incita à m’arrêter là. « Chut… Si ce crétin n’a pas su voir quelle fille géniale tu étais, c’est tant pis pour lui ! Tu n’as pas besoin de ce genre de mec dans ta vie, Kahlan. Ce qu’il te faut c’est quelqu’un qui te respecte, qui tient à toi et qui ne te feras jamais souffrir. Quelqu’un en qui tu peux avoir confiance. Quelqu’un qui sera toujours là pour toi à travers les épreuves… Quelqu’un qui sait lire en toi. Quelqu’un qui n’a pas besoin que tu lui dises ce que tu ressens pour le comprends. Ce qu’il te faut c’est quelqu’un qui comprendra la chance qu’il a d’être avec une fille aussi exceptionnelle que toi Kahlan Lancaster. » Je relevais les yeux vers Liam et fronçais les sourcils. « Quelqu’un qui me préparera du chocolat chaud quand je débarquerais en pleurs chez lui, c’est ça ? » Je me redressais afin de pouvoir faire face à Liam. Son visage laissa place à une immense anxiété, ne sachant probablement plus quoi dire ou faire. Après un long moment de mutisme, il se décida enfin à reprendre la parole. « Et pourquoi pas ?! » on ton avait monté d’un cran comme si nous étions en train de nous engueuler. Peut-être était-ce le cas… Je ne savais plus vraiment sur quel pied danser. Je me levais donc du lit et croisais les bras, suivi de près par le beau brun. « Arrête ! Fait pas comme si tu ne l’avais pas vu venir ! » Je secouais la tête, haussant à mon tour le ton. « Pourtant c’est toi qui a dit qu’on était de supers amis ! Je croyais que ça t’allait bien cette histoire ! » Il haussa les épaules. « Je le croyais aussi mais faut croire que les choses changent ! Mais Kali ouvre les yeux un peu ! Tu te rends compte que ça fait déjà plus d’un an que tu as mis les pieds dans cette bibliothèque en quête désespérée de comprendre les maths ! Un an et quelques mois et tu vas me faire croire que jamais cette idée t’a traversé l’esprit ! » Emotive et à fleur de peau, je laissais mes pulsions parler à ma place, haussant le ton un peu plus : « Non ! Peut être… J’en sais rien ! On est ami Liam ! » Il secoua la tête. « Oh arrête un peu de te foutre de moi ! On n’est pas amis et tu le sais au fond de toi ! Je peux pas être le seul à m’en être rendu compte, c’est pas possible. La vérité c’est que tu as peur de laisser quelqu’un entrer dans ta vie alors tu te fous des œillères. ’On est amis !’ Mon œil ouai ! On n’est pas amis, on a juste trop peur d’admettre réellement ce que l’on est. Ce que l’on représente l’un pour l’autre, mais c’est fini j’ai plus peur. » Je reculais d’un pas. « Arrête de parler pour moi tu veux ! Qui te dis que je ressens la même chose ? » Il me regarda, l’air totalement incrédule. « Parce que je te connais Kahlan ! Je n’ai pas besoin que tu me le dises pour comprendre ! Tu le sais, ça a toujours été ainsi entre nous… Et puis regarde toi ! L’espace de quelques secondes, prends le temps de te regarder dans le miroir… » Je me tournais vers le miroir de la porte de son armoire, ne comprenant pas très bien où il voulait en venir. « Et bah quoi ? » Il soupira, comme s’il était découragé. « Regarde un peu ce que tu portes : mon tee-shirt ! Mon boxer ?! Sérieusement, Kahlan ? Mon boxer ? T’as rien trouvé de moins intime à te foutre sur toi ? » Mon ton était descendu d’un cran alors que je commençais à bafouiller. « Je… Bah… J’en sais rien… J’ai pris ce qui venait… » Il s’approcha à nouveau de moi. « Poses-toi cette question : l’aurais-tu fait avec quelqu’un d’autre ? » Je niais une fois de plus l’évidence : « Arrête, ça prouve rien ! On est proche, on est amis ! C’est ce que les amis font… » Il eut un rire moqueur « C’est la meilleure… Non Kahlan ! Les amis ne font pas ça, les amants après une nuit torride oui, les personnes follement éprises d’une autre, aussi ou éventuellement les psychopathes un peu dérangés, mais pas les amis ! Franchement, tu ferais ça avec ton frère ? » Mon visage se déforma en une mimique de dégout. « Bien sur que non, c‘est ridicule… » Il posa à nouveau ses mains sur mes épaules et me força à lui faire face. « Alors arrête un peu de te mentir pour te protéger ! Assume. Je sais que c’est terrifiant, crois-moi je suis passé par là ! Toutes ces fois ou je te voyais et où je me disais qu’on serait si bien ensemble… Chaque fois je m’obligeais à chasser ses pensées ne comprenant pas d’où elle venait, puis un jour, il faut arrêter de nier l’évidence. Toi et moi, Kahlan, c’est une évidence. Et, si tu ne me crois pas, ceci t’aidera surement à le comprendre… » Et, sans que je ne puisse former la moindre objection, Liam déposa ses lèvres sur les miennes, glissant sa main dans mes cheveux encore humide et me volant le plus mémorable des baisers que j’aie jamais eu…


« Salut sœurette ! » Je levais les yeux de mon écran d’ordinateur afin d’observer mon grand frère qui se trouvait dans l’encadrement de la porte de ma chambre. Il était rare qu’il vienne me déranger quand j’étais en train de travailler. C’était surement important. Je me reculais au fond de mon fauteuil et croisais les bras. « Qu’est-ce qui t’amène dans le côté obscur de la maison, frangin ? » Il fit quelques pas pour observer mon écran. « Tu travailles ? Je peux revenir plus tard… » Je rattrapais son bras afin de l’empêcher de quitter la pièce, en profitant également pour me lever. « Non, ne t’en fais pas, ce n’est rien de très important. Ça peut attendre. Qu’est-ce qu’il y a ? » Je pris place sur mon lit et l’invita à faire de même. Il se plaça alors face à moi, prenant mes mains dans les siennes. Je lui fis un doux sourire. Depuis le décès de notre père, nous étions devenus vraiment très proches. On partageait tout de A à Z. Je n’avais aucun secret pour lui et, j’osais croire que la réciproque était vrai. Ce que je regrettais seulement, c’est qu’on ait du attendre qu’une tragédie nous frappe pour qu’on se rende compte de l’importance de la famille et qu’on gagne en maturité. « On a traversé beaucoup de chose ensemble. Juste toi et moi. Ces trois dernières années n’ont pas toujours été faciles sans papa, mais on y a survécu… » Je resserrais mes mains autour des siennes, n’aimant pas la tournure que prenait la discussion. « Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es malade c’est ça ? » Il secoua la tête vivement. « Non, non ! Bien sur que non ! » Un soupire de soulagement m’échappa. « Espèce d’idiot ! Tu m’as fait peur. Tu sais bien qu’être trop sérieux comme ça, ça me fait flipper ! » Un sourire étira ses lèvres puis il reprit son petit discours. « J’ai demandé à Amber de m’épouser et elle a dit oui. » En une fraction de secondes, toute l’inquiétude s’effaça de mon visage pour laisser uniquement place à une expression de pure bonheur. Emotive et fleur bleue comme j’étais, je laissais même les larmes de joie encombrer mes yeux. « Oh mon dieu, Nick ! C’est génial ! Aaaaaah !!! » Je le pris dans mes bras, l’étreignant si fort que le pauvre devait avoir du mal à respirer. Amber était une fille géniale et le fait que mon frère se décide enfin à mener une vie stable et normale était le plus beau cadeau qu’il pouvait me faire. Le savoir heureux était ce qui comptait le plus pour moi. Mais, étrangement, il ne semblait pas aussi emballé que moi. « Ce n’est pas tout… » Il fit un temps d’arrêt afin que je retrouve mon sérieux et que je calme mon trop plein d’énergie. « Elle a trouvé un boulot où elle a toujours rêvé d’aller…. A new York. » Mon regard ne quitta pas celui de Nick alors que mon sourire s’estompa, comprenant doucement où il voulait en venir. « Son père veut bien me donner une place dans son cabinet d’avocats à New-York… C’est un poste en or. Couverture sociale, bon salaire, horaire décent et dans la même ville que ma fiancé… » Je l’interrompis en levant ma main pour lui faire signe de se taire. « Tu dois y aller. » Son regard était emplis d’une grande confusion, hésitant entre joie et tristesse. « Et t’abandonner ? » Je me rapprochais de Nick, plaçant mes mains sur ses joues pour capter son attention. « Ecoute moi espèce d’idiot : c’est la chance de ta vie et Amber, c’est la femme de ta vie. Tu n’as même pas besoin d’y réfléchir… Tu l’as dit toi-même : on a surmonter plein d’emmerdes ensemble, alors tu mérites d’être heureux. On peut survivre à la distance. Tu sais avec les moyens actuels on pourrait même se voir tous les jours ! Un PC, un accès à internet et l’affaire est réglée ! » Il secoua légèrement la tête. « Mais je t‘ai promis que je serais toujours là pour toi, que tu pouvais compter sur moi… Quel genre de frère serais-je si je partais ? » J’arquais un sourcil. Il ne pouvait pas être sérieux… Son argument était tellement grotesque qu’il m’arracha un rire moqueur. « Je ne suis plus une gamine Nick. Dans trois mois, j’obtiendrais mon diplôme et préparerais mes valises pour la fac de médecine de Dallas. Liam et moi partons ensemble pour au moins les sept prochaines années à venir. Ce serait idiot que tu restes ici alors que je serais même pas là. On en a fait du chemin en trois ans. On a grandi, on est devenu plus mature et maintenant, il est l’heure pour nous de mettre un frein à notre co-dépendance et de construire nos propres vies. Tu mérites d’avoir une famille et une vie à toi. Alors arrête de me surprotéger et pense un peu à ton propre bien. » Un sourire des plus sincère s’afficha sur mes lèvres et il acquiesça. « Tu as raison… Et puis, qui sait, dans quelques années, ce sera peut être toi qui m’annoncera ton mariage avec Liam. » Je me pinçais la lèvre en souriant. « La ferme ! » Un rire s’échappa de sa bouche. « T’es incroyable mini Lancaster… Une vraie fleur bleus pour les autres, mais, pour toi t’essaye de te la jouer dure qui crois pas au mariage. Tu es au courant que tu trompes personnes ? Ça crève les yeux… Toi et Liam vous êtes faits l’un pour l’autre et j’exige de te donner le bras pour t’accompagner à l’autel ! » J’éclatais de rire. « Comme si tu avais besoin d’exiger… Mais qui sait, tu as peut être raison… Peut être qu’un jour Liam me fera la même demande que tu as faite à Amber. Mais pas tout de suite… On est encore jeune nous ! On a le temps devant nous, pas comme certains ! » Je lui tirais la langue et, en adultes responsables que nous étions, on s’engagea dans une bataille de chatouilles et d’oreillers mémorable.

How could I feel so much pain, and yet be so in love with the person causing it.

Cette soirée là, je ne suis pas prête de l’oublier. Chaque détail est encré dans ma mémoire, comme un souvenir indélébile que même une lobotomie ne saurait supprimer. Je me revois encore faire un peu de rangement dans le studio que je partageais avec Liam. A l’époque, nous étions en dernière année de médecine, à quelques semaines seulement de nos examens finaux. Ce soir là, alors qu’il devait être dix-huit heure, Liam avait du s’absenter pour participer à un cours optionnel. Ah Liam ! Jamais rassasié des études. Après avoir déposé un baiser sur mes lèvres, il avait claqué la porte et j’en avais profité pour faire retrouver à notre studio un côté décent. Mais c’était sans compter un visiteur inattendu. Un visiteur à qui je n’aurais jamais du ouvrir. La sonnerie de la porte ayant retentie, j’avais ouvert, tombant nez à nez avec un homme que je ne connaissais pas. « Bonsoir, je peux vous aider ? » Notre studio étant placé dans un complexe réservé aux étudiants, il était fréquent que des personnes extérieures à la fac s’y perde et atterrissent chez les voisins des personnes qu’ils recherchaient. « Je cherche Liam, on m’a dit que je le trouverais ici. » Je jetais un œil à l’individu, j’avais beau ne pas faire d’études de profilage, il n’en demeurait pas moins vrai que cet homme avait surement du faire de la prison. Comment je pouvais le savoir ? Les tatouages qui s’accumulaient sur ses bras et probablement sur le reste de son corps qui était couvert par ses vêtements. De nature méfiante, je fronçais alors les sourcils. Qu’est-ce que ce type pouvait bien vouloir à Liam ? « Il est en cours… Je peux prendre un message ? » Un sourire se dessina sur les lèvres de l’inconnu. « Vous êtes sa copine ? » Je croisais les bras, trouvant cet homme un peu trop zélé. « Oui mais je vois pas en quoi cela vous concerne. » Toujours sur le pas de la porte, j’étais bien résolue à laisser cet individu fort peu recommandable dehors. « Je reconnais bien là mon cousin… Il a toujours eu bon gout. » En l’espace de quelques secondes, le cousin de Liam pu apercevoir mon visage se décomposer. Liam m’avait longuement parlé de lui. Le fils de son oncle, la déception de la famille dans laquelle Liam avait grandi… Il avait fini par élire domicile en prison lorsqu’il avait atteint l’âge de pouvoir y aller. « Ecoutez… Liam n’est pas là. Revenez plus tard… » Je poussais alors la porte pour m’enfermer dans notre studio, mais, le jeune homme la bloqua à l’aide de son pied. Bien plus grand et plus fort que moi il n’eut aucun mal à repousser la porte, et moi avec. En moins de temps qu’il ne me fallut pour comprendre, je me retrouvais assise sur le sol. Avec la force par laquelle il avait repoussé la porte, je m’étais laissé emportée, laissant ainsi l’occasion à ce fameux cousin de rentrer chez moi. Alors qu’il refermait la porte un nouveau sourire s’afficha sur ses lèvres. « Tu vois… Le problème avec Liam c’est qu’il a eut la mauvaise idée de me prendre ma vie, mes parents et tout ce que j’avais…. Maintenant, j’aimerais lui faire comprendre à quel point c’était impoli en lui prenant quelque chose qui lui appartient… » Il se pencha sur moi et m’effleura la joue. Je reculais instinctivement. « Allez au diable ! Je sais pertinemment que c'est faux ! Qu'importe s'il se comportait bien vos parents ne l'ont jamais traité comme il l'aurait mérité. Ils ne juraient que par vous. Alors, si l'un de vous deux a volé la vie de l'autre, c'est vous et surement pas Liam ! » Après cet élan de cran et bravoure, je parvins à me relever et me mis à courir au travers de l’appartement pour aller me réfugier dans la salle de bain. Malheureusement, en cours de route, j’heurtais la table basse, perdant la courte avance que j’avais pris sur le cousin de Liam qui me rattrapa en agrippant mes cheveux. Apparemment, c'est vrai ce que l'on dit : il n'y a que la vérité qui blesse. « C'est faux ! » Il hurlait et était hors de lui. J’essayais de me débattre mais il tirait un peu plus sur mes cheveux, faisant basculer ma tête en arrière alors qu’il s’imprégnait de mon parfum. « Tu sens très bon… C’est un vrai bonheur de tomber sur une si jolie plante quand on vient d’où on vient. » Je m’agitais un peu plus, en criant pour que les voisin m’entende mais il plaqua sa main sur ma bouche et me poussa dans la salle de bain. Il avait tant de force qu’il me maniait comme une poupée de chiffon. Ma tête heurta la baignoire, m’assommant pendant quelques minutes. J’étais consciente de ce qui m’arrivait mais ne trouvait pas la force d’agir. L’une de ses main avait saisi ma gorge, serrant si fort que j’avais l’impression que l’air n’arrivait plus dans mes poumons. Je sentis son autre main libre arracher mes vêtements et les siens puis le floue total. Cette partie de l’histoire a surement été refoulée dans un coin de mon inconscient. La chose suivante dont je me souvenais c’était de me réveiller sur le carrelage de la salle de bain, une simple serviette me recouvrant. Il ne me fallut que quelques minutes pour comprendre ce qui avait bien pu se passer et une larme glissa le long de ma joue alors que je m’emmitouflais dans un peignoir comme si je cherchais à me proposer. Lorsque j’entendis la porte d’entrée s’ouvrir, j’étais presque sure qu’il s’agissait de mon agresseur qui revenait réclamer la suite. Ce n’était pas le cas, heureusement. Liam apparut, tout sourire, dans l’encadrement de la porte mais son sourire disparut lorsqu’il vit dans quel état je me trouvais. « Kahlan ? Kahlan qu‘est-ce qui s‘est passé ? » Je levais les yeux vers lui mais les baissait immédiatement, n’osant pas affronter son regard tant je me sentais honteuse.


Je n’avais eu aucune nouvelle de Liam de toute la soirée. Lorsque j’avais enfin retrouvé la parole et assimilé ce qu’il m’était arrivé, j’avais du l’expliquer à Liam. J’aurais pensé qu’il se serait énervé, qu’il aurait tout mis sans dessus dessous, mais, au lieu de ça, il avait garder un calme froid et impassible. Il m’avait aidé à prendre une douche. Il avait soigné les quelques plaies qui se trouvaient ci et là sur mon corps, puis, après m’avoir mise au lit, il avait attrapé sa veste et était sorti. Sans un mot, sans un regard. J’ignorais où il était allé. Comment pouvait-il me laisser seul dans un moment pareil ? Les larmes inondaient mon visage alors que des flashs de la soirée me revenaient en tête tel les vestiges d’un cauchemar dont on ne parvient pas à se débarrasser. Chaque bruit me faisait sursauter. Les branches qui cognaient contre la vitre de notre chambre, le grésillement du frigo, les voisins… J’avais l’impression que le cousin de Liam allait resurgir à n’importe quel moment. Je me recroquevillais sur moi-même, plaquant mes mains contre mes oreilles pour camoufler les bruits. Puis, finalement, ce fut la porte d’entrée qui claqua. En entendant ce bruit, je me levais d’un bond du lit, attrapant un couteau que j’avais posé sur la table de nuit. Si c’était lui, s’il revenait pour le second round, je ne le laisserais pas faire. Une main tremblante brandissant le couteau, j’avançais prudemment jusqu’au salon, les larmes coulant toujours sur mon visage. J’étais peut être animée d’un élan de courage, mais la peur était toujours tapie en moi, rongeant mes entrailles. Toutes les pièces étaient éclairées. Restée seule était déjà insupportable, alors restée dans le noir était à exclure. « Qui est là ? » Alors que j’atteignais le salon, j’aperçus la silhouette de Liam et un soupire de soulagement m’échappa alors que je laissais mon bras retomber le long de mon corps. « Liam… Où étais-tu ? Pourquoi tu m’as laissé toute seule ? » Ma voix trahissait un mélange de reproches et d’angoisse. Quelque chose ne tournait pas rond. Liam n’aurait jamais pu me laisser seule après ce que j’avais vécu ce soir… Alors que je m’approchais de lui, il sortit une bouteille de bourbon qu’il commença à boire sans prendre la peine de prendre un verre. C’est lorsqu’il leva le bras que j’aperçus une tâche de sang sur sa manche. Je me mis alors à baffouiller, confuse et en état de choc. « Qu’est-ce que…. Qu’as-tu… Où étais-tu ? Qu’est-ce que tu as fait ? » Je m’approchais pour tenter de renouer le contact en attrapant sa main, mais il me fit lâcher prise. « J’ai fait ce que j’avais à faire ! » Inutile d’être medium pour comprendre qu’il avait surement du passer à tabac son cousin. Je n’allais pas lui faire la morale, ce pervers violeur ne l’avait pas volé. « Tu devrais aller te coucher ! » Son ton était ferme et autoritaire. C’était une facette de sa personnalité que je n’avais encore jamais connu. Sans un mot, j’hochais la tête et retournais dans la chambre. Sous les draps, je sentais mes membres trembler de terreur. Mon regard fixait le radio réveil et j’étais incapable de trouver le sommeil. Liam ne m’avait pas rejointe de la nuit, probablement distant à cause des évènements de cette nuit. Peut être qu’il trouvait plus opportun de me laisser seule… A 8h27, la sonnette de l’appartement retentit. Qui pouvait débarquer à une heure pareille un samedi matin ? Je me levais, enfilant un peignoir au passage. Se pouvait-il que le cousin de Liam revienne réclamer vengeance ? Par précaution, je pris le téléphone, prête à composer le numéro de la police. Mais, en rejoignant le salon, je m’aperçus que la police était déjà là. Je fronçais les sourcils. C’est Liam qui les avait accueillit et je me contentais d’écouter leur conversation depuis la porte de la chambre. « Vous êtes bien Liam McLachlan ? » Je trouvais la présence de ces policiers étrange étant donné que je n’avais pas encore pris le temps de porter plainte pour mon agression de la veille. « C’est exact. Que se passe-t-il ? » L’un des policier posa alors une main amicale sur l’épaule de Liam avec un visage plein de compassion. « Je suis désolée, c’est au sujet de votre cousin… Il a été retrouvé mort dans une ruelle cette nuit. Surement les tristes conséquences d’un règlement de compte entre gangs… » Je n’en entendis pas plus puisque je me réfugiais alors dans la chambre, attrapant mon oreiller pour étouffer tous les sanglots qui m’échappaient. Les pièces du puzzle se mettaient doucement en place. Le comportement étrange de Liam, sa disparition pendant des heures, le sang sur sa manche… Liam avait tué son cousin… Et c’était ma faute. Je plaquais mes mains sur ma bouche me laissant glisser sur le sol en larmes. Quand la porte d’entrée claqua, je me précipitais au salon. « C’est pas un gang, n’est-ce pas ? C’est ce que tu faisais hier soir ? C’est toi qui as fait ça ? » Il m’attrapa fermement par les épaules, plantant son regard dans le mien. « Calme-toi. Je te l’ai dit. J’ai fait ce qu’il y avait à faire… Et, après ce qu’il t’a fait subir, tu ne devrais pas t’en étonner. Je ne peux pas laisser qui que ce soit croire qu’il peut t’agresser impunément. Tu comprends Kahlan ? Il devait payer pour ce qu’il a osé te faire subir ! Tu es tout pour moi, personne n’a le droit de te faire du mal… » Il glissa l’une de mes mèches derrière mon oreille avant de me serrer dans ses bras. Je me laissais faire mais le cœur n’y était pas. Quelque chose s’était brisé en Liam et je craignais de ne l’avoir perdu pour toujours…

UNDERCO'





✿ ton prénom ☛ call me mistress M. xD
✿ ton âge ☛ ( facultatif ) 21 ans
✿ comment as-tu découvert le forum ☛ PRD
✿ le code du règlement ? ☛ sut up and let me go !
✿ un dernier mot ? ☛ magnifique forum et design super classe je pense que je vais me plaire ici